UNION des MARINS de LORRAINE 

"Le mystère Lapérouse"

 

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L'Exposition : du 13 mars au 20 octobre 2008

Il est bien difficile aujourd’hui de se représenter ce que pouvait être un voyage de découverte à la fin du XVIIIe siècle. Par le coût et l’ampleur des moyens mis en oeuvre, on peut le comparer à un voyage sur la lune…

Voyage planétaire et historique

Le musée national de la Marine offre au public une plongée exceptionnelle dans l’histoire et l’émotion. Dès l’entrée : fracas et chaos, les visiteurs revivent le drame par une saisissante reconstitution en images virtuelles, retransmettant avec force le naufrage de La Boussole et de L’Astrolabe. Les principaux personnages qui ont contribué à la réalisation de la grande expédition de Lapérouse sont évoqués tout au long du parcours de l’expédition : le roi Louis XVI, Claret de Fleurieu, directeur des ports et arsenaux, rédacteur des instructions pour le voyage, le maréchal de Castries, ministre de la Marine, Lapérouse et Fleuriot de Langle, les deux commandants des bateaux de l’expédition et les savants embarqués.

L ’exposition évoque aussi ceux qui sont partis à leur recherche dès 1791 : d’Entrecasteaux, Peter Dillon, Dumont d’Urville. Puis, restituant le contexte du voyage, l’exposition propose également d’en découvrir les principales escales, ainsi que les travaux qui furent menés par les marins et les scientifiques.

Toute la science de l’époque et celle d’aujourd’hui

Objets d’échanges, outils variés, mais aussi horloges marines de Ferdinand Berthoud, sextants de Ramsden ou de Mercier et quart de cercle astronomique de Langlois pour la détermination précise de la longitude, graphomètre pour les mesures à terre : ces objets et instruments emportés par Lapérouse ont été récemment mis au jour sur le site du naufrage grâce aux travaux des archéologues sous-marins.

Parvenus miraculeusement jusqu’à nous, ces objets ont été les témoins du véritable destin de Lapérouse ; après un voyage exceptionnel de découvertes autour du monde, le silence de l’océan. À côté de ces émouvants vestiges sont présentés de magnifiques instruments de comparaison provenant des collections de l’observatoire de Paris, du musée des Arts et Métiers ou du musée maritime de Londres.

Un marin de légende

Le succès ou l’échec d’un voyage d’exploration autour du monde est étroitement lié au choix des hommes appelés à le conduire.

Tout au long de sa carrière, en toutes circonstances, Lapérouse avait fait preuve des plus belles qualités d’homme et de marin.

Sa brusque disparition dans le Pacifique, et l’absence d’informations durant les deux siècles qui ont suivi, ont contribué à transformer en légende un marin hors du commun.

La crainte puis la confirmation du dramatique naufrage de 1788 agitèrent les esprits et les coeurs jusqu’à ce que, après les péripéties d’une longue recherche, fut apportée la preuve de la perte totale de L’Astrolabe et de La Boussole à Vanikoro.

Pour tous, une odyssée surprenante et passionnante

L’expédition de Lapérouse (1785-1788), ses préparatifs, son déroulement et ses escales, puis sa disparition tragique longtemps restée mystérieuse, les fouilles successives avec leur lot de découvertes signifiantes et émouvantes, sont autant de sujets qui suscitent l’intérêt d’un large public.

Audioguide en quatre langues, visites adaptées pour chacun, animations pour les familles, site Internet et documents d’approche, conférences et colloque sont autant d’éléments que le musée national de la Marine offre aux visiteurs pour une découverte vivante de cette exposition exceptionnelle.

Contexte historique

La Marine au XVIIIe, la découverte du Pacifique

Quels sont le contexte du voyage, la personnalité de ses décideurs, les acteurs de sa préparation et l’ampleur des moyens qui lui sont consacrés ?

En cette fin du siècle des Lumières, les conflits franco-anglais s’achèvent, la guerre de Sept ans close il y a vingt ans, la guerre d’Amérique est conclue en 1783 par le traité de Versailles, et l’on se tourne vers des activités plus pacifiques.

La Marine royale française est une pépinière de savants qui se retrouvent au sein de l’Académie royale de Marine fondée à Brest en 1752.

Alors que l’Angleterre a une avance considérable dans la découverte du Pacifique grâce aux trois voyages menés par James Cook entre 1768 et 1780, Louis XVI décide que la France doit prendre toute sa place dans cette exploration du monde. Un grand voyage, placé sous le commandement de Lapérouse, brillant officier de la Marine royale, est donc programmé.

Les Instructions

Les Instructions sont définies par trois personnalités, le roi Louis XVI dont on sait l’intérêt pour la marine et la géographie, le ministre de la Marine de Castries et le directeur des ports et arsenaux Claret de Fleurieu qui en est le rédacteur. Les objectifs du voyage qui doit durer trois ans, sont variés :

– compléter la cartographie du Pacifique, notamment en ce qui concerne la côte nord-ouest de l’Amérique et la côte asiatique,
– créer des comptoirs pour le commerce des peaux entre la côte ouest de l’Amérique et la Chine,
– mener un programme ambitieux d’observations scientifiques,
– espionner les implantations des autres puissances européennes.

Cette première partie de l’exposition explique le contexte historique par le rappel des voyages de Cook mis en parallèle avec ceux de Bougainville et de Lapérouse.

La préparation du voyage

Les commandants et leurs équipages

C’est du port de Brest que les deux frégates, La Boussole et L’Astrolabe, commandées par Lapérouse et Fleuriot de Langle, appareillent le 1er août 1785.

L’exposition présente des pièces témoignant de l’origine, du parcours et de la personnalité des chefs de l’expédition. Elle montre aussi le rôle d’équipage composé d’officiers, de savants, de marins et d’artistes.

« Les Bretons sont ceux les plus propres à faire des campagnes de ce genre, leur force, leur caractère et le peu de calcul qu’ils font sur leur avenir doivent leur faire donner la préférence. » Ainsi parle le comte d’Hector, à l’époque intendant du port de Brest.

À bord, s’entassent deux cent vingt hommes avec le matériel et les vivres nécessaires à une telle expédition. On n’oublie pas les marchandises d’échanges pour développer les contacts avec les populations locales, et se procurer des vivres frais.

La préparation scientifique

Une douzaine de savants et d’ingénieurs, choisis parmi les meilleurs de leur temps, et accompagnés de trois dessinateurs, emportent à bord une bibliothèque impressionnante et les instruments les plus sophistiqués (chronomètres, observatoire portatif) afin d’accomplir leurs missions dans tous les domaines (cartographie, astronomie, géographie, histoire naturelle, physique).

À Londres, l’ingénieur Monneron se renseigne au sujet de la prévention du scorbut et des marchandises d’échanges à embarquer, et acquiert des instruments de précision.

L’armement des navires

Deux flûtes, modestes mais robustes, sont spécialement transformées et adaptées pour ce voyage.

Les fouilles archéologiques sous-marines ont permis de retrouver fragments de doublage, corps de pompe, gueuses de fer ou saumons de plomb, ancres, rouets de poulie en bronze, témoins de l’architecture navale du temps, tandis que cloches de bord, meules, briques de four ou chaînes de paratonnerre évoquent les conditions de vie à bord. Des objets liés aux échanges rappellent ici, la nécessité de commercer avec les naturels : ce sont des casques de dragon et des hausse-cols, des sifflets, des perles et de la verroterie, des barres et des outils en fer. Les piastres d’argent espagnoles, le « dollar » de l’époque, étaient destinées à servir aux achats dans les colonies espagnoles, en Russie et en Chine.

 

Vue du mouillage des frégates françaises à l’île de Mowée, Blondéla, (îles d’Hawaii), détail - SHD, département Marine © MnM/P. Dantec

 

Une aventure humaine et scientifique

Le voyage planétaire

Cartes, dessins et documents originaux du voyage racontent l’histoire et toutes les étapes d’une extraordinaire expédition dans le Pacifique, avec sa moisson de découvertes et d’enseignements, jusqu’à la mystérieuse disparition des deux frégates après l’escale de Botany Bay en Autralie.

Exceptionnellement réunis pour l’exposition, les objets et spécimens découverts lors des dernières fouilles et témoignant de l’ampleur des collectes et des échanges commerciaux effectués au cours du voyage enrichissent le parcours.

C’est une aventure scientifique, mais surtout une aventure humaine. La vie quotidienne à bord, dans une promiscuité et un entassement permanents, l’alimentation, les problèmes de santé et d’hygiène, la place de la vie spirituelle sont évoqués à travers des objets du bord, des représentations, récits et évocations à taille réelle de certains espaces des navires.

De Brest aux îles Hawaï

D’abord, l’évocation de la grande-chambre, centre des activités de l’état-major, montre l’espace où officiers et scientifiques prennent leurs repas et travaillent.

Escale de Ténériffe, août 1785, l’astronome Monge débarque pour des raisons de santé.

Ici sont expliquées les diverses méthodes de calcul des longitudes, indispensable pour situer sa position. Pour ce faire, deux méthodes : calcul grâce aux horloges marines ou par les distances lunaires, à bord et à terre. Tente d’observatoire, quart de cercle de Langlois, lunette méridienne, Traité des Horloges marines de Berthoud, sextant, cercle de Borda, tables astronomiques, télescope entres autres documents évoquent les instruments de l’époque mis à la disposition de l’astronome Lepaute Dagelet.

En Amérique du Sud, les escales sont Sainte-Catherine au Brésil du 6 au 19 novembre 1785, La Conception au Chili du 24 février au 15 mars 1786 où, lors d’une fête, est utilisé le ballon emporté par Monneron.

L’escale du 9 au 10 avril 1786 dans l’archipel de Hawaï est particulièrement émouvante, c’est ici que Cook a été tué par les naturels en 1779. Des vues de scènes d’échange, tapas et calebasses montrent la nécessité de créer un rapport pacifique avec les populations rencontrées. Cela importe d’autant plus que, à chaque escale, il est vital de pouvoir approvisionner le navire de vivres frais, d’eau douce et de bois.

D’Alaska en Californie

L’escale au Port des Français (aujourd’hui Lituya Bay, en Alaska) du 4 au 30 juillet 1786, a pour but la négociation de peaux de loutres de mer. Elle est dramatiquement marquée par la noyade de 21 marins lors d’une reconnaissance de l’approche de la baie le 13 juillet. Une lettre de Fleuriot de Langle et un extrait du journal original de Lapérouse évoquent cette catastrophe représentée en 1806 par L.P. Crépin dans une grande peinture d’histoire demeurée célèbre.

Brosse en os, élément de harpon et d’hameçon, dent d’ours perforée, outils divers en pierre, dont un magnifique pilon en forme de tête de lamentin font partie des nombreux objets ethnographiques collectés dans la zone américaine.

L’escale de Monterey en Californie du 15 au 24 septembre 1786 est, dans le cadre de l’exposition, l’occasion de montrer le travail des scientifiques polyvalents que sont les naturalistes : La Martinière, le Père Receveur, également aumônier à bord de L’Astrolabe et Collignon, le jardinier. Dessins de promerops, perdrix ou oursins, caisses de transport des plantes, graines de muscade, coquillage et minéraux, fioles en verre et pots en terre cuite, pilon, scalpels, épingles et pince sont autant d’illustrations de ces activités.

De Californie à Macao

L’escale à Macao dure un mois du 3 janvier au 5 février 1787. On y vend les pelleteries (fourrures) et Dufresne repart vers la France avec tous les documents liés au commerce des peaux de loutres de mer. Tandis que Duché de Vancy brosse la vue de la ville, des achats de porcelaine s’opèrent. Parmi les pièces exposées pour illustrer ce propos, on traite de la vaisselle retrouvée lors des récentes fouilles archéologiques sous-marines : bols, bouteilles, plats, théières, plaque pour égoutter les viandes, ainsi que les éléments d’un service complet et armorié commandé par l’abbé Mongès pour sa congrégation des Génovéfains.

Des Philippines au Kamtchatka

Escale à Cavite (Manille) du 28 février au 9 avril, un observatoire est installé à terre.

Lors de la navigation en mer de Chine, mer du Japon et sur la côte de Tartarie, (aujourd’hui la Sibérie) on observe, aux différentes escales, des pratiques locales, comme l’utilisation des peaux de saumon pour les vêtements. Les dessins de Blondéla et Duché de Vancy témoignent des sites, des navires et des coutumes des habitants. Cet espace met également en valeur l’activité cartographique des ingénieurs géographes, Monneron, Bernizet, Blondéla.

A l’escale du Kamtchatka du 7 au 30 septembre 1787, le jeune Barthélémy de Lesseps débarque et regagne la France après treize mois de voyage à travers toute la Russie.

« En m’annonçant que vous aviez jeté les yeux sur moi, pour accompagner M. le comte de Lapérouse en qualité d’interprète, vous eûtes la bonté de donner à mon zèle les encouragements les plus flatteurs. J’étais loin de prévoir alors l’heureux terme de mon voyage, de croire qu’il me fût réservé de rapporter à mon auguste monarque, le journal curieux de nos premières découvertes ».

Du Kamtchatka aux îles Samoa

Du 9 au 14 décembre 1787, La Boussole et L’Astrolabe font relâche aux îles Samoa. Le plein de vivres frais est effectué contre échanges de rassades (perles de verroterie). Une dernière expédition à terre pour faire le plein d’eau se solde par un terrible massacre dans lequel disparaissent le commandant Fleuriot de Langle, le physicien naturaliste Lamanon et dix marins. « La mort de Langle qui avait la confiance et l’amitié de son équipage, mit tout le monde au désespoir ».

Ici sont abordés le thème de l’hygiène à bord, et les différentes interventions médicales, effectuées par les chirurgiens Rollin et Lavaux. Des vestiges d’instruments de chirurgie et de médecine retrouvés sur les épaves sont mis en regard d’instruments de l’époque provenant de l’École de médecine navale de Rochefort. Le coffre de mer contenant les flacons de drogues et remèdes embarqués est évoqué.

Escale de Botany Bay, Australie

Du 26 janvier à la mi-mars 1788 se déroule dans la région de Sydney l’ultime escale connue des bâtiments de l’expédition, où ils arrivent peu après une flotte anglaise venue fonder la première colonie britannique en Australie.

« Je partirai le 15 mars de Botany Bay, et je ne perdrai pas mon temps jusqu’au mois de décembre, époque à laquelle je compte arriver à l’île de France. »

Présentant des objets religieux embarqués, dont une exceptionnelle pierre d’autel sur laquelle était célébrée la messe à bord de La Boussole, cette section traite de la pratique religieuse et du rôle des aumôniers.

Escale en Nouvelle-Calédonie

Une tradition orale rapporte que « des blancs seraient venus enterrer quelque chose sur la plage de l’îlot Konième sur la côte Ouest de Nouvelle Calédonie. »

Un graphomètre retrouvé ultérieurement tend à conforter cette hypothèse.

Enquête dans le Pacifique sud

La quête pluriséculaire

En France, l’inquiétude s’installe.

« L’humanité vous commande ; le sentiment vous entraîne ; il faut voler au secours de nos frères. »

L’expédition d’Entrecasteaux

Au début de l’année 1791 après trois ans sans nouvelles, à la demande du Roi et de plusieurs sociétés savantes, l’Assemblée nationale ordonne l’organisation d’une expédition de recherche, mais aussi « utile et avantageuse à la navigation, à la géographie, au commerce, aux arts et aux sciences », dont le commandement est confié à l’amiral Bruni d’Entrecasteaux.

À bord, l’hydrographe Beautemps-Beaupré dont les travaux sont marquants.

Ce voyage est un rendez-vous manqué. Epuisés, décimés par les fièvres, la dysenterie et le scorbut, les hommes de La Recherche et de L’Espérance voient dans un grand éloignement une île qu’ils nomment La Recherche. En fait, Vanikoro « découverte et perdue », où on l’apprendra plus tard, résident deux survivants de l’expédition malheureuse. Cette quête infructueuse ne fait que renforcer le mystère qui se construit autour de la disparition de Lapérouse.

En 1797, la publication du « Voyage de Lapérouse autour du monde », en quatre volumes de textes et un volume de planches à partir des documents rapportés par Lesseps, met en lumière les résultats réunis par le chef d’expédition et contribue à la création d’un véritable mythe autour du navigateur disparu, acteur malheureux mais héroïque de l’histoire maritime de la France.

Un aventurier des mers du sud

Le mystère s’épaissit alors que des récits circulent au sujet d’éventuels survivants du naufrage. Il n’est levé qu’en 1827, lorsque Peter Dillon, capitaine irlandais familier du Pacifique, localise avec certitude le lieu du naufrage. Il recueille des témoignages oraux, réalise une enquête minutieuse et achète une quantité importante d’objets français confirmant les naufrages.

L’exposition présente ici les deux morceaux d’une garde d’épée en argent trouvés à Tikopia, premiers indices qui mettent Dillon sur la voie de Vanikoro.

L’expédition Dumont d’Urville

Quarante ans après le naufrage, Dumont d’Urville localise l’une des épaves le 26 février 1828. Il collecte des vestiges dans les fonds sous-marins, « j’envoyais la chaloupe relever au moins une ancre et un canon, comme preuves irréfutables du naufrage de nos infortunés compatriotes. Mais, le nombre des malades et des gens hors service lui imposant de se rendre par le plus court chemin dans quelque port habité par les Européens », il prend cependant le temps d’ériger un cénotaphe à la mémoire des marins disparus, en baie de Manévaï.

Vanikoro, une île inconnue

Minuscule île de l’archipel des Santa Cruz dans le sud des îles Salomon en Océanie, Vanikoro la mystérieuse, redoutable par son climat, a toujours une fort mauvaise réputation. Il y pleut quasi en permanence, tantôt une puissante pluie tropicale, tantôt un fin crachin. Chaleur constante, grande humidité, c’est un paradis pour les moustiques. Ilot volcanique entouré de récifs sur lesquels vient se briser la mer, des plages de sables noir, une mangrove impénétrable hantée par les caïmans, surplombée des pics couverts de kaoris.

« Le climat est malsain, même pour les naturels qui sont couverts d’ulcères et souvent malades… Il est mortel pour les Européens ».

C’est « l’île maléfique ».

Aujourd’hui encore, elle demeure sans électricité, ni adduction d’eau, ni routes.

La projection d’images réalisées par Atom Production permet de ressentir l’atmosphère de Vanikoro et d’approcher les difficiles conditions de vie des survivants du naufrage dans un camp à terre.

Le développement du mythe

Après la Révolution, l’image ternie du Roi mérite d’être réhabilitée. Lapérouse fait partie des figures emblématiques choisies par la Restauration pour attester des ambitions de Louis XVI pour la France. L’extrême difficulté de retrouver le lieu d’un naufrage en plein Pacifique avec les moyens de l’époque est soulignée. « Commence le mystère de la disparition des hommes. » Les vestiges rapportés par Dillon sont remis solennellement au roi Charles X en 1829.

Ils sont confiés au musée de la Marine qui les expose sur un obélisque dans une salle spécialement dédiée à Lapérouse. Le tableau de Monsiau « Louis XVI donnant des instructions à Lapérouse, 19 juin 1785 » peint à la demande de Louis XVIII en 1817, une reconstitution épurée du monument commémoratif composé des objets rapportés en 1829 dans la salle Lapérouse du musée de la Marine, une abondante littérature, gazettes ou journaux de l’époque, pièces de théâtre, poèmes, tant en France qu’en Angleterre, entretiennent la mémoire de ce tragique épisode.

Les recherches de l’ère moderne

Il faut attendre la fin des années 1950 pour que l’on s’intéresse à nouveau à l’île du naufrage, grâce à l’action d’Haroun Tazieff, puis de la Marine nationale.

Le Néo-Zélandais Reece Discombe retrouve le gisement découvert par Peter Dillon.

Il pilote la mission française dans laquelle figure le chef du service historique de la Marine, l’amiral de Brossard, à bord de La Dunkerquoise. Rapport de fouilles, plaque d’autel du Père Receveur, cloche, quart de cercle rappellent cette fouille de 1964. Toutes ces missions sont le point de départ des expéditions archéologiques organisées par l’Association Salomon, basée à Nouméa, à partir de 1981 et jusqu’en 2005. La ténacité et le travail inlassable de cette équipe passionnée ont aujourd’hui porté leurs fruits.

La collaboration avec des chercheurs australiens du Queensland Museum de Brisbane, puis le concours du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines du ministère de la Culture et de la Communication (DRASSM) ont permis une programmation scientifique des fouilles, l’étude et la conservation de tous ces objets collectés.

Les deux épaves sont formellement identifiées et l’on a retrouvé les restes du camp établi à terre par les survivants du naufrage.

Archéologie moderne en mer et à terre

Les trois sites sont présentés, celui de la faille où gît l’épave de La Boussole, celui de la fausse-passe où L’Astrolabe s’est échouée et le site terrestre appelé Camp des Français. Ce camp est évoqué par un diorama et des pièces émouvantes recueillies à terre tels un « pied de roi », canon de méridienne, pile à godets, boutons d’uniformes, élément de quart de cercle témoignant de la vie à terre des membres rescapés de l’expédition.

Une vitrine met en valeur le mobilier archéologique particulièrement exceptionnel : plat armorié, sablier, sextant de Mercier, compas azimutal de Gregory et des objets personnels des membres de l’expédition.

Reconstitution de la faille

Grâce aux saisissantes images réalisées au fil des trois dernières campagnes de fouille par Yves Bourgeois (ATOM Production), le public est projeté au coeur des recherches avec les archéologues, sur les différents sites de Vanikoro.

Cependant de nombreuses interrogations demeurent : que sont devenus les marins du Camp des Français ? Ont-ils réussi à quitter l’île à bord d’embarcations de fortune, comme le suggère la tradition orale ? Sont-ils tous morts à Vanikoro ?

Parviendra-t-on un jour à identifier le squelette complet retrouvé en 2003 dans la faille ?

Publications

Le beau livre de l’exposition

Le mystère Lapérouse ou le rêve inachevé d’un roi

Cet ouvrage de référence retrace le voyage de Lapérouse au travers d’un état des connaissances complet et rend compte des découvertes archéologiques les plus récentes. La publication synthétique que l’on attendait !

Éditions de Conti / Association Salomon, avec la participation du musée national de la Marine / Diffusion Harmonia mundi

416 p., 39,90 euros

Album

Le mystère Lapérouse

Le parcours tout en images de l’exposition, textes courts, présentation luxueuse : l’album souvenir !

Edition musée national de la Marine

24 p., 5 euros

Multimedia

L’exposition en ligne sur www.musee-marine.fr

Un parcours virtuel, une exploration interactive des grands thèmes de l’exposition et une découverte des objets les plus étonnants.

Source : Musée de la Marine

Exposition réalisée en collaboration avec l'association SALOMON et le Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASS) ministère de la culture et de la communication grace au concours exceptionnel du Musée de l'Histoire Maritime de Nouvelle-Calédonie, avec la participation des Archives Nationales, ville de Paris.

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