"Objectif Corée" 22 août 2002 © MINEFI - DREE

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Actualités

- Quelle ouverture pour la Corée du Nord ?

marie.bonnet@dree.org

Entre volonté réelle de libéralisation à moyen terme et simple reconnaissance d’un trop grand décalage entre économie officielle et marché parallèle

Depuis que les rumeurs sur les réformes économiques en Corée du Nord semblent se confirmer – sinon dans les détails du moins sur le principe -, les analyses vont bon train sur les objectifs poursuivis par Kim Jong-il et son entourage. La hausse des prix de certains biens et des salaires des militaires et des mineurs décidée par les autorités, la dévaluation du won et la relative autonomie de gestion accordée aux entreprises, se traduisant par la suppression des subventions automatiques et la possibilité d’augmenter les salaires, constituent-elles les premiers pas vers une libéralisation de l’économie ? Ou témoignent-elles, plus trivialement, de la volonté des autorités d’assécher à leur profit l’économie parallèle en alignant l’économie officielle sur les niveaux de prix qui y sont pratiqués et la dollarisation, même marginale, qui y prévaut ?

En faveur de la première hypothèse, le Korean Institute for National Unification (KINU) évoque un voyage effectué par Kim Jong-il à Shanghai en janvier dernier et qui l’aurait convaincu de la possibilité pour un régime communiste de demeurer communiste tout en ouvrant son marché. Mais peut-on négliger que la Chine et la Corée du Nord sont en bien des points dissemblables et que la réussite de l’une n’est en rien un gage de succès pour l’autre ?

Des mesures conjoncturelles insuffisantes à enrayer la faillite économique

A l’inverse, certains observateurs font valoir qu’un système dans lequel les niveaux de prix et de salaires relèvent toujours d’un processus de décision gouvernemental reste un système d’économie administrée et que, pas plus que par le passé, le pays n’entend s’engager sur la voie de l’ouverture.

En 1992, la Corée du Nord avait procédé à des hausses de prix et de salaires, sans autre conséquence qu’une hyper-inflation. Parce qu’alors il ne s’était agi que de mesures conjoncturelles qui ne pouvaient suffire à pallier les déficiences structurelles de l’économie. Or, ces dernières semblent s’être considérablement aggravées depuis. Les mesures adoptées au début de l’été ne pourront donc être analysées comme les prémices d’une libéralisation qu’à la condition que soit amorcée concomitamment la remise à niveau de l’appareil industriel et que se développe un système bancaire digne de ce nom. Mais pour ce faire, et comme le souligne le très respecté Samsung Research Economic Institute. la Corée du Nord a besoin d’aide extérieure. D’où, sans doute, la frénésie du régime à relancer le dialogue diplomatique avec la Corée du Sud, la Russie, le Japon et les Etats-Unis. En diversifiant ainsi bailleurs de fonds et partenaires, Kim Jong-il pourrait espérer retrouver une forme de dynamisme économique, sans trop déstabiliser son pouvoir.


Secteurs

- Exportations agroalimentaires (5 premiers mois 2002)

 Auteur de l’article
 eric.loubet@dree.org 
Croissance des exportations de produits agroalimentaires vers la Corée: +2,1% sur les 5 premiers mois 2002

En 2001, la Corée du Sud occupait la place de 5ème client asiatique de la France pour les produits agroalimentaires (106,9 millions € exportés). Les chiffres transmis par le CFCE pour les 5 premiers mois de l'année 2002 affichent une légère progression (+2,1% en valeur et +13,5% en volume) par rapport à la même période l'année précédente. Les produits exportés pour un montant supérieur à 1 million € au cours de cette période sont, par ordre décroissant en valeur : les spiritueux (+36%), les vins (+18%), les préparations à base de farine (-15,7%), le lactosérum (-10,3%), la chocolaterie (+80,4%) et le lait en poudre (+53,9%).

Certains produits agroalimentaires français sont en fort développement, comme les fruits et légumes en conserves, les confitures ou les conserves de poissons.

D'autres produits, malgré leurs faibles performances à l'exportation sur le marché sud coréen, bénéficient d'un fort potentiel : la bière et les produits maltés (ouverture en août 2002 de la première micro-brasserie à Séoul) ou les fromages qui se heurtent encore à une réglementation trop contraignante pour pouvoir tirer parti du potentiel du marché.

Reprise des négociations sur la viande de porc

Les faits marquants qui devraient jouer en faveur des entreprises agroalimentaires françaises au cours du deuxième semestre 2002 sont :

1. L’annonce, le 9 août, par les autorités coréennes de la reprise des négociations franco-coréennes sur la viande de porc. La viande de porc pesait 46 millions € dans nos exportations vers la Corée du Sud en 2000.

2. Le développement du marché des vins qui se poursuit (+35% sur le premier semestre 2002), avec le pic des ventes attendu au mois de septembre pour la fête de Chusok et, en novembre, pour la fête du Beaujolais Nouveau.

Nov. 2002 : Exposition de vins et spiritueux à Séoul , Mars 2003 : pavillon français sur un salon agroalimentaire

La Mission Economique accompagnera les efforts de prospection des entreprises françaises, par le biais d'actions de promotion telles qu'une exposition de vins et spiritueux au mois de novembre 2002 et par la présence d'un pavillon France géré par la Sopexa, lors du prochain Food and Hotel Korea en mars 2003 (concernant ces deux événements, informations disponibles sur simple demande à la ME).


- "L'effet coupe du monde" s'avère décevant ... pour l'instant.

 Auteur de l’article
 alexis.massot@dree.org 
Révision à la baisse des prévisions de croissance

A l'heure où paraissent les premières analyses sérieuses sur l'impact de la coupe du monde de football sur les économies coréenne et japonaise, force est de constater que l'impact médiatique et sportif semble dépasser de loin l'impact économique à court terme. D'ores et déjà, et contrairement à la France en 1998, la Corée du Sud figure au nombre des pays organisateurs dont les prévisions de croissance sont revues à la baisse à l'issue de la compétition. Les prévisions de croissance pour l'année, qui approchaient 7% au début de l'été (6,8% pour la Banque de Corée), commencent à être révisées légèrement à la baisse, sans doute autour de 6%. En 1998, la France avait bénéficié d'un indéniable "effet coupe du monde" avec un taux de croissance de 3,2% (contre 1,9% en 1997), qui s'était manifesté par une amélioration brusque de la confiance des ménages et un redémarrage de la consommation privée. Dans le cas de la Corée, l'indice de confiance des ménages et des chefs d'entreprises a bien connu un pic au mois de juin dernier, mais l'impact sur la confiance a commencé à s'estomper dès le mois de juillet.

Ralentissement de l'activité pendant la coupe du monde.... ... Moins de touristes japonais au mois de juin

Sur le fond, la période de la coupe du monde s'est paradoxalement traduite par un ralentissement de l'activité, qui a nui au rythme de la reprise engagée depuis la fin de l'an dernier. La ferveur populaire qui a accompagné la compétition et la multiplication des jours fériés ont entraîné un ralentissement très net de la croissance de la production industrielle et de la consommation privée, qui sont passées respectivement de +7,8% à +5,3% et de +10,1% à +4,7% entre le mois de mai et le mois de juin. D'après la Banque de Corée, l'investissement des entreprises s'est même contracté en juin (-7,5%) après trois mois consécutifs de croissance. Simultanément, les flux touristiques et le secteur de la construction, qui sont traditionnellement stimulés par l'organisation de ce type d'évènement n'ont pas été à la hauteur des résultats escomptés. D'après le ministère de la Culture et du Tourisme, le nombre d'arrivées en Corée a diminué au mois de juin du fait du moindre nombre de touristes japonais (140 000 en juin 2002 contre 225 000 en juin 2001, -40%).

Un impact à long terme forcément positif

Bien entendu, la coupe du monde de football ne porte pas à elle seule la responsabilité de la révision à la baisse des prévisions de croissance pour 2002. A ces résultats décevants sont venues s'ajouter l'une des plus dures grèves qu'ait connu le secteur automobile coréen au cours des dernières années et l'incertitude croissante quant à l'évolution de la conjoncture américaine. Par ailleurs, ce constat à chaud n'engage pas l'avenir : de toute évidence, l'impact à long terme de la coupe du monde de football sur l'économie coréenne ne peut être que positif dans la mesure où il contribuera à combler le déficit d'image dont souffre la Corée à l'étranger. Dans le contexte actuel de forte appréciation du won, ce coup de pouce en termes de reconnaissance devrait redonner de la vigueur à la compétitivité des exportations coréennes et confirmer le redémarrage en valeur des exportations constaté depuis le mois d'avril dernier.


- Libéralisation de la production électrique : privatisation annoncée de Korea South-East Power Co.

   Auteur de l’article
   xavier.fravaldecoatparquet@dree.org 
La création de 6 "Gencos", dont 5 privatisables : 1ère étape accomplie dans le processus de libéralisation du secteur électrique

Après avoir été rejeté en décembre 1999, le projet de privatisation de la compagnie nationale d'électricité, KEPCO, a été voté en décembre 2000 par l'Assemblée Nationale ("Act on promotion of restructuring of the electric power industry"). Conformément à ce texte, le 2 avril 2001, la production électrique du monopole public national a été scindée en 6 entités distinctes, appelées "Genco" (Generation Company). 5 d'entre elles, en charge de la production thermique se partagent équitablement plus de 32 GW, alors que les unités hydrauliques et nucléaires ont été placées dans une entité distincte. La privatisation des 5 Gencos thermiques doit s'effectuer progressivement à partir de cette année, alors que les capacités nucléaires et hydrauliques resteront sous le contrôle de l'Etat. Suivra ensuite la privatisation du secteur de la distribution qui est prévue entre 2003 et 2009, période pendant laquelle sera mise en place un « marché spot ».

KOSEPCO, 1ère "Genco" mise en vente par appel d'offres international

Le 16 juillet dernier, le gouvernement coréen et KEPCO (dont les conseillers financiers sont JP Morgan, UBS Warburg et Daewoo Securities), ont choisi Korea South-East Power Co. (KOSEPCO), comme première "Genco" à privatiser. La société KOSEPCO, qui emploie 1 700 personnes, est aujourd'hui en charge de la production d'énergie d'origine thermique pour plusieurs villes importantes du pays (Bundang, Muju, Yeosu, Yongdong...). Sa plus grande centrale (3 240 MW) est installée sur la côte sud-est de la péninsule, à Samchonpo. Cette entreprise, détenue jusqu'alors à 100% par KEPCO, gère un parc électrique d'une capacité actuelle de 5 565 MW, soit environ 12% de la capacité électrique installée dans le pays. Ce parc atteindra 7 165 MW, au moment de la mise en service de la nouvelle centrale de Yeoungheung, en décembre 2004.

L'intérêt limité d'investisseurs étrangers risque de retarder la vente de cette filiale de KEPCO

Estimée à environ 2,5 milliards de dollars US, la société KOSEPCO devrait être intégralement mise en vente en 2003, l'appel d'offres international étant attendu pour la fin de cette année. Seuls quelques groupes coréens, comme SK, LG ou POSCO semblent aujourd'hui intéressés par cette privatisation. Pourtant pressenties, les entreprises américaines, El Paso ou Mirant, ne devraient pas soumissionner. Quant aux investissements en Corée de BP ou de Shell, ils sont orientés en priorité vers le secteur gazier. Des entreprises comme Singapore Power International ou Tractebel (Groupe Suez) pourraient cependant s'intéresser à cette privatisation.

La participation d'investisseurs étrangers à cette privatisation étant jugée préférable, le gouvernement coréen pourrait décaler d'au moins un an, par rapport au calendrier initial, la vente de cette première filiale de production d'électricité de KEPCO afin de ne pas compromettre la vente des autres filiales du groupe, et en conséquence, le processus de libéralisation du secteur électrique.


L'Asie, demain, face à l'Europe

Le Groupe Asie 21 (Futuribles international) organise, le 10 octobre prochain, une journée d'étude intitulée "L'Asie, demain, face à l'Europe". Elle se déroulera au Centre des Conférences Internationales à Paris et aura pour principaux thèmes le concept asiatique et l'avenir de cette région face à la mondialisation. Un débat sera également organisé pour tenter de déterminer le rôle de l'Europe dans le face-à-face Asie-Etats-Unis. Pour tout renseignement, veuillez contacter Mme Catherine Bouchet Orphelin à l'adrel suivante :

catherine.bouchet.orphelin@wanadoo.fr

Statistiques

PIB 2001

422,2 milliards USD

PIB/habitant 2001

8.918 USD

Chômage

2,7% (juin 2002)

Inflation

- 0,3% (juillet 2002)
Won / Dollar
Won/Euro
1.189,1 (juillet 2002) 1.170,2 (juillet 2002)

Éditeur :
      Mission Économique de Séoul
Adresse :Kangnam P.O Box 2165 – Séoul, 135-621
              http://www.dree.org/coree 
Directeur de la publication :Yves de Ricaud yves.dericaud@dree.org 
   Date de parution : 22 août 2002
   
   Abonnement :
en ligne http://www.diffusion.dree.org/ e-mail : izabel.deuff@dree.org 

 

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