"Objectif Corée" 16 octobre 2002 © MINEFI - DREE

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Actualités

-  Corée du Nord (suite) : le "juche"
 yves.dericaud@dree.org 
La Corée du Nord reste attachée au concept de Juche...

Un des principaux monuments de Pyongyang, qui a la forme d'une colonne surmontée d'une flamme, élevée au bord du fleuve, figure le JUCHE, c'est-àdire la doctrine politique d'autosuffisance développée par KIM Il sung.

D'ailleurs la signification mot à mot de JUCHE est : "maître de son corps".

A l'heure où la Corée du Nord semble s'engager dans un processus d'ouverture et où sont sollicités technologies, investissements et financements étrangers pour rénover une industrie dégradée, on insiste à Pyongyang sur la dimension intellectuelle et idéologique - autant que matérielle et politique – du concept de JUCHE.

...et n'a donc pas de "modèle", ni chinois ni autre

La Corée du Nord n'est pas seulement un pays indépendant de tous (c'est d'ailleurs à ce titre que selon ses responsables, elle a une attirance particulière pour la France, parmi tous les pays d'Europe). C'est l'économie, elle-même, qui n'a pas de modèle. Elle emprunte à d'autres ce qui lui convient et rejette ce qu'elle n'aime pas. L'économie nord-coréenne ne suit donc pas le modèle chinois, pas plus que d'autres.

Du coup, les autorités ne semblent pas retenir le schéma "HongKong / Chine Méridionale" qui a si bien fonctionné en Chine dans les années 80 et au début des années 90 : dans leur esprit, la zone spéciale de Kaesong – que Hyundai s'efforce de développer à proximité de la ligue de démarcation, c'est-à-dire, en fait, de Séoul et d'Incheon – n'est pas (ou pas encore?) Shenzhen.

D'ailleurs, c'est bien ainsi que semblent l'entendre de leur côté les autorités chinoises. Il apparaît, par exemple, que le projet nord-coréen de "région spéciale" de Sinuiju situé à la frontière chinoises ait un départ difficile. Son "président" pressenti, pourtant chinois d'origine (mais on ne saurait, aux termes de la loi chinoise, conserver la nationalité chinoise si on en acquiert une autre), bénéficierait maintenant de la sollicitude du fisc chinois. Clairement, Sinuiju n'est pas non plus Shenzhen (du moins pas encore) aux yeux du gouvernement chinois.


Secteurs

-  5 à 6 % de croissance en 2003 ?
Auteur de l'article :
 hubert.frederic@dree.org  
Un climat ensoleillé, mais quelques nuages trouble-fête.

Une croissance de 6% au premier semestre 2002... Une production industrielle qui atteint des sommets cet été (+8,7% en juillet en glissement annuel, +8,5% en août)... Des exportations qui s'envolent à 14 Md USD en août (+19%)...

Vigueur exceptionnelle de l'économie coréenne, qui a repris structurellement la voie de la croissance durable et forte (pour les uns), ou dont la fougue actuelle traduit immanquablement des signes de surchauffe (pour les autres). En vérité, s'il nous est d'ores et déjà promis plus de 5% de croissance en 2003, quelques ombres se sont glissées dans un tableau idyllique, peut-être de nature à mettre en question cette prévision :

L'évolution de la demande externe reste incertaine, entre "faux départ" de l'économie mondiale et risque pétrolier.

1/ Du côté de la demande externe. La conjoncture internationale reste incertaine, d'aucuns qualifiant déjà le rebond 2002 de "faux départ" de l'économie mondiale. Les conséquences d'une éventuelle intervention en Irak restent imprécises bien que primordiales – les économistes frémissant à l'évocation d'un prix du baril au-delà des 30 USD. Les exportations coréennes, étroitement corrélées à l'indice de confiance des ménages américains (passé à 80,4 début octobre, contre 87,6 en août, soit son niveau le plus bas depuis 1994), pourraient en pâtir. Plus ponctuellement, la grève dans les ports de la côte ouest des Etats-Unis (qui draine plus de 60% des exportations coréennes vers les USA) a préoccupé par son enlisement.

La consommation des ménages pourrait connaître un point d'inflexion.

2/ Du côté de la demande interne. Premier moteur de la vigoureuse reprise coréenne, la consommation des ménages (qui s'envole de 8% au premier semestre), pourrait marquer une inflexion.

2a/ Quelques fébrilités récentes. La valeur de l'indice de confiance des ménages coréens (graphique ci-contre) en juillet et en août brise une tendance croissante depuis septembre 2001. Le Ministère de l'Industrie indique que les ventes des grands magasins ont décru de 1,4% en septembre 2002 (versus septembre 2001), alors que ce taux mensuel était positif à plus de 4% depuis un an. Les ventes pour Chuseok se sont révélées en dessous des projections. La Korea Automobile Manufacturers Association (KAMA) annonce que le nombre de véhicules automobiles vendus en septembre est en retrait de 7,4% par rapport à septembre 2001.

2b/ Saturation du crédit en 2003 ? La très vive croissance de la consommation a été soutenue par une explosion du crédit aux ménages, lesquels totalisent 397.470 Md WON à la mi-2002 (+ 34% sur un an). Ce fantastique carburant n'est pas inépuisable : la course aux cartes de crédit, aux multiples (et parfois incontrôlés) refinancements des ménages, devrait atteindre rapidement une asymptote sous peine d'accident. Un refroidissement du crédit impliquera nécessairement une décélération de la consommation privée. L'augmentation des taux d'intérêt sur arriérés des cartes de crédit, passés de 8,5% fin mars à 11,2% fin septembre, traduit une préoccupation grandissante des banques. On enregistre une hausse – encore modérée – du nombre de ménages en situation d'insolvabilité. La Cour Suprême indique que le nombre de faillites personnelles est en augmentation de 46% sur les 7 premiers mois de l'année, cependant que le nombre de faillites d'entreprises (620) marque lui aussi une nette reprise (+16% sur la même période).

2c/ Des marchés financiers au plus bas... Dans la mouvance internationale, mais également après d'importantes prises de bénéfice, les indices KOSPI et KOSDAQ s'effondrent : après un pic en avril à près de 940 points, l'indice KOSPI est passé en dessous de la barre des 600 points, plancher qui n'avait pas été perforé depuis novembre 2001. Cette dépression pourrait ajouter, par effet de patrimoine, au refroidissement de l'enthousiasme des ménages.

2d/ Pressions inflationnistes ? Fin septembre, l'inflation en glissement annuel atteint 3,1%, soit le plus haut score enregistré cette l'année. Résultat encore très raisonnable, certes, mais il se pourrait que l'exercice 2002 s 'achève en haut de la fourchette 2%-4% déterminée par la Banque Centrale comme objectif pour cette année. Car les pressions inflationnistes nées de la surchauffe du crédit ont surtout été atténuées par une appréciation du won face au dollar (près de 15% entre avril et juillet), cette tendance s'étant nettement inversée depuis la mijuillet pour un évident souci de compétitivité...

 

 - La route du porc français est réouverte !
Auteur de l’article
eric.loubet@dree.org 
Corée du Sud : 3ème marché tiers pour la viande de porc française 40 établissements français agréés. 17 à venir Délai de deux mois pour l'ouverture du marché japonais

Depuis le 30 septembre 2002, les sociétés françaises peuvent à nouveau exporter de la viande de porc en Corée du Sud, après 18 mois d'interruption à la suite des crises de fièvre aphteuse et de peste porcine classique en France.

La Corée du Sud faisait partie des derniers pays pour lesquels les frontières étaient fermées aux produits français. Alors que la France est toujours en négociation avec le Japon, l'ouverture du marché coréen revêt une importance capitale pour les éleveurs français, sachant que la Corée du Sud occupe la place de troisième marché en pays tiers pour l'exportation de viande porcine, après la Russie et le Japon.

- Conditions réglementaires:

Un premier groupe de 40 établissements (abattoirs, ateliers de découpe et entrepôt) est aujourd'hui habilité à exporter de la viande de porc en Corée du Sud. 17 autres établissements français devraient rejoindre cette liste dans les prochaines semaines.

La viande de porc destinée au marché coréen doit être produite après le 30 septembre 2002, date de référence prise en compte par les autorités vétérinaires coréennes.

Un nouveau cas de peste porcine en Corée

- Etat sanitaire de la Corée dans la filière porc:

La Corée a annoncé le 14 août dernier à l'Organisation Internationale des Epizooties que le pays était à nouveau indemne de fièvre aphteuse. Depuis, un cas de peste porcine (Hog Cholera) est apparu le 8 octobre 2002 sur l'île de Kanghwa, à l'Ouest de la province de Séoul. D'après le ministère de l'Agriculture coréen, 30 des 1300 porcs de la ferme infectée ont été abattus. La ville d'Incheon a ordonné la mise en quarantaine de 21 élevages dans cette zone, et a ordonné l'abattage et l'incinération de 1307 animaux dans un périmètre de 500 mètres autour de la ferme infectée.

Cette situation devrait ralentir les négociations entreprises par les autorités coréennes pour ouvrir les marchés à l'exportation, comme le Japon. D'après le Ministère de l'Agriculture coréen, les premières expéditions devaient partir en mars 2003. Elles estiment aujourd'hui qu'un délai supplémentaire de deux mois sera nécessaire pour reprendre les exportations vers l'archipel nippon, fermé depuis 3 ans aux produits coréens.

 

 - Electronique : Dongbu devient le principal actionnaire de Anam Semiconductor
Auteurs de l’article
guillaume.briand@dree.org  
julien.rupe@dree.org  
Actionnariat de Anam Semiconductor

En rachetant pour 170 Md KRW (146 M EUR) à l'américain Amkor Technology 25,8% du capital de Anam Semiconductor, le groupe Dongbu est devenu le principal fondeur de composants non-mémoires coréen. L’américain reste néanmoins le deuxième plus gros actionnaire de Anam avec 22,4%.

La production nationale de composants non-mémoires ne couvre que 20% des besoins de l'industrie électronique coréenne

Ce rapprochement cadre avec la logique industrielle souhaitée par les autorités coréennes. En effet après la crise, celles-ci ont encouragé les conglomérats locaux à investir le créneau des composants non-mémoires pour réduire le déficit de la balance commerciale du secteur. Ces composants, à forte valeur ajoutée, destinés à être intégrés dans les produits finis ou semi-finis fabriqués puis exportés par la Corée, étaient et sont encore pour une grand part importés.

C’est dans cet environnement que Dongbu fut créé en 1997. Son activité n'a débuté qu'en 2000, après la construction d'une fonderie spécialisée et la signature d'un transfert de technologie avec Toshiba.

Cette transaction et la synergie qui en résultera devraient permettre au nouveau groupe de se hisser au quatrième rang mondial des fondeurs. En effet, Anam produisant des circuits gravés entre 0,18 et 0,35 µm et Dongbu se concentrant sur des gravures inférieures à 0,18 µm, la nouvelle société disposera d’une gamme plus complète qui lui permettra d’atténuer les fluctuations du marché en répondant à une demande plus large. A noter que Anam compte déjà parmi ses clients des grands noms comme Texas Instruments, Alcatel ou Nec.

Les Taiwanais TSMC et UMC détiennent plus de 70% du marché mondial
Capacités mensuelles de production de wafers : 
      Dongbu : 5 000
Anam : 21 000
TSMC : 300 000
UMC : 222 000
Demande mondiale mensuelle : 600 000

La première difficulté pour Dongbu consistera à réorganiser la direction de Anam tout en ménageant son partenaire américain qui avait jusqu'ici délégué son pouvoir à l'équipe en place. L’activité de ce dernier au sein du groupe se concentre sur le packaging et le marketing, en aval de celle de Dongbu.

Pour atteindre ses ambitieux objectifs - rivaliser avec les géants taiwanais TSMC et UMC en atteignant notamment une capacité de production de 75 000 wafers d’ici 2003 - Dongbu devra consentir d'importants investissements humains et financiers. Pour cela, il lui faudra convaincre les milieux financiers du bien-fondé de son plan de développement. Cette tâche ne sera pas aisée.

Anam affiche des pertes au titre de l’exercice 2001 d’un montant de 228,5 Md KRW (197 M EUR). De plus, pour beaucoup d’observateurs les perspectives à moyen terme du secteur, déjà très largement dominé par les Taiwanais, sont très incertaines.


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Statistiques

PIB 2001

422,2 milliards USD

PIB/habitant 2001

8.918 USD

Chômage

3,1% (août 2002)

Inflation

3,1% (septembre 2002)
Won / Dollar
Won / Euro
1.260 (septembre 2002) 1.250 (septembre 2002)
Sources NSO et BOK

Éditeur :
      Mission Économique de Séoul
Adresse :Kangnam P.O Box 2165 – Séoul, 135-621
              http://www.dree.org/coree 
Directeur de la publication :Yves de Ricaud yves.dericaud@dree.org 
   Date de parution : 16 octobre 2002
      
   Abonnement : en ligne http://www.diffusion.dree.org/ e-mail : izabel.deuff@dree.org 

 

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