"Objectif Corée" 28 Janvier 2002 © MINEFI - DREE

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Actualités:

- Le système bancaire et financier coréen : une restructuration en panne ?
   yves.dericaud@dree.org 

Alors que l'assureur américain AIG renonce à la reprise des filiales financières de l'ex-groupe Hyundai (voir ci-après), le gouvernement coréen proclame sa détermination à poursuivre la privatisation et l'assainissement du secteur bancaire. Prochaine étape: l'émission de 500 millions de dollars de certificats de dépôts, prélude à la vente au privé de 15% du capital de la Chohung Bank, une des banques coréennes les plus mal en point.

Devrait suivre, la vente de 17% du capital de la banque Woori, la privatisation de la Seoul Bank (HSBC puis Dresdner s'étaient déclarées intéressées puis se sont désistées), la cession à la banque coréenne Shinhan de la majorité (51%) du capital de la Cheju Bank et la vente d'autres actifs encore détenus dans des banques maintenant contrôlées par le secteur privé (Korea First, Kookmin, KEB).

Au total, l'administration se donne de trois à quatre ans pour réaliser l'intégralité du programme de privatisation des banques coréennes, la privatisation étant le corollaire de leur restructuration. Aujourd'hui encore, la distinction est très nette entre le groupe des banques les plus rentables, conduit par Shinhan, le partenaire de BNP-Paribas et qui sont majoritairement aux mains du secteur privé, et celui des banques contrôlées par l'Etat pour l'essentiel et qui, pour six d'entre elles concentrent la majorité des encours non performants du système bancaire.

Il n'empêche qu'aujourd'hui la situation du système bancaire coréen dans son ensemble s'est considérablement améliorée, la part des encours non performants dans le total des engagements étant passée de 13,6% en 1999 à 7,6% au premier trimestre 2001. Le risque systémique coréen associé à la fragilité du système tend donc à s'éloigner. Il a été, pour une part, reporté sur l'Etat qui s'est substitué au privé défaillant et dont la situation financière apparaît plutôt saine. La privatisation consacrera et pérennisera ce redressement, offrant des opportunités aux nouveaux arrivants notamment étrangers. Il est à parier cependant que les grands groupes coréens continueront de faire pression sur l'Etat pour qu'il assouplisse les contraintes réglementaires qui les empêchent de se développer en direction d'un secteur bancaire et financier coréen sans doute prometteur, mais qui continue de faire hésiter certaines des grandes banques étrangères intéressées.

Secteurs

- L’internet haut débit devient mobile à partir de février
   guillaume.briand@dree.org 

29 millions d’abonnés mobiles en novembre (61% de la population) 3,6 millions d’abonnés aux services wireless LAN prévus en 2005

En Corée du Sud, l’internet haut débit a déjà séduit 8 millions de foyers (50% des ménages) grâce notamment à la popularisation des solutions xDSL. En outre, le lancement récent des services CDMA 2000-1x EV-DO (voir Objectif Corée 21 décembre) offre aujourd’hui aux 47 millions de Coréens l’accès à des contenus multimédias, via leur téléphone mobile, à des débits de 2,4 Mbps.

Mais l’étape que s’apprêtent à franchir les opérateurs coréens, de téléphonie fixe comme de téléphonie mobile, différente par la nature du service, va plus loin. En effet, KT avec son service Nespot, Hanaro Telecom avec son offre HanaFos Anyway, et plus tard SK et LG, vont proposer, dès février, un accès Wireless LAN : 11 Mbps max. sur un rayon de 100 m

Nespot utilise le standard IEEE802.1x sans fil à 11 Mbps, et ce via le déploiement de réseaux wireless LAN (local Area Network).

Certains campus universitaires mais aussi certains hôtels (JW Mariott, Chosun Hotel), le centre commercial COEX ainsi que plusieurs stations de métro à Séoul sont déjà équipés des infrastructures qui permettent aux usagers d’accéder à l’internet via leur PC portable ou leur PDA équipé de carte modem sans fil.

KT, qui teste ses services depuis octobre dernier, compte investir 100 milliards de wons (86 millions d'euros) dans le déploiement de son réseau. Ce dernier devrait couvrir, d’ici la fin de l’année, 10 000 emplacements contre une cinquantaine aujourd’hui. La volonté du Président de KT, M. Sang-Chul LEE, de faire de la prochaine coupe du monde le premier «e-événement», devrait très certainement porter cet ambitieux projet. L’opérateur historique KT estime que ces nouveaux services séduiront 3,6 M d’abonnés d’ici 2005.

- Retrait d'AIG des négociations pour la reprise des filiales financières du groupe Hyundai
   alexis.massot@dree.org 

La reprise des filiales financières de Hyundai aurait été le plus important investissement direct étranger dans le secteur financier

Un retrait sans réelle surprise

Les efforts réalisés dans le secteur financier incitent le gouvernement à ne pas brader ses actifs

Le 18 janvier, American International Group a annoncé qu'il se retirait des négociations pour la reprise par le groupe d'assurances américain des filiales financières de l'ex-groupe Hyundai : Hyundai Securities co., Hyundai Investment Trust & Securities et Hyundai Investment Management. Ce retrait intervient après 18 mois de négociations entre AIG et W.L. Ross d'un côté et le gouvernement coréen de l'autre. Un protocole d'accord avait été signé entre AIG / W.L. Ross et le gouvernement coréen au mois d'août dernier, dans lequelle consortium américain se proposait de prendre le contrôle des trois sociétés pour un montant de 835,9 millions de dollars (934 millions d'euros), ce qui aurait représenté l'investissement direct le plus important réalisé par une société étrangère dans le secteur financier coréen. La raison de l'échec serait le refus du gouvernement coréen de s'engager à prendre en charge l'intégralité des éventuelles dettes cachées qui seraient mises en évidence après la reprise des filiales de Hyundai par le consortium. Malgré la défection de AIG, W.L. Ross s'est déclaré prêt à rechercher un nouveau partenaire étranger et à poursuivre les négociations. Côté coréen, on dit avoir déjà reçu plusieurs propositions alternatives.

Unanimement présenté comme un grave revers pour le processus de restructuration financière conduit par le gouvernement coréen, cet échec n'apparaît toutefois pas comme une surprise pour les familiers du dossier. AIG avait en effet à de nombreuses reprises menacé de quitter la table des négociations pour faire prévaloir ses vues. Par ailleurs, la cohérence de ce projet par rapport à la stratégie globale d'AIG en Asie et en Corée n'apparaissait pas clairement. Alors qu'AIG s'est engagé en Asie dans un vaste effort de pénétration du marché de l'assurance, sa présence dans ce domaine en Corée, pourtant l'un des tout premiers marchés mondiaux de l'assurance, reste relativement discrète. A l'inverse, AIG aurait acquis avec les filiales de Hyundai une position dominante sur le marché des maisons de titres et de la gestion de portefeuille, ce qui aurait représenté pour cette société une première mondiale. Dès lors, si le retrait d'AIG de ce dossier semble bien définitif, celui-ci devrait néanmoins rester actif sur le marché coréen de l'assurance où de nombreuses occasions sont à saisir.

Sur le fond, après l'échec récent de la reprise de Seoul Bank par Deutsche Bank, le retrait d'AIG confirme la détermination du gouvernement coréen à ne pas brader ses actifs financiers les plus prometteurs. Le rétablissement incontestable du secteur financier et l'attrait indéniable qu'il représente pour des investisseurs étrangers permet aux autorités coréennes d'être peut-être plus exigeantes que dans le domaine industriel où la restructuration est moins tangible et la valeur intrinsèque des actifs est moindre. D'autre part, compte tenu des sommes très importantes consacrées depuis 1998 au renflouement du secteur financier, une négociation trop favorable au repreneur, étranger de surcroît, serait très mal perçue par l'opinion publique.

 

- Restauration hors-foyer : un secteur à fort potentiel
   eric.loubet@dree.org 
   
   + 8,9 % de croissance pour le secteur de la restauration hors foyer
Les restaurants de type familiaux se développent rapidement et sont les plus en vogue en Corée
Le revers de la médaille : formation et concurrence
La restauration traditionnelle en manque de stratégie pour faire face à l'avalanche de nouvelles enseignes
Une présence française encore trop timide, compte tenu du potentiel du marché
Des opportunités de partenariat à saisir !!!

Selon l'Office des statistiques, l'industrie coréenne de la restauration hors foyer a enregistré une croissance d'environ 8,9% entre 2000 et 2001.

Cette progression s'explique en partie par la bonne tenue de la consommation intérieure qui joue un rôle déterminant dans le maintien de la croissance de l'économie coréenne, par le lancement de nouveaux produits et par la baisse des tarifs pratiqués par les grandes enseignes de la restauration rapide. En effet, ces dernières se sont vues contraintes de réduire leurs prix pour rester compétitives face à la concurrence croissante et l'augmentation du nombre de points de vente, notamment dans les provinces.

Notons toutefois que cette croissance se répartit différemment en fonction des segments de marché considérés. Pour l'année 2000/2001, ce sont les "family restaurants" qui ont bénéficié de la plus importante progression. Le nombre de restaurants de ce type est passé en l'espace de 2 ans (2000 – 2001) de 86 à 143.

Les enseignes dominantes sont en nombre et en chiffre d'affaires : TGI Friday's, Bennigan's, Sky Lark et Coco's. Toutefois, le tableau s'assombrit du fait de la concurrence croissante qui oblige les enseignes à réaliser de plus en plus de campagnes publicitaires nécessaires pour attirer les clients. Cette publicité fait chuter la rentabilité de ces dernières. Un autre obstacle pour les restaurants de type familial réside dans la difficulté de ces enseignes à trouver du personnel qualifié. Pour combler ce manque, certaines d'entre elles ont puisé dans leurs fonds propres pour créer des établissements de formation.

Les restaurants coréens, qui représentent environ 80% des parts de marché de la restauration hors foyer, sont en perte de vitesse. Leur manque d'agressivité commerciale et de politique de communication les rendent impuissants face à l'apparition de nouvelles enseignes qui bénéficient bien souvent d'un effetmode qui s'appuie fortement sur les jeunes générations.

La présence française dans ce secteur est à ce jour plutôt faible, même si des implantations sont en cours, ou verront le jour au cours de l'année 2002. Citons par exemple des enseignes comme Hippopotamus qui devrait normalement ouvrir son premier restaurant au mois de mai 2002, ou la sandwicherie haut de gamme LINA'S qui vient d'inaugurer son premier point de vente le 17 janvier dernier. L'image de la cuisine française est pourtant excellente, à en croire le sondage mené auprès de 1460 internautes par le site internet culinaire Delicook. En effet, les personnes interrogées placent la cuisine française au premier rang des cuisines que les Coréens ont le plus envie d'apprendre.

Il semblerait que la demande coréenne ne soit pas encore satisfaite, à en croire certaines entreprises coréennes qui souhaitent trouver de nouvelles enseignes françaises dans le secteur de la boulangerie-pâtisserie. Ainsi, la société Crown Bakery s'est déplacée en France au mois de janvier pour approcher des enseignes françaises. Le groupe Lotte nous avait également contacté au mois de décembre pour une demande similaire. L'effet Coupe du Monde devrait, comme cela avait été le cas lors des Jeux Olympiques de 1988, ouvrir encore un peu plus la Corée sur les modes de consommation occidentaux et sur les nouveaux partenaires commerciaux.


Éditeur :
      Mission Économique de Séoul
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Directeur de la publication :Yves de Ricaud yves.dericaud@dree.org 
Date de parution : 28 janvier 2002

 

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