Bulletin de liaison de l'Union des Marins de Lorraine (version web)
" Dans le sillage des Marins de Lorraine " Octobre 2008 - Sommaire
- Mot du Président
- Qui se rappelle de HOURTIN ? par Daniel THIRION
- La Prière du Marin
- Présentation du livre Se battre en Algérie de Patrick-Charles RENAUD
- Sous-marin Le Terrible Mise en service attendue en 2010
- Le sabordage de la Flotte
- "Souvenirs de Guerre" par Marcel LEGENDRE - Débarquements de Normandie et de Provence avec la Marine française
Lunion des Marins de Lorraine est une entité qui se développe. Chacun de vous, par sa présence, en toutes circonstances est à même den témoigner, car, il faut le remarquer, vous êtes les plus assidus aux commémorations de toutes sortes.
Après les nécessités administratives, notre Union est reconnue en Meurthe-et-Moselle, à tous les échelons de décisions civiles, militaires et associatives.
Nous devons maintenant prouver notre vitalité. Des regroupements locaux ont eu lieu en Moselle et dans les Vosges.
A la demande de la délégation marine de lAssociation PO, TOE, AFN, un regroupement avec lUML a clôturé lAssemblée Générale.
Une participation UML effective et importante a assisté aux cérémonies de clôture des PMM à STRASBOURG et SARRALBE (avec remise de prix, à STRASBOURG, au nom de lUML).
La présence UML a été remarquée aux cérémonies du Souvenir :
- du 5 février 2008, à VANDOEUVRE, pour lhommage au QM Bernard TRUY, mort pour la France en Algérie le 26 février 1958.
- du 8 mai 2008, à NEUVES-MAISONS, pour lhommage à Pierre BERGAMO, fusilier-marin du Commando François, mort pour la France à NINH-BINH (Indochine) le 29 mai 1951.
Pour le second semestre de 2008, les projets sont nombreux et importants :
- dimanche 7 septembre à RICHE pour commémorer la bataille de MORHANGE
- samedi 27 et dimanche 28 septembre ) HAUDAINVILLE (près de VERDUN) pour la commémoration de lArmistice Bulgare.
- samedi 4 octobre pour lAssemblée Générale de lUML organisée par les Membres dHAYANGE.
- samedi 11/dimanche 12 octobre. Cérémonies et activités à EPINAL.
A chacun dassurer selon ses moyens, pour regroupement et déplacement selon le bon principe MARINE.
Je compte sur vous et je serai toujours heureux de vous trouver à mes côtés en toutes circonstances.
Bernard OLIVIER
Qui se rappelle de HOURTIN ?Daniel THIRION vous rappelle ou vous raconte ses premiers pas dans la Marine (Texte et photos issus du fascicule remis à chaque apprentis matelot qui se présentait au Centre de Formation de la Marine à HOURTIN)
Nous étions jeunes et pour certains, cétait la première fois que nous quittions le cocon familial. Nous navions jamais entendu parler de ce patelin dénommé HOURTIN, mais pour lensemble des futurs marins que nous allions devenir, ce fut une base de lancement pour nos différentes carrières.
Pour ma part, je me rappelle quen tant quengagé, javais reçu mon bon de déplacement une quinzaine de jours avant la date fatidique qui devait mamener au départ de METZ, jusquà destination.
Jattendais la date du départ avec une certaine appréhension, car, à part quelques allers/retours PARIS/METZ, je nétais jamais parti seul aussi loin. Il faut rappeler que cette petite bourgade denviron 2000 âmes (dans les années 60) est située à 70 km de BORDEAUX, sur les bord du plus grand étang de France et pratiquement en bordure de lOcéan Atlantique :lEtang de Hourtin.
Après avoir traversé la France (via PARIS pour moi), nous étions attendu en Gare de BORDEAUX ou un GMC conduit par un officier marinier nous conduisit en moins dune heure dans le Centre de Formation Maritime de HOURTIN.
Tout de suite, nous étions pris en charge et dirigés dans une grande salle ou un petit exposé sur le Centre et ce que nous allions y faire nous fut donné par un Marin (nétant pas calé sur les grades et spécialités, jai su par la suite que cétait un QM 1ère classe fusilier).Nos bagages furent contrôlés et je me rappelle que quelques jeunes furent délestés de quelques bouteilles dalcool et de divers articles non appréciés comme couteaux, poignards et tout ce qui peut être un danger.
Nous fûmes amenés dans un grand hangar, qui avait servi, dans le passé, comme garage dhydravions (La base dHourtin avait été une des plus grandes bases dHydravions de France). Ce hangar était rempli de tables et de chaises et servait comme réfectoire à lensemble du personnel de la Base. Nous fûmes répartis dans lune des 10 compagnies de Formation (chaque compagnie était composée de 10 sections) et nos chambrées nous furent attribuées. Linstallation dans les chambrées fut très rapide. Les ordres criés par les responsables des sections fusaient de toute part, du fait que chaque chambrée comprenait en général 3 sections (90 apprentis) et chacun essayait de comprendre ce qui se disait. Cétait un peu la foire .Chaque chambrée disposait de lits superposés (3 étages, cest à dire 4 lits lun au dessus de lautre, le plus haut étant à un peu plus de 2,50 mètres)
Ce dernier était prisé par la plupart des jeunes recrues, ce qui amena quelques disputes. Les responsables des sections se montrèrent pour mettre de lordre et nous donner 10 minutes pour que tout soit réglé (attribution de la couche, du placard et rangement des affaires civiles qui nous avaient été laissées).
Les 10 minutes passées, pas une de plus, nous amenèrent à nous rassembler rapidement, en ordre et par section devant la chambrée. Bien entendu, certain des apprentis neurent pas le temps de tout ranger , aussi, nous eûmes droit pour une première fois, à une réprimande.
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Remise de l'habillement
Les 2/3 premiers jours dincorporation furent lobjet de plusieurs étapes, dont les formalités administratives, visite médicale, habillement, coiffeur, photo didentité.
Pas le temps de souffler, pour les jeunes apprentis que nous étions, surtout que le couvre-feu arrivait très vite et que certains traînaient dans la pénombre pour faire leur lit ou ranger leurs affaires à la lampe de poche, ce qui amenait des réflexions comme « fermez-la » , « éteignez vos loupiotes » ou « arrêtez votre b . » .
Aussi, il fallait se presser si nous voulions aller nous laver avant daller se coucher, surtout que les lavabos (et WC) étaient prévus pour plusieurs chambrées, quil fallait traverser pour aller prendre une douche ou satisfaire nos besoins.
De ce fait, les premiers jours, beaucoup (jai été parmi eux) se sont fait prendre par le temps et durent rejoindre leur couchette dans la pénombre (il y avait, malgré tout, des lampes de sécurité qui signalaient les portes à franchir.
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Visite médicale
Il y avait également la peur de traverser certaines chambrées, car quelques uns de ses locataires ne pensaient quà faire des farces plus ou moins correctes qui consistaient, la plupart du temps, à mettre à nu et à badigeonner de cirage les parties nobles des courageux solitaires qui saventuraient pour aller faire ce quils avaient à faire. Pour éviter dêtre de nouveau victimes de ces agissements, il avait été décidé de traverser ces chambrées à des heures bien précises et en nombre afin que nous nayons plus à subir les débordements prisés par certains des apprentis. Les responsables ayant été mis au courant des ces exactions, il ny eu plus de problèmes au bout de quelques jours et chacun pu être à lheure pour lextinction des feux.
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B, A, BA du marcher au pas
En attendant de commencer la formation militaire, nous passions un à un devant les médecins pour établir notre dossier santé, devant les psychologues afin de nous orienter aux divers emplois que pouvait nous offrir la Marine.
Au bout de quelques jours passés au CFM, nous étions convoqués par le Capitaine de Compagnie qui, pour certains, proposait une spécialité en fonction des aptitudes, des goûts, des desiderata de lapprenti marin et bien entendu des besoins de la Marine.
Pour dautres et jétais dans ce cas, nous avions fais un dossier dengagement dans lequel nous avions répondu en ce qui concerne la spécialité que nous sollicitions et le Capitaine de Compagnie vous expliquait les avantages et les inconvénients de votre choix.
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Bon il... bon tir ! ! !
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Une ! ! Deux ! ! Une ! ! Deux ! !
Au bout de 2/3 semaines, nous étions convoqués par une commission présidée par le Directeur de linstruction et le Capitaine de Compagnie qui devaient entériner le choix et laffectation des apprentis marins.
Mais avant de quitter ce centre, il fallait passer par la formation militaire. Cétait des sessions de formation théoriques et pratiques appelées partiels ou nous devions faire la connaissance avec la vie militaire et maritimes, ses usages, son personnel et son organisation On ny apprenait les règles de la vie militaire et ses obligations ainsi que lusage du matériel spécifique à la Marine : rappelez-vous les séances nautiques où nous ramions comme des galériens, aux ordres dun gabier qui forçait exagérément lallure de notre embarcation, afin de nous mettre à lépreuve
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"Présenter... Armes"
Nous marchions également beaucoup, pour nous apprendre à marcher au pas.
Combien de tours du Centre avons nous fait ?
En avant ! ! Marche ! ! A gauche ! ! Gauche ! ! A droite ! ! Droite ! ! Compagnie ! ! Halte ! ! Garde à vous ! ! Repos ! ! .
Quelques séances de tir nous ont permis de nous familiariser avec le vieux Mas 49 (je crois), fusil qui nous était prêté, lorsque nous étions de garde, que nous effectuions tous les trois jours.
La garde durait 2 heures, de nuit comme de jour et nous gardions tout et nimporte quoi, (les plages, les divers bâtiments du Centre et bien sûr laubette), le principal était de faire la garde du lieu qui vous était désigné. Il fallait avoir lil et ne pas laisser approcher quiconque sans lui avoir fait les sommations dusage.
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Marcher au pas
Je me rappelle avoir été de garde un soir, de 22 à 24 heures, dans un lieu qui sappelait Stock de munitions (je ne sais pas si il y en avait) et que voyant mon capitaine de Compagnie arriver, je nai pas bougé (il aurait fallu dire ''qui va là?" et demandé le mot de passe), mais comme je lavais reconnu, je pensais quil venait voir si tout allait bien, surtout lorsquil ma demandé si je connaissais le mot de passe et que jétais content de lui donner. Je ne vous dit pas ce que jai entendu sortir de sa bouche et le lendemain, jétais convoqué devant une impressionnante commission, qui devait statuer sur mon sort, pour savoir combien de jours de corvée, je devais faire comme punition, pour navoir pas respecté les règles élémentaires de la garde. Cette indiscipline ma fait connaître les cuisines pendant une dizaine de jours.
Enfin, tout au long de notre séjour au CFM de HOURTIN, nous avons assisté à des conférences illustrées de films qui montraient notre prochain environnement.
Comment se passait une journée à HOURTIN ?- 6 heures 45
Lever au son du clairon qui mettait un terme à nos rêves de voyages lointains ou autres .. Si le lever était dur pour certains, un second maître les sortait très vite de leur nonchalance et avec les ordres donnés ou plutôt hurlés, cétait la débandade aux lavabos et au petit déjeuner que les hommes désignés par section allaient chercher.
- 8 heures
Rassemblement qui réunissait tous les apprentis et personnels du CFM pour la cérémonie des couleurs. Ensuite, cétait les séances dinstructions théoriques et pratiques pour tous les apprentis marins.
- 12 heures
Un repas nous attendait dans le réfectoire situé dans le grand hangar. Ce réfectoire, dont les dimensions et le fonctionnement étaient légendaires nous accueillait pour satisfaire notre appétit décuplé par les activités que nous effectuions au grand air. Aussi, avant de nous diriger, en ordre de marche, vers le restaurant nous passions chercher notre couvert dans la chambrée. Par contre afin de déguster le repas tant attendu, le responsable de chaque table devait nommer deux apprentis afin quils aillent chercher la nourriture. Et là, cétait la foire dempoigne pour être servis. En effet malgré un service dordre, il y avait plus de deux milles repas à servir en très peu de temps, chaque équipe essayait de passer devant les autres afin déviter de faire trop attendre ses collègues de table.
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En plein repas
Au coup de sifflet, fini ou pas, les tables devaient être débarrassées, certains apprentis balayaient dessus et en dessous des tables alors que dautres emmenaient les plats utilisés pour que le personnel (cétait en général des punis) puisse effectuer son nettoyage.
Je me rappelle avoir été de corvée pour le nettoyage des ustensiles de cuisine, et avoir lavé des casseroles et des poêles de plus de 80 cm de diamètre, des plaques chauffantes de 3 à 4 mètres.
Les matériels les plus imposants étaient sans aucun doute, les autocuiseurs qui étaient énormes. Je me rappelle quil fallait un escabeau et quavec un balai muni dune espèce de serpillière et dun tuyau darrosage, on les nettoyait à grande eau.
- 13 heures 15
Après avoir nettoyé et ramené nos couverts dans la chambrée, nous avions droit aux partiels, conférences, formations nautiques et militaires jusquà la sonnerie libératrice du Dégager. Le Foyer ouvrait ses portes et on pouvait se détendre grâce aux loisirs mis à notre disposition.
- 17 heures 30 - Retour au réfectoire pour le dîner.
- 19 heures 45
Dernier rassemblement de la journée qui permettait de faire le point sur les activités du lendemain, avant la séance de cinéma quotidienne qui diffusait des films relativement anciens, mais qui permettaient davoir un moment doubli sur les activités des dures journées que nous passions.
- 22 heures 30 - Sonnerie du couvre-feu qui nous permettait de gagner un sommeil réparateur.
Le Foyer qui se nommait La Passerelle avait pour but doffrir un lieu de détente et de repos dans un cadre plus ou moins confortable et permettre dorganiser des activités éducatives et sportives
- salle de jeux (ping-pong, billard, baby-foot .)
- salle de télévision
- bibliothèque et jeux divers
- ateliers de travaux photographiques, de maquettes, de musique .
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Billard
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Apprendre à faire des nuds
Baby-foot
Il y avait une coopérative qui était une véritable caverne dAli Baba où lon pouvait trouver son bonheur.
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La chapelle du CFM d'Hourtin
Un aumônier catholique résidait en permanence au CFM. Une messe était dite tous les jours à 18 heures et le dimanche à 9 heures dans la Chapelle du CFM. Bien entendu, les cultes protestant et israélite étaient pratiqués, mais les aumôniers concernant ces religions ne résidaient pas au Centre.
Une permanence sociale était à la disposition des apprentis, ainsi quune banque de dépôt dargent et dobjets précieux pour éviter les vols.
Le cinéma qui pouvait contenir 1200 places diffusait un film tous les soirs (3 films différents par semaine) et le dimanche 2 films différents étaient projetés en matinée et en soirée.
Pour les apprentis marins qui lavaient mérité, une sortie était prévue soit une ballade jusquà la plage dHOURTIN qui se trouvait à quelques centaines de mètres du Centre, ou, en prenant le car, on pouvait aller passer quelques heures à LESPARRE-MEDOC. Mais il fallait rentrer à lheure, car pour les retardataires il y avait la peau de bouc ! ! ! ! ! !.
Le narrateur de ce récit était à HOURTIN en décembre 1959 (img) Ballade sur la plage dHOURTIN par 10°
Au bout de deux mois dans ce centre, nous nétions plus des apprentis, mais des jeunes marins, avides de servir la Patrie et nous attendions avec anxiété nos affectations.
Daniel THIRION![]()
La Prière du Marin
Vous trouverez, ci-dessous, la prière du Marin que notre Ami Daniel PREVOT, Administrateur FAMMAC pour la Lorraine, nous a transmise
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"Se battre en Algérie
Ce livre que vous pouvez vous procurez chez lauteur, Monsieur Patrick-Charles, 113, Avenue Foch, 54270 ESSEY-LES-NANCY vous donnera sûrement les réponses que vous vous posez sur la Guerre dAlgérie.( Tel : 03 83 20 13 38 ou patrick-charles.renaud@orange.fr )
Sur ce site, voir plus en page "Livres" :"Se battre en Algérie"
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Informations marines : Le Terrible, mise en service attendue en 2010.
Le nouveau sous-marin nucléaire, lanceur dengin a été baptisé le vendredi 21 mars 2008 avec la présence du Président de la République, Monsieur Nicolas SARKOSY. Lors de son intervention, il na pas manqué de rappeler que cet événement sinscrivait dans la continuité de la ligne que le Général DE GAULLE sétait dictée, et , qui, au même endroit, 41 ans jour pour jour, lançait le premier sous-marin français, le SNLE Le Redoutable.
Le lancement du SNLE Le Terrible ne signifie pas encore sa mise en service. Celle-ci ninterviendra pas avant 2010. Il faut savoir que la mise en chantier et lacheminement dun bâtiment aussi important (14000 tonnes) nest pas une mince affaire : la coque, dont la construction a commencé, il y a 8 ans, ainsi que la plupart des systèmes embarqués, sont achevés..
Cette cérémonie, suivie par un grand nombre de personnalités a été loccasion, pour le Président de sexprimer sur la dissuasion et a prononcé un long discours sur la force de frappe nucléaire.
Le Président SARKOSY a rappelé sa position qui se situe dans le prolongement de son prédécesseur, Jacques CHIRAC, qui voyait cette dissuasion comme une assurance vie de la France et pour ce faire se réservait le droit de réaliser une frappe nucléaire préventive à titre dultime avertissement
Les travaux , qui sont à mener après ce lancement, portent sur lembarquement des éléments combustibles, les essais à quai de la machine de la plate-forme et du système de combat ainsi que la mise à leau, avant la première plongée.
Le début des essais à la mer devraient intervenir en 2009.
Ce bâtiment qui est le quatrième et dernier de la seconde génération, celle du type Le Triomphant sera un peu différent du fait quil sera porteur des nouveaux missiles balistiques M51, dune portée supérieure à 8000 km. Il sera en plus, doté dun système de direction de combat de nouvelle génération, le Sycobs, que lon retrouvera sur les nouveaux sous-marins dattaque, dont le premier type, Le Suffren vient dêtre mis en construction.
Enfin, Le Terrible disposera de divers systèmes de navigation et de détection améliorés par rapport aux bâtiments actuels.
Informations et photo tirées de LOfficier Marinier de mai 2008
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Le sabordage de la Flotte
Cest le 27 novembre 1942, sur ordre dHitler, que les Allemands ont eu pour mission de semparer de la Flotte de guerre Française basée à TOULON, malgré les termes de lArmistice de 1940, qui notifiait que TOULON devait demeurer un camp retranché tenu par des troupes françaises de larmée de lArmistice.
Cest ainsi, quà 4 h 30, quune colonne allemande entre dans le Fort Lamalgue et arrête le Préfet maritime, lAmiral Marquis. Pendant ce temps, son Chef dEtat Major, le CA Robin parvient à transmettre au Major Général de lArsenal, le CA Dornon, lordre de sabordage quil retransmet aussitôt à lAmiral de Laborde, qui est à bord du Strasbourg.
Une seconde colonne allemande entre dans lArsenal à 4 h 50, par la porte Nord (port marchand). Cest dans ce secteur que sont tirées les premières rafales de mitrailleuses sur les sous-marins.
La porte de lArsenal principal est à son tour enfoncée, à 5 h 25, par les blindés allemands.
Lordre général de sabordage est lancé par le navire Amiral (Strasbourg). Le branle-bas sonne sur tous les navires présents , suivi de lordre dévacuation. Ne restent à bord que les équipes de sabordage préalablement constituées.
Les chars allemands ne parviennent pas à se repérer dans larsenal et vont perdre de nombreuses minutes avant datteindre leurs objectifs, permettant aux équipes de sabordage de remplir leurs missions.
De multiples explosions vont secouer les bâtiments, au point que les Toulonnais croiront en un terrible bombardement ou un tremblement de terre.
Du coté du Mourillon, cinq sous-marins braveront les ordres de sabordage et parviendront à franchir les passes du port militaire, au prix de pires difficultés(champs de mines magnétiques, bombardements allemands). Deux rallieront Alger (Casabianca, Marsouin), un atteindra Oran (Le Glorieux), LIris ira trouver refuge à Barcelone, tandis que La Vénus préférera se saborder en grande rade. Un seul bâtiment de surface, Le Leonor Fresnel, du Service des Phares et Balises ralliera Alger après sêtre échappé des Salins dHyères.
Sur le Strasbourg, lAmiral de Laborde refuse de quitter son navire. Il ne comprend pas pourquoi Hitler a renié sa parole, celle de ne rien entreprendre contre la Flotte Française. Il faudra un ordre personnel du Maréchal Pétain pour quil accepte dabandonner le bord.
En acceptant ce sacrifice, la Marine a respecté son serment de 1940, ne jamais livrer la Flotte a des mains étrangères.
Le bilan au soir du 27 novembre fait état de 90% de la Flotte sabordée, dont la totalité des Forces de haute mer. Tous les grands bâtiments de combat sont coulés et irrécupérables. Certains seront par la suite renfloués, mais ne feront jamais que de la ferraille.
Ce sont au total 235000 tonnes sabordées, dont 3 cuirassés, 7 croiseurs, 15 contre-torpilleurs, 13 torpilleurs, 6 avisos,12 sous-marins, 9 patrouilleurs et dragueurs, 19 bâtiments de servitude, 1 bâtiment-école, 28 remorqueurs et 4 docks de levage.
Seuls 39 bâtiments furent capturés, tous de petit tonnage, sans grande valeur militaire, car sabotés, endommagés et pour certains désarmés.
Lopération Lilas, visant à semparer de la Flotte française se solda donc par un échec pour les allemands, dû au retard de la seconde colonne allemande, à la qualité des liaisons marines et à la parfaite mise au point des consignes de sabordage.
Source : site netmarine
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SOUVENIRS de GUERRE
Notre Ami, Marcel LEGENDRE, un de nos anciens, nous raconte comment il a vécu sa jeunesse et son désir de servir son pays en voulant sengager dans la Marine. A 14 ans, comme tous les enfants de cet âge (nous étions en 1936), jai voulu quitter lécole, pour aller travailler et gagner ma vie comme lon disait. Il faut dire qu'il ny avait ni sécurité sociale, ni allocations familiales.
Je désirais passer le concours pour entrer à lEcole des Mousses à Brest. Je ne sais pas si jaurais été accepté, mais je voulais essayer, la Marine était tout pour moi. Mon père ne le voulait pas, il mavait trouvé un emploi chez un notaire, près de chez nous. Je refusais, désirant être Marin.
Campant tous les deux sur nos positions, ne pouvant pas entrer dans la Marine et ne désirant pas aller chez le notaire, il ne me rester plus quune solution : être garçon de ferme.
A 14 ans, jarrivais donc dans une ferme en octobre, il pleuvait sans arrêt. Je devais traire 6 vaches, je ne lavais jamais fait, aussi, après un mois dessai, je revenais à la maison, mais il nétait pas question dy rester, et comme cest un métier très dur lorsque lon ne la jamais fait, les paysans nétaient pas tendres, jai travaillé, malgré tout, dans les fermes de 1936 à 1941, avec un intermède de 6 mois, comme employé, au Grand Collège dAgneaux, près de Saint Lô, Préfecture de la Manche.
Mon travail consistait à nettoyer les salles de classes, le réfectoire, et servir à table 48 élèves, cétait des classes préparatoires aux Grandes Ecoles comme Saint Cyr, lEcole Navale ou lEcole Polytechnique. Nous étions 8 jeunes effectuant le même travail. Jétais aux anges. Malheureusement, un jour, je suis tombé avec un plateau de 48 gros bols blancs. Jen ai cassé 37 quil a fallut payer ou cétait la porte. Mon père ayant refusé de maider, je me suis retrouvé dans une ferme que jai quittée pour une autre plus sympa.
Cétait chez Mr Dubois, le père était paralysé et il y avait un grand fils, très bien , qui dirigeait la ferme. Je devais avoir entre 15 et 16 ans. Malheureusement, il y avait beaucoup de bruits de guerre, avec réoccupation de la Rhur par les Allemands. Mon patron repartait, mobilisé, à chaque mouvement de larmée allemande.
En 1938, jai quitté cette ferme pour une, beaucoup plus importante où jétais mieux payé et où les fermiers étaient bien gentils. Au bout de quelque temps, jétais comme le fils de la maison quils navaient pas. Malheureusement, en septembre 1939, les Allemands qui désiraient la ville de Dantzig, ont attaqué la Pologne. Ce fut la guerre. Les commis ayant été mobilisés, je restais seul. Mon patron qui était un grand blessé de la guerre de 14/18, ne pouvait pas faire grand chose. Javais 17 ans et jai redemandé à mon père de me laisser mengager dans la Marine, ce quil a de nouveau refusé. Je suis donc resté à la ferme.
En 1939, mon père a du quitter son commerce, qui a du fermé. Il a rejoint Cherbourg pour travailler à lArsenal de la Marine de guerre. Maman et ma sur lont rejoint.
En juin 1940, les Allemands ayant occupé Cherbourg et toute la Normandie, mon père fut licencié de lArsenal. Il a travaillé par la suite sur des chantiers à faire des routes.
En juin 1941, je quittais la ferme, laissant toute la famille en pleurs. Je voulais gagner plus dargent, pour essayer, si je le pouvais, rejoindre lAngleterre ou lAfrique.
Donc, je suis revenu chez mes parents, et jai travaillé avec mon père sur les chantiers. Nous partions, en camion le matin et revenions le soir. Mon grand désir était de quitter la zone occupée par les Allemands, en espérant, peut-être de pouvoir participer au combat contre eux.
Le hasard ma été très favorable, un soir, en rentrant du travail, je trouvais, par terre, un tract barré bleu-blanc-rouge, demandant aux Jeunes Français de quitter la zone occupée. Partir ! ! Oui ! ! Mais comment ? Et où ? Un gendarme français, en tenue, venait vers moi. Arrivé à ma hauteur, je lai interpellé en lui montrant le tract. Il ma simplement dit : « Tu veux partir ? ». Je lui ai dit : « Oui , mais comment ? », Il ma fait parvenir un laissez-passer pour rejoindre la zone libre du Gouvernement de Vichy, plus, tous les papiers pour me rendre au 5ème Dépôt de Toulon, pour pouvoir mengager dans la Marine.
Je devais passer la ligne de démarcation à Vierzon, dans le département du Cher. Arrivé en zone libre, à la place des soldats allemands, quelle joie de revoir que des uniformes français ! ! ! ! !
20 octobre 1941 : Jentrais au 5ème dépôt de Toulon, visites médicales, examens dinstruction et ensuite me voilà enfin Marin, du moins incorporé dans la Marine comme Apprenti-marin. Je touchais ma belle tenue bleu-marine, le col bleu, le béret à pompon rouge . Jétais très fier.
11 novembre 1941 : Jembarquais sur le transport dhydravions Commandant Teste.
Début mars 1942 Je passais lexamen de canonnier. Jétais breveté. Jétais matelot à part entière et sur chaque manche , un galon rouge. Je suis alors affecté sur le croiseur Montcalm, à Dakar. Avant de quitter la France, on nous octroya une permission dans les Alpes, près de Chambéry, dans un camp avec des baraques en bois. Tous les matins, à 8 heures, nous allions, en rang, pour le lever des couleurs, nous coupions aussi du bois pour les besoins du camp et nous descendions à Chambéry, à pied. Ce nétait pas de vraies permissions. Nous ne pouvions ni écrire et voir nos familles puisquelles étaient en zone occupée par les Allemands.
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Transport dhydravions Commandant Teste
Cétait un grand bateau de 10000 tonnes , qui faisait lécole de canonniers pour les futurs apprentis. Jai été embarqué du 11 novembre 1941 au 31 mars 1942.
Cours théoriques et pratiques de canonnier, cours du fusilier, manuvrier, voile, sport, toujours au pas de course. Nous partions en chantant, obligatoire, de lArsenal de Toulon, par le mont Faron, toujours à pied, aller-retour, plus les exercices de fusiliers, sur le terrain.
Cétait dur, mais jétais heureux.
Le 31 mars 1942, nous rejoignons Marseille pour embarquer sur le paquebot Médéa II, avec escale à Oran. Détroit de Gibraltar et Casablanca. Quelle différence avec la France. Il y avait de tout ., pain à volonté ou presque.
Huit jours de mer, et nous arrivons à Dakar. Grand port, sur lAtlantique Sud, très chaud, nous étions 300 à embarquer sur le Montcalm, magnifique bâtiment filant jusquà 32 nuds.
Le désir de cette Flotte était de reprendre le combat contre les Allemands. Il eut lieu le 27 novembre 1942. Nous rallions la France combattante, suite au débarquement américain en Afrique du Nord le 8 novembre 1942, et du sabordage de la flotte de Toulon, le 11 novembre 1942.
Je suis affecté au poste central des 152mm (poste à calcul de direction de tir) de mai à novembre 1942.
Peu de sorties en mer (manque de mazout), nombreux exercices à quai, tirs simulés, ect . Et aussi de nombreuses gardes et corvées.
Il y avait, à Dakar, le cuirassé de 35000 tonnes Richelieu, 3 croiseurs de 7700 tonnes identiques Montcalm, Georges Leygues et Gloire, des avisos coloniaux et submersibles, de nombreux sous-marins et le Jules Verne, ravitailleur et bateau-atelier de sous-marins, les contre-torpilleurs, les plus rapides du monde Terrible, Malin, et dautres (40 nuds).
Certes, nous navions plus aucun contact avec la métropole, mais nous étions très fiers de reprendre le combat et essayer deffacer le désastre de mai/juin 1940.
Janvier 1943 Le Richelieu et le croiseur Montcalm sur lequel je suis embarqué quitte lAfrique occidentale Française, escortés par des destroyers américains (4) pour rejoindre lAmérique du Nord. Le cuirassé Richelieu à lArsenal de New York et le Montcalm à larsenal de Philadelphie. Nous devons y effectuer des réparations et des transformations, pose de radars, pose dune nombreuse artillerie de DCA (Défenses Contre Avions), 24 pièces télécommandées de 40 mm et 20 canons de 20 mm. Nous gardons notre artillerie principale : 9 pièces de 152 mm et 8 pièces de 90 mm, contre avions, terrestres et maritimes. Cétait une excellente artillerie qui a montré ses preuves aux débarquements de Normandie, de Provence et en Italie.
La population américaine a été formidable, sachant que nous navions plus aucun contact avec nos familles, pendant toute loccupation de la France, les Américains venaient en voiture pour nous apporter un peu de joie. Nous pouvons les remercier de tout ce quils ont fait pour nous
Le 19 août 1943 Le croiseur Montcalm et son équipage, dont je fais partie, quitte Philadelphie, réparations terminées. Les quais sont noirs de monde, qui agitent des mouchoirs. Certaines jeunes femmes prennent leur mouchoir pour assécher leurs larmes. Nous quittons le quai en faisant activer nos cornes de brume et les klaxons.
En mer, nous rejoignons le cuirassé américain de 35000 tonnes New Jersey, tout neuf, qui a été construit en quelques mois et dont nous avons vu la fin de la construction à larsenal de Philadelphie. Nous prenons la direction de la Virginie, exercices dans la baie de Chesapeeke, puis ensuite, escale à Norfolk, grand port de guerre américain sur lAtlantique Nord.
Quelques jours descale, puis route sur la mer des Sargaces, et les Bermudes, où nous faisons escale pour ravitaillement dans les îles en plein Atlantique. Appareillage, direction Atlantique Sud pour Dakar, où nous devons relever le croiseur Georges Leygues, qui rejoint lAmérique pour les mêmes réparations que le Montcalm.
Nous accostons à Dakar le 17 août 1943. Précédemment, le Georges Leygues a coulé le croiseur allemand Portland, dans lAtlantique Sud, 14 marins ont été rescapés et de ce fait , furent prisonniers à Dakar.
29 août 1943 Arrivée de quatre croiseurs de 10000 tonnes. Ces bâtiments français proviennent dAlexandrie (Egypte). Ils se nomment Suffren, Tourville, Duguay Trouin et Duquesne.
1er septembre 1943 Appareillage du Montcalm pour une patrouille dans lAtlantique Sud.
4 septembre 1943 Nous apercevons un paquebot espagnol, ayant, daprès les renseignements , un espion à bord, une équipe du Montcalm monte à bord du paquebot et arraisonne le bâtiment, le Mont Albertin, pour le conduire dans le port militaire anglais de Gibraltar. Le Montcalm rentre à quai à Dakar.
17 septembre 1943 Appareillage pour Oran
21 septembre 1943 Le Montcalm accoste à Oran. Embarquement de 1200 Goumiers marocains, pour les débarquer à Ajaccio (Corse), qui vient de se soulever contre les Allemands et les Italiens. Nous appareillons dOran, à 19 heures 30 pour Alger, à 28 nuds.
22 septembre 1943 Attente en rade dAlger du croiseur léger Fantasque, à 7 heures du matin. A 8 heures, Montcalm etFantasque appareillent dAlger pour Ajaccio. Vitesse 30 nuds. 00 heures 00, arrivée à Ajaccio. 00 heures 15, le Fantasque séchoue dans la baie dAspetto. Les feux signalant le chenal ayant été déplacés, par qui ? Heureusement nous, le Montcalm, avons eu la chance déviter léchouage, en battant « arrière-toute ».
23 septembre 1943 03 heures du matin. Nous débarquons nos 1200 tabors marocains et du matériel que nous avons apporté, essence davions et munitions. 08 heures : nous essayons de déséchouer le Fantasque. Nous cassons nos grosses aussières de remorquage, les unes après les autres. Cest un échec ! ! Les avions allemands, pendant ce temps nous attaquent toute la matinée. Ils sont en rase-mottes de la falaise et nous piquent dessus. Heureusement, nous avons une excellente défense contre-avions, que les Américains nous ont octroyée à Philadelphie et nous repoussons toutes les attaques des avions allemands, leurs bombes tombent autour de nous, sans nous toucher.
19 heures 30 : Le Montcalm appareille pour Alger, contraint de laisser le croiseur léger Fantasque échoué sur la moitié de sa longueur. Dans son malheur, il a eu de la chance, il sest échoué sur le sable, ayant évité, sans le savoir dans la nuit, deux immenses rochers à son tribord et à son bâbord.
Dans laprès-midi du 23 septembre, des avions français Spitfire sont arrivés dAlger à Ajaccio, laérodrome de Campo Del Oro ayant été pris par les tabors. Ignorant leur arrivée, nous les avons accueillis avec notre artillerie. Nous quittons donc seul Ajaccio pour Alger à 30 nuds.
24 septembre 1943 En mer, 08 heures du matin. Nous ouvrons le feu sur un sous-marin, celui-ci étant en retard sur son horaire, navait pas le bon code de reconnaissance. Cétait le sous-marin français Rubis. Heureusement, il na pas été touché et il a plongé. 11 heures 30 : Arrivée à quai à Alger.
25 septembre 1943 Embarquement de matériel pour larmée.
26 septembre 1943 Embarquement des troupes françaises. 06 heures 30 : appareillage pour Ajaccio, avec un destroyer anglais. 23 heures :Arrivée à Ajaccio, débarquement de la troupe et du matériel.
27 septembre 1943 03 heures du matin. Le Montcalm appareille , seul, pour Alger. En mer à 30 nuds.
28 septembre 1943 Arrivée à Alger.
10 octobre1943 Appareillage dAlger pour Mers El Kébir. Arrivée à 19 heures près dun coffre , pour samarrer.
23 octobre 1943 09 heures : Appareillage pour faire des tirs dexercices. Présence à bord du Général JUIN.
24 septembre 1943 10 heures 30 : Appareillage, destination inconnue (en temps de guerre, le commandant du bord reçoit un ordre à prendre connaissance que lorsque nous sommes en mer).
26/27 octobre 1943 En mer.
28 octobre 1943 En mer : un sous-marin allemand nous envoie des torpilles en vue des îles Canaries. Evitons les torpilles par bâbord.
Du 8 au 13 novembre 1943 :Patrouille dans lAtlantique Sud.
13 novembre 1943 Retour à Dakar.
19 novembre 1943 Appareillage pour exercice de tir.
3 décembre 1943 Le croiseur Georges Leygues, de retour dAmérique, nous accoste à Dakar.
Du 5 décembre 1943 au 21 janvier 1944 Patrouilles en Atlantique Sud, entre lAmérique du Sud et lAfrique.
21 janvier 1944 Escale à Freetown (Sierra-Léone).
24 janvier 1944 Appareillage de Freetown pour patrouilles dans lAtlantique Sud.
3 février 1944 Le Montcalm revient à Dakar
10 février 1944 Appareillage de Dakar pour patrouilles dans lAtlantique Sud. Dans ces patrouilles, nous recherchons des croiseurs auxiliaires allemands, des ravitailleurs de sous-marins et des bateaux allemands, forceurs de blocus. Ils partaient en général de Bordeaux, pour lOcéan Indien, en franchissant le Cap de Bonne Espérance, et rejoignaient le Pacifique par le Détroit de Malacca, aux mains des japonais, leur alliés.
27 février 1944 Monsieur JACQUINOT, Ministre de la Marine vient à Dakar, nous passer en inspection.
2 mars 1944 Le Montcalm appareille de Dakar. Direction la Méditerranée.
4 mars 1944 Vibrations à bord. Une pale dhélice de la ligne darbre bâbord a cassé. La machine tribord en avarie. Nous entrons dans les eaux territoriales des Canaries, îles situées au large du Sahara.
En temps de guerre, les belligérants sont autorisés à pénétrer, en cas davaries, dans les eaux territoriales dun pays neutre. Mais ils doivent quitter ces eaux dans les 24/48 heures, sinon, léquipage est interné.
Machine tribord réparée, reprenons notre route vers Casablanca, équipage au poste de combat. Nombreux sous-marins allemands dans les parages. Un chasseur de sous-marins américains vient nous escorter jusquà Casablanca..
6 mars 1944 Escale à Casablanca à 12 heures.
7 mars 1944 Appareillage de Casablanca pour Oran, par le Détroit de Gibraltar.
8 mars 1944 Mouillage à Mers El Kébir.
10 mars 1944 Le Montcalm est monté sur le dock dOran, pour changer lhélice.
15 mars 1944 Hélice changée. Nous quittons le dock. Accostage à quai à Oran.
16 mars 1944 Appareillage pour essais de vitesse. 17 heures : mouillage à Mers El Kébir.
1er et 2 avril 1944 Appareillage pour tir en mer. Retour Mers El Kébir à 07 heures du matin.
3 et 7 avril 1944 Mêmes exercices.
14 avril 1944 Plus de communication avec la terre. 18 heures Montcalm et Georges Leygues appareillent. Destination inconnue.
15 avril 1944 03 heures :Le Montcalm et le Georges Leygues franchissent le Détroit de Gibraltar. Route au Nord dans lAtlantique.
16/17 avril 1944 En mer. Très mauvais temps. Tempête.
18 avril 1944 Cotes dIrlande en vue. Nous contournons lIrlande pour entrer dans lEcosse. Le Montcalm évite une torpille de sous-marin allemand, avant dentrer dans la passe de Greenock. 17 heures : Greenock. Mouillons à coté du paquebot Queen-Mary transformé en transport de troupes.
19 avril 1944 Appareillage pour les îles Orcades, à SCAPA-FLOW. Très mauvais temps. Le Montcalm est incorporé dans lescadre anglaise de la Home-Fleet. Nombreux cuirassés et porte-avions.
6 mai 1944 Appareillage pour GREENOCK (Ecosse).
7 mai 1944 GREENOCK. Mouillage près du paquebot Ile de France.
3 mai 1944 Appareillage pour SCAPA-FLOW.
24 mai 1944 Appareillage.
25 mai 1944 Arrivée à BELFAST (Irlande)
30 mai 1944 Tous les bâtiments au secret. Plus de communication avec la terre. Interdiction aux embarcations daccoster les bâtiments de guerre ;
31 mai 1944 Le commandant DESPRAY, commandant le croiseur Montcalm réuni léquipage sur la plage arrière et nous transmet le message de lAmiral américain, commandant lescadre américaine comprenant les cuirassés américains Texas, Arkansas, Nevada, les croiseurs français Georges Leygues et Montcalm, le croiseur anglais Norfolk et des destroyers (6) descorte.
3 juin 1944 Appareillage de lescadre de lIrlande pour le débarquement en Normandie qui doit avoir lieu le 5 juin à 06 heures du matin.
4 juin 1944 Très mauvais temps, le commandant en chef fait savoir que le débarquement est retardé de 24 heures.
5 juin 1944 Croisons devant PLYMOUTH. Nous croisons de nombreux convois de débarquement.
6 juin 1944 04 heures 57 : nous mouillons lancre dans les eaux françaises, devant le port de PORT-EN-BESSIN. La côte est rouge dexplosions des bombes. 05 heures 30 : les batteries allemandes ouvrent le feu. Nous sommes encadrés ; 05 heures 45 :les pièces sont chargées, 05 heures 50 : feu, les tourelles ouvrent le feu. Deux batteries allemandes détruites.
Le Montcalm détruit la batterie allemande de 155mm à 06 heures 00.
A 06 heures 00, les troupes américaines débarquent à OMAHA BEACH. Les troupes américaines sont clouées au sol sur la plage par des tirs de mitrailleuses et de batteries mobiles de 88 mm allemands. Nous tirons sans arrêt.
10 heures : une batterie allemande tire sur le cuirassé Arkansas. Le Montcalm réduit cette batterie à la 3ème salve.
12 heures : Attaque aérienne allemande. Nous sommes encadrés de bombes. Nous lavons échappé belle, un chapelet de bombes ayant tombé le long du bord de notre bâtiment. Nous abattons un avion allemand.
13 juin 1944 Alerte aérienne. R.A.S.
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Des soldats américains transportés sur un navire garde-côte ont pris place dans un bateau de débarquement. Au fond quelques navires placés sous un parapluie de ballons captifs, les protégeant dune attaque aérienne à basse altitude
7 juin 1944 08 heures : nous tirons sur la ligne de chemin de fer Paris-Cherbourg. Ensuite nous détruisons une batterie allemande de 105 mm. 09 heures 07 : nous anéantissons une concentration de troupes allemandes et un convoi de matériel.
10 heures 00 : alerte aérienne. 12 heures 35 : nous tirons sur des troupes allemandes à FORNIGNY. Jusquà la nuit , nous tirons sur des concentrations de troupes allemandes.
08 juin 1944 Alerte aérienne. R.A.S. 19 heures : Nous tirons jusquà la distance de 20000 mètres, sur des renforts allemands.
8 juin 1944 9 heures 15 : appareillage pour bombarder près de Grancamp et Carenton. 19 heures 40 : tirs sur renforts allemands. 20 heures : le village et le port de Port-en-Bessin tombent aux mains des Alliés (commando anglais).
9 juin 1944 04 heures 10 : attaque de laviation allemande R.A.S. 08 heures : mouillage près de Port-en Bessin. 09 heures 10 : attaque des troupes allemandes. Les canons de 152 mm du Montcalm repoussent les allemands.
10 juin 1944 06 heures du matin : tirs de barrage au 152 mm. 07 heures 10 : cessons le feu, notre observateur à terre a été blessé. 10 heures 30 : tirs très violents de notre D.C.A. pour repousser les avions allemands. 15 heures 40 : nous tirons sur un point de résistance allemand au 152 mm, à la distance de 22500 mètres. 14 heures : les habitants de Port-en-Bessin viennent en bateaux de pêche nous rendre visite. 4 ans quils navaient pas vu de pompons rouges. Retrouvailles formidables. Les gens repartent avec des cigarettes, du savon et du mazout pour leurs bateaux. Les dames et les demoiselles nous apportent des fleurs.
14 juin 1944 Attaque aérienne allemande, les bombes tombent à leau, autour de nous.
15 juin 1944 09 heures : reçu une lettre de félicitations de lAmiral américain, commandant lescadre, pour la précision de nos tirs et notre activité au débarquement. 19 heures : les croiseurs mouillent en rade de MILFORD-HAVEN, petit port de pêche.
Nous pouvons descendre à terre. Bâtiments à 6 heures : appareillage, donc retour à bord à 6 heures impérativement. Je descend à terre avec deux copains par lembarcation, vu que nous sommes mouillés en rade. MILFORD-HAVEN étant un petit port de pêche, le tour en a été vite fait, nous décidons de nous rendre à PENBRACKE, autre petit village, séparé par une rivière. Un bac fait la navette.
Arrivant à PENBRACKE, dans un café, nous sommes pris à partie par des soldats anglais et américains, nous demandant pourquoi nous nétions pas à participer à la libération de notre pays. Nous leur avons déclarés que nous revenions de Normandie et que nous étions au repos à MILFORD-HAVEN, cela a été du délire. Bière sur bière, Wisky et autres boissons agréables à boire. Mais au bout du compte, nous étions bien-bien ..
Nous voulions rejoindre notre bord, vu les fameuses 6 heures. Des américains nous ont embarqué dans leur jeep. Hélas, trois fois hélas, ils nous ont emmenés dans leur camp, ce qui ne nous avantageait pas du tout. Après palabres et engueulades avec le commandant du camp américain il avait réussi à avoir une jeep avec chauffeur, pour rejoindre MILFORD-HAVEN.
Hélas, le bac ne fonctionnait plus après une certaine heure, jusquau lendemain matin. La jeep est repartie et nous sommes restés sur la rive, impuissants.
Une grosse vedette anglaise de la Royale Navy, pilotée par de charmantes marinettes anglaises, a accostée et de son bord, a débarqué un amiral anglais. Nous avons sollicité de sa bienveillance, quil veille bien nous prêter sa vedette pour rejoindre, lautre rive, vers MILFORD-HAVEN, avec un grand sourire, il a accepté, et dans cette belle vedette, avec de très belles marinettes, nous avons donc rejoint lautre rive. Et à pied, direction MILFORD-HAVEN.
A notre arrivée sur le petit port, désolation, nos deux croiseurs étaient bien en rade, mais il ny avait plus de communication avec la terre. On se faisait du soucis, car si les bateaux appareillaient dans la nuit, nous rations lappareillage et en temps de guerre, cela est passible du Conseil de guerre.
Il y avait des chalutiers anglais, amarrés dans le petit port. Personne à bord. Nous sommes allés nous coucher dans les bannettes des matelots anglais. Le lendemain matin, nous avons été réveillés par les matelots qui lavaient le pont de leur chalutier. Nous nous sommes levés et avons sauté sur le quai, les laissant tout ébahis ! ! !
Une embarcation a quitté le Montcalm et nous a réceptionnés. En arrivant à la coupée de notre bâtiment, le capitaine dArmes nous attendait et léquipage aux rambardes, rigolait. Direction le commandant en second (Capitaine de frégate) pour le rapport.
Il y avait un certain nombre de Jean-Goin (marins) qui attendaient. On a pris la queue, en attendant notre nom. Le matelot qui précédait avait 2 heures de retard. Tous les trois, nous en avions 12 heures.
Celui qui avait 2 heures de retard a eu 20 jours de prison, au prorata 12,00 X .., nous commencions à nous faire du souci. A notre tour, tous les trois, nous avons été avisés dentrer dans la cabine du commandant en second, où nous avons été très fraîchement accueillis, sommés de nous expliquer. Nous avons relaté toute notre odyssée.
A la fin de notre explication, le commandant en second se tapait sur le ventre de rire, en particulier, je crois, parce que nous avions eu le culot de demander, nous simples matelots français, à un amiral anglais de bien vouloir nous prêter sa vedette et ses charmantes marinettes. Le Commandant, entre deux rires, nous a dit : « Foutez-moi le camp ». ce que nous avons fait sur le champ, très heureux de sen tirer à si bon compte.
11 Juillet 1944 Le Montcalm et le Georges Leygues appareillent pour la mer dIrlande , puis pour la Manche, cap au sud. Jespère, que, peut-être, nous ferons escale à CHERBOURG, qui est libérée et que je pourrai revoir ma famille, pour laquelle je nai pas de nouvelles et que je nai pas vu depuis octobre 1941.
Hélas, nous entrons dans lAtlantique. Toujours cap au sud, adieu CHERBOURG. Notre destination est lAlgérie.
14 juillet 1944 En mer, passage du détroit de Gibraltar.
15 juillet 1944 Arrivée à ALGER. Shorts et chemisettes coloniales sortent des caissons. Adieu le bleu de drap de la Manche en dérangeant les cafards qui sont toujours présents dans nos caissons.
Le cuirassé Lorraine, les destroyers Somalie, Algérie, et Tunisie sont présents à quai.
20 juillet.1944 Le Général DE GAULLE nous passe en inspection, et nous déclare quil connaissait notre valeur au combat en Normandie et que bientôt, nous serons de nouveau mis à contribution, pour la libération du sol natal.
Les Allemands ont perfectionné leurs torpilles, elles ont la particularité dêtre attirées par les hélices. Un croiseur italien, provenant de Malte, accoste à ALGER, près du Georges Leygues. Les officiers et matelots italiens ont une attitude déplaisante vis-à-vis des marins français (bras dhonneur et autres signes). Résultat : les matelots français bombardent les italiens de tomates et de boulons
La vieille rancune de 1940 réapparaît, et le croiseur italien reçoit lordre de mouiller en rade.
22 juillet 1944 Lamiral JAUJARD embarque à bord. La troupe du Casino dALGER vient nous présenter un spectacle de music-hall. Très appréciée, vu quil y a de très belles filles.
24 juillet 1944 20 heures : le Montcalm et le Georges Leygues appareillent pour MERS-EL-KEBIR.
25 juillet 1944 07 heures : arrivée à MERS-EL-KEBIR. Dégagement du poste de manuvre et immédiatement corvées de munitions, jusquà 23 heures. Le soir, nous avons les épaules en sang par le poids des projectiles que nous avons portés. Nous sommes fourbus, sous une chaleur torride.
26 juillet 1944 17 heures 30 Le Montcalm et le Georges Leygues appareillent de MERS-EL-KEBIR pour TARENTE, en Italie. Dans la journée, les équipages ont reçu deux piqûres en même temps : choléra et typhus.
27 juillet 1944 En mer.
18 heures : passage au large de BIZERTE
22 heures : passage devant lîle italienne de Pantellaria.
28 juillet 1944 En mer
07 heures : devant le détroit de Messine et à 18 heures : mouillage sur RODE et TARENTE.
Un remorqueur vient chercher les permissionnaires pour les amener à terre. Jembarque également. Mais je fais partie dune patrouille de Marins du Montcalm pour le maintien de lordre en ville.
Une rixe éclate en ville, une grenade est lancée par les italiens, contre nos marins. Deux marins du Georges Leygues sont éventrés et un matelot du croiseur léger Fantasque est tué. Cette région était favorable au fasciste italien de MUSSOLINI. Résultat : rappel de tous les marins français.
Voitures de quatre saisons renversées, les équipages des bâtiments français étaient révoltés. Résultat final : les marins français seront consignés sur leurs bâtiments, jusquau jour de lappareillage.
Une enquête conduite par les services alliés trouvèrent les coupables des meurtres de nos camarades. Nous ne sûmes jamais quelle fût la sentence prononcée.
10 août 1944 Une importante formation de navires de guerre français se concentre en grande rade de TORENTE.
11 août 1944 14 heures : nous sommes informés que nous appareillons pour le débarquement en Provence. Retrouvons notre escadre américaine de Normandie : Texas, Arkansas, Névada, le croiseur américain Philadelphia, les croiseurs français Montcalm et Georges Leygues, plus 8 destroyers descorte.
12 août 1944 En mer.
13 août 1944 En mer. Nous longeons les côtes de Tunisie
14 août 1944 En mer. Latitude de la Corse. Lamiral JAUGARD nous signale que « nous allons participer au débarquement de Provence et assure quil y aura bataille. Ne relâchons pas notre effort, nous avons le privilège de contribuer à libérer la France ».
Le commandant du Montcalm, le capitaine de vaisseau SERRES, ajoute : « Je vous félicite de votre bonne humeur pendant le séjour pénible de TARENTE. Le Montcalm sera à un poste dhonneur. Il saura une fois de plus sen montrer digne. Je compte sur vous pour montrer aux marins américains, que les marins français savent se battre et se battent bien ».
La marine alliée aligne 1000 navires de guerre, avec 250000 hommes. Vers les côtes de Provence, la flotte dappui de feu comprend : 5 cuirassés 24 croiseurs 85 destroyers 9 porte-avions représentant 650 canons de calibres différents.
- Western-Task-Force (nom donné aux forces navires alliées)Composition de la participation navale française :
- Un cuirassé La Lorraine
- 3ème division de croiseurs, commandée par lamiral AUBOYNEAU: Emile Bertin, Jeanne dArc, Duguay Trouin
- 4ème division de croiseurs, commandée par lamiral JAUGARD: Montcalm, Georges Leygues, Gloire
- 10ème division de croiseurs légers: Terrible, Malin, Fantasque
- 5ème division de Torpilleurs: Tempête, Simoun, Alcyon
- 2ème division de destroyers descorte: "Marocain, Tunisien
- 5ème division de destroyers descorte: Hova, Algérien, Somalie
- 6ème division davisos: Gracieuse, Boudeuse, Commandant Bory
- 10ème division davisos: commandant Dominé, Delage, Moqueuse
- Un train descadre comprenant les transports ravitailleurs: Barfleur, Quercy, les pétroliers Elow, Var, Mékong.
- Un régiment de fusiliers marins appelé groupe naval dassaut de Corse, lequel a essuyé de lourdes pertes au débarquement en sautant dans un champ de mines dans le secteur de Fréjus et jusquau Dramont.
Effectif global des marins français 15000 hommes.
Moyens allemands
- 550 mines furent draguées pendant lopération
- Moyens navals :La Kriegmarine alignait :quelques sous-marins : 15 en moyenne, une cinquantaine de vedettes lance-torpilles et quelques torpilleurs
- Le danger principal provenait des batteries et des blockhaus enfouis sous les frondaisons. Le secteur de TOULON, de HYERES à SANARY était truffé de pièces de calibres différents armés par des canonniers de la marine allemande.
- Le principal ouvrage, deux tourelles de 340 mm, au cap Cepet (Presquîle de Saint Mandrier) protégées par 12 canons de 105mm, 32 de 88 mm, 27 de 37 mm, tous pour protection contre avions. La portée de ces pièces de 340 mm était de 35 km, des obus de 900 kg et pouvaient tirer 8 coups par minute.
- En plus, sur le secteur de TOULON, il y avait 200 bouches à feu sous blockhaus, plus 1000 pièces de D.C.A. .
Les points de débarquements des troupes alliées étaient les suivants :
- Force rosée : groupe naval dassaut de Corse MANDELIEU LA NAPOULE.
- Force camel : Emile bertin, Duguay Trouin, SAINT RAPHAEL
- Force Delta : Montcalm, Georges Leygues, Gloire SAINT TROPEZ
- Force Sulki : cuirassé Lorraine plus des bâtiments américains.
Sur le plan naval, nous fûmes sérieusement accrochés devant le secteur de TOULON, presque sans discontinuer du 15 au 29 août. Nous avons été contament sur la brèche ; duels dartillerie entre bateaux et les batteries allemandes, en particulier, les canons de 340 mm.
15 août 1944
4 heures du matin : poste de combat. 6 heures 40 : ouverture du feu sur la terre.
8 heures : les troupes débarquent. Nous détruisons des mitrailleuses (nids)et des barrages antichars positionnés à Saint Raphaël. Les troupes sont repoussées.
19 heures : les bâtiments séloignent vers le large pour la nuit.
16 août 1944. Devant Saint Tropez, : R.A.S.
17 août 1944 17 heures. Mouillage à PROPRIANO (Corse). Corvées de munitions, de vivres et pleins de mazout par les pétroliers. Route à 25 nuds vers TOULON. Nous bombardons les casemates de lîle de Porquerolles, où sont retranchées de nombreuses batteries allemandes. Derrière un dragueur, nous progressons vers les Salins dHyères.
Nous attaquons TOULON, le 20 août 1944. Le Montcalm est encadré par lartillerie allemande. Un croiseur léger fait de la fumée pour dérégler les tirs allemands. Nous prenons le large et revenons à lassaut. Le Georges Leygues est touché à larrière.
21 août 1944 8 heures : le Montcalm est de nouveau encadré par la grosse batterie de 340 mm. Nous réduisons deux batteries . Lîle de Porquerolles se rend, ainsi que la Presquîle de GIEN.
22 août 1944 : le Montcalm et le Georges Leygues bombardent les positions des troupes allemandes.
23 août 1944 : PARIS est libérée ainsi que Marseille ; le croiseur Philadelphia a été touché. De nouveau, le Montcalm retourne dans les Salins dHyères. Nous bombardons de nouveau la Presquîle de SAINT MANDRIER.
18 heures : deux embarcations de pécheurs nous accostent. On leur donne du courrier à délivrer en Provence.Un matelot du bord reconnaît des Membres de sa famille. Quelle joie ..
24 août 1944 : le Montcalm mouille aux Salins dHyères. le Georges Leygues et la Gloire ouvrent le feu sur TOULON.
Pour fêter la libération de PARIS, la double en vin est offerte à léquipage du Montcalm.
Le croiseur Gloire vient de tirer sur CEPET, 200 obus en cinq minutes. Le soir, lescadre regagne le large.
25 août 1944 : Nous sommes à 15 miles au large de TOULON, Montcalm, Lorraine, Fantasque, plus deux croiseurs anglais et des destroyers américains. Le cuirassé Lorraine, avec ses 340 mm, ouvre le feu, ainsi que le Montcalm.
26 août 1944 : Bombardons toujours la Presquîle de SAINT MANDRIER. Des explosions à terre. Nous sommes de nouveau encadrés par les tirs allemands.
27 août 1944 : Cap sur la Corse pour ravitaillement en mazout , munitions et vivres.
29 août 1944 :Appareillage du Montcalm pour SAINT TROPEZ, où nous arrivons à 17 heures. Mouillage en rade.
Du 3 au 13 septembre 1944, mouillage à SAINT TROPEZ, en alerte.
13 septembre 1944 : 7 heures : appareillage pour TOULON. Toute la flotte est présente, sauf le Richelieu qui est en Extrème-Orient, contre la flotte japonaise. Manque également le Fantasque et le Terrible, partis à la rencontre du Richelieu, qui est sur le chemin du retour vers la France.
11 heures : Entrée de lescadre dans la rade de TOULON, tous les bâtiments abordant le grand pavois et la flamme de guerre, qui a une longueur proportionnelle à la durée des campagnes effectuées. La notre part du mât de télépointage, fait toute la longueur du bâtiment et tombe à la mer, à la poupe. Les trois couleurs flottent fièrement sur les bâtiments. Le Georges Leygues entre le premier dans la rade. Tous les bateaux français sont en tête. Les amiraux alliés ont désiré que les bâtiments français entrent seuls dans TOULON.
Mais nous avons le cur serré, à la vue de notre belle escadre qui sest sabordée dans le port de TOULON, le 27 novembre 1942, le long des quais du port militaire et de lArsenal. Il ne reste plus que des pans de murs noircis.
14 septembre 1944 : Temps superbe aujourdhui. Il y a un défilé en ville. Des marins de lescadre française se préparent à défiler. Une foule immense, délirante de foi, nous accueille. En tête, une compagnie de Marins américains, un détachement anglais de la Royal Navy, puis la clique des clairons de lescadre française, suivie de 1000 Marins des bâtiments. La population senflamme et bien des yeux sont humides. Les dames et les demoiselles déclarent que nous sommes les plus beaux , que TOULON et la France ont retrouvé leur marine, une Marine vivante et très fière de se battre pour son pays.
15 septembre 1944 : Le général DE GAULLE entouré de M. JACQUINOT et des amiraux français et alliés, passe en revue la flotte.
Mais la guerre nest pas point terminée. Nous allons maintenant sur le front dItalie, où les Allemands et les forces italiennes fascistes tiennent toute lItalie du Nord de MENTON-VINTIMILLE aux Golfes de GENES et de la SPEZIA.
Le front des Alpes était tenu sur terre par le détachement français des Alpes, commandé par le Général DOYEN. Ces troupes avaient pratiquement pas dartillerie et ne disposaient que très peu davions. La Marine devait les soutenir, côté mer, du mois daoût à octobre. Ce rôle incomba à la Marine française et à des bâtiments américains, sous les ordres du C.A. DAVIDSON, puis le 1er octobre, sous les ordres du C.A. AUBOYNEAU (France).
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Le Georges Leygues après sa modernisation aux USA (Photo DR)
Le 4 novembre 1944, la Task-Force est dissoute et le 5 novembre 1944, naissait la Flanck-Force, sous les ordres de lAmiral JAUGARD. Elle était composée de 4 croiseurs français : le Montcalm, navire Amiral, le Georges Leygues, la Jeanne dArc, la Gloire, 6 destroyers, dont 4 français et 2 américains, 12 dragueurs de mines, basés au Golf Juan, un groupe de vedette lance-torpilles américaines, 4 escorteurs de type P.C. et 8 chasseurs de sous-marins.
Au point de vue naval, les dangers étaient les mines dérivantes, dont le nombre croissait dune façon inquiétante. De plus, les courants marins venant du Golfe de Gènes et qui se dirigeaient vers les côte françaises amenaient les mines dans nos parages. (à suivre...)
Cuirassé "Richelieu" 1939 (Photo Marius Bar)
Croiseur-école "Jeanne d'Arc" 1930 (Photo Keystone) Ici avec son hydravion (jq 1940)
Cérémonie de remise des diplômes aux stagiaires de la PMM METZ à SARRALBE le 24 mai 2008
Les photos sont sur notre blog UML-blog.skyrock.com pages 1-2 et 3
Le Bulletin "Dans le Sillage des Marins de Lorraine" distribué à nos membres est réalisé par Daniel THIRION, Rédacteur en Chef, aidé des différents auteurs signataires L'adaptation pour le web est réalisé par Léon ROCHOTTE, webmestre - Mise en ligne 21/09/2008
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