"Objectif Corée" 23 décembre 2002 © MINEFI - DREE
Version intégrale téléchargeable sur le site : http://www.dree.org/coree au format .pdfActualités :
- Oui à Noh * ... yves.dericaud@dree.org
C'est ce que vient de dire le peuple coréen, malgré la défection de dernière minute de son premier soutien, CHUNG Mongjoon, l'éphémère favori des sondages au lendemain de la Coupe du Monde de football, et ancien "homme fort" de "Hyundai Heavy Industries", n°1 parmi les chantiers navals coréens.
Que le patron d'un des principaux chaebols s'allie avec leur critique avoué, avocat de syndicalistes de surcroît, pouvait d'ailleurs tenir du paradoxe. Dans le programme de M. Noh en effet, figurait clairement la nécessité de poursuivre la réforme économique, de déconnecter le monde des affaires de celui de la politique, et de continuer à imposer aux chaebols les contraintes mises en place par le président précédent : interdiction des participations et des prêts croisés entre filiales, limitation des participations dans les institutions financières etc.
Par ailleurs, M. Noh s'opposait clairement à l'abaissement de l'impôt sur les sociétés vivement réclamé par la FKI, porte-parole du grand patronat coréen.
On n'en déduira pas, bien au contraire, que le président élu est un partisan de la confrontation avec les milieux d'affaires. Pour améliorer le fonctionnement de l'économie coréenne et obtenir le taux de croissance du PIB de 7% minimum pendant 10 ans promis lors de la campagne électorale, il compte avant tout sur le jeu des forces du marché libéré des entraves bureaucratiques, c'est-à-dire des interventions étatiques. Les privatisations (électricité, gaz, transports) seront donc poursuivies.
Même la volonté affirmée par M. Noh de poursuivre la "sunshine policy" de son prédécesseur doit être rapprochée de son souci de rassurer les investisseurs, tout particulièrement étrangers, qu'effraie tout accroissement de la tension entre le Sud et le Nord. "Non à la confrontation, oui au compromis" sont clairement ses maîtres-mots.
On notera que, comme pour son concurrent malheureux d'ailleurs, ce refus de la confrontation trouve à s'appliquer aussi aux questions agricoles et de pêche : tout en se faisant l'avocat des accords de libre-échange entre la Corée et ses principaux partenaires commerciaux, M. Noh a clairement fait savoir qu'il souhaitait une ouverture du marché agricole coréen la plus tardive possible.
* Même si "Roh" est la transcription usuelle, "Noh" est bien plus proche de la prononciation du nom en coréen.
Secteurs :
- Powercomm tombe dans l'escarcelle du groupe LG guillaume.briand@dree.org julien.rupe@dree.org
Montant de la transaction : 665M EUR (819 Md KRW)
Après 10 mois de tractations et de querelles interministérielles, les 45% de Powercomm, filiale Telecom de KEPCO, l'équivalent coréen d'EDF, ont finalement été attribués à Dacom, filiale du groupe LG, au détriment de Hanaro pourtant désigné un temps comme candidat préférentiel. Cette transaction dun montant de 665 M EUR est assortie dune clause permettant à Dacom dacquérir 8% de capital supplémentaire. Cette opération a été un sujet de divergence entre le ministère de l'Information et de la Communication (MIC) et le ministère du Commerce, de lIndustrie et de lEnergie (MOCIE). Le MIC avait en effet une approche très sectorielle du dossier alors que le MOCIE privilégiait les intérêts financiers de l'État-actionnaire. Mais lissue de ce dossier, dont limpact sur le marché est loin dêtre négligeable, est-elle réellement une surprise ?
Powercomm, peu connu du grand public, est un des acteurs majeurs du marché des télécommunications. En effet, fort dun réseau national de fibres optiques long de 100 000 km, Powercomm qui loue les capacités de ses lignes aux différents opérateurs (fixes, mobiles ou FAI), se veut un concurrent direct de KT (ex-Korea Telecom). Le coût des locations étant non négligeable, on comprend lintérêt stratégique que pouvait constituer pour les différents opérateurs une prise de participation au capital de Powercomm. Les prétendants étaient donc nombreux. Dun côté Hanaro, le numéro deux des opérateurs haut débit derrière KT, avait formé un consortium dans lequel avait notamment pris part Onse Telecom. De lautre côté, Dacom, du groupe LG, s'était allié à Thrunet et plusieurs investisseurs étrangers.
En choisissant le consortium du groupe LG au détriment de celui d'Hanaro, le gouvernement a ajouté une nouvelle pierre à lédifice quil avait annoncé vouloir construire il y a de cela plusieurs mois : un marché des télécommunications concentré autour de trois opérateurs intégrés (présents sur les différentes activités du secteur) et si possible de même taille. Cette prise de participation est un nouveau coup de pouce du gouvernement en faveur de LG Telecom, le plus petit des opérateurs, qui, il faut le rappeler, est le seul à posséder une licence 3G à la norme CDMA2000, standard dont aucun opérateur ne voulait mais qui est très largement soutenu par le gouvernement.
En guise de dédommagement, Hanaro sest vu attribuer par le gouvernement deux nouvelles licences, une pour les appels longue distance et l'autre pour les appels internationaux, qui complètent celle obtenue pour les appels locaux en 1999. Cette compensation permettra à l'opérateur de proposer des offres incluant aussi bien des communications téléphoniques qu'un accès haut débit à internet. Jusque-là, seul KT était en mesure de proposer une gamme de services aussi complète, mais sa position dominante sur le marché lui interdisait de les regrouper sous la forme d'une offre unique. La licence devrait être délivrée à Hanaro en janvier 2003 et les premières offres commercialisées au début de l'année 2004. Lopérateur envisagerait également de construire son propre réseau dici 2 ans afin de ne plus utiliser les services de Powercomm. Reste à voir comment ce réseau sera financé, les résultats de Hanaro, certes en amélioration, étant encore à consolider.
- Les entreprises étrangères à l'assaut du marché de la publicité en Corée izabel.deuff@dree.org
Le marché de la publicité : 6 trillions de wons de chiffre d'affaires en 2002, dont près de 50% seraient détenus par des sociétés étrangères.
Plus de dix ans après l'ouverture totale du marché coréen de la publicité aux investisseurs étrangers (1991), force est de constater la place grandissante des entreprises étrangères dans ce secteur. En 1998, les investisseurs étrangers ne représentaient que 7,6% des parts de ce marché en termes de chiffre d'affaires, contre 36,1% en 2001.
D'après la Korea Broadcasting Advertising Corporation, en août 2002, 39% des parts du marché étaient détenues par 6 sociétés étrangères, parmi lesquelles figurent les plus grandes agences internationales : TBWA Korea (USA), Phoenix Communications (Japon), Diamond Ad (UK), Welcomm (France), WPPMC Korea (UK), BBDO Dongbang (USA).
Stimulées par la Coupe du monde, les ventes du 3ème trimestre ont été particulièrement favorables aux agences TBWA Korea, partenaire de SK Telecom pendant cet événement sportif et Diamond Ad. L'agence américaine enregistre une augmentation annuelle de 68% de son chiffre d'affaires sur cette période (114 milliards de wons) tandis que celle de son concurrent anglais s'élève à 10%, son chiffre d'affaires atteignant 120 milliards de wons sur le même intervalle de temps.
La forte demande du marché coréen et la confiance grandissante que les sociétés coréennes accordent aux investisseurs étrangers expliquent aussi ces résultats positifs. Les agences internationales représentent un atout majeur lorsqu'il s'agit, pour une entreprise coréenne, d'étendre des activités commerciales à l'étranger.
Les deux plus grandes entreprises de publicité restent coréennes : Cheil Communications et LG Ad, filiales des groupes Samsung et LG, affichent respectivement 255 milliards de wons et 166,4 milliards de wons de chiffre d'affaires sur la période janvier-août 2002.
Mais la structure même du marché pourrait évoluer fondamentalement avec le récent rachat, par la firme anglaise WPP (WPPMC), de 36% des parts de LG Ad.
- Motorisation diesel : la pression monte guillaume.briand@dree.org
La problématique de la motorisation diesel pour les voitures de tourisme est aujourdhui, en Corée, au centre dune lutte dinfluences dans laquelle sopposent tant les ministères que les industriels. En effet, si la production de véhicules de tourisme diesel nest pas interdite, les normes coréennes en vigueur sont si restrictives quaucune technologie industrialisée à ce jour ne permet de respecter les maxima imposés. Les contraintes démissions fixées par le ministère de lEnvironnement - encore moins permissives que la norme Euro 4 - officiellement établies pour protéger lenvironnement, ont surtout permis de préserver déventuelles exportations étrangères une industrie locale qui ne maîtrisait pas la technologie diesel.
Mais la situation a évolué et certains constructeurs, à linstar du groupe Hyundai Motor, ont développé leur propre technologie. Désireux dutiliser cette motorisation très populaire, notamment en Europe, pour asseoir ses exportations, le groupe demande une harmonisation immédiate des normes coréennes avec les normes internationales. Les autres constructeurs (GMDAT, Renault Samsung, Ssangyong) souhaitent, quant à eux, repousser au plus tard cette ouverture.
Mais le dossier a récemment connu un important rebondissement. En effet, le 9 décembre dernier, la Korea Automobile Manufacturers Association (KAMA) a officiellement pris parti en faveur dune ouverture rapide du marché aux voitures diesel. Cette démarche, qui abonde très largement en faveur des intérêts du groupe Hyundai Motors, nest pas du goût des trois autres constructeurs qui menacent de quitter lassociation.
Le dossier de la motorisation diesel est épineux compte tenu de limportance des enjeux économiques et rendu complexe par linteraction dun certain nombre dacteurs et de facteurs connexes. Ainsi par exemple le prix au litre du diesel, dont la qualité est jugée plus que moyenne, est 40% moins cher que le prix de lessence.
Il est indéniablement dans la logique des choses que le système coréen sharmonise, à terme, avec les normes internationales. La question est de savoir quand. La rapidité de louverture aura un impact plus ou moins important sur lactivité et donc la rentabilité des nouveaux entrants étrangers que sont Renault et GM.
Les 29, 30 et 31 janvier, au CFCE à Paris, les Rencontres du Commerce international : vous pouvez prendre rendez-vous, si vous le souhaitez, avec Yves De Ricaud, Chef de la Mission Economique de Séoul. Pour tout renseignement et prise de rendez-vous : sylvie.authier@cfce.fr
Le 25 mars au CFCE, journée "Corée", organisée avec la ME de Séoul et la CCI franco-coréenne. Pour tout renseignement, s'adresser à : aline.delussy@cfce.fr .
Statistiques Sources NSO et BOK
PIB 2001
422,2 milliards USD PIB/habitant 2001
8.918 USD Chômage
2,6% (octobre 2002) Inflation
3,5% (novembre 2002) Won / Dollar
Won / Euro
1.202 (19/12/2002) 1.234 (19/12/2002)
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Éditeur : Mission Économique de Séoul Adresse :Kangnam P.O Box 2165 Séoul, 135-621 http://www.dree.org/coree Directeur de la publication :Yves de Ricaud yves.dericaud@dree.org Revue par yves.dericaud@dree.org et marie.bonnet@dree.org Date de parution : 23 décembre 2002 Abonnement : en ligne http://www.diffusion.dree.org/ e-mail : izabel.deuff@dree.org
SOMMAIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Table DREE, Séoul