"Objectif Corée" 9 juin 2004 © MINEFI - DREE

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Actualités :

 - Fantasmes et réalités économiques
    yves.dericaud@dree.org  
5,3% de croissance pour le premier trimestre : un chiffre moins bon qu’il n’en a l’air, selon les experts coréens…

5,3% : c’est le chiffre officiel de la croissance pour le premier trimestre de cette année, comparé à celui de 2003. «Ce chiffre est mauvais», tel a été l’étrange tonalité des commentaires dits autorisés. Il est mauvais, dit-on, parce qu’il ne traduit pas de véritable accélération du PIB : celle-ci est faible (moins de 1%) d’un trimestre (le 4ème de l’année 2003) à l’autre. On peut même craindre que la reprise constatée au deuxième semestre de 2003 – consécutive à la mini récession de la première moitié de l’année – ne finisse par s’essouffler : c’est le «double clip» dont parlent les économistes.

Le Président ROH dit : «l’économie est dans le marasme» la consommation reste déprimée par la crise des cartes de crédit, et l’investissement est handicapé par la situation financière aggravée de PME, dont le nombre d’impayés augmente. Quant à l’exportation, «pourvu que ça dure», dit-on des résultats mirobolants des cinq premiers mois de l’année (+40% au total par rapport à la même période de 2003 ; +90% pour les exportations vers la Chine…) ; la dépendance croissante de la Corée vis-à-vis du marché chinois la met à la merci d’un «China Shock», qu’il soit programmé ou non.

On n’entend guère de voix divergente dans ce concert de pessimisme, sinon celle d’Andrew FRERIS, l’économiste de BNP Paribas pour l’Asie, pour qui l’importance de la Chine dans la reprise mondiale est très surestimée. Et il voit dans l’infléchissement récent de la politique financière conduit par la direction chinoise plus une reprise en main du système bancaire qu’un véritable refroidissement, jugé macro économiquement superflu.

… qui conduit les chaebols et le gouvernement de M.ROH à se mobiliser ensemble…

Le gouvernement coréen, quant à lui, ne reste pas inactif : il vient de lancer la «bad bank», qui devrait racheter une bonne partie des créances douteuses sur cartes de crédit, avec pour objectif de «resolvabiliser» quelque 4 millions de particuliers aujourd’hui en faillite. Il préparerait un collectif budgétaire pour relancer la consommation et la construction (celle-ci en net ralentissement).

Enfin il a obtenu des grands chaebols des engagements considérables d’investissement pour les années à venir.

D’aucuns font un lien entre ces annonces et le fait que, finalement, aucun des patrons de grands groupes n’a été incarcéré (sinon poursuivi) dans l’affaire des financements électoraux illégaux.

…pour relancer la demande domestique

Reste à expliquer ce paradoxe d’une économie qui voit cœxister exportation «explosive» et demande interne atone. Le «dualisme» économique qu’il a reflété est-il structurel, durable, ou bien la saturation progressive des capacités de production provoquée par le dynamisme de la production industrielle ne doit-elle pas conduire rapidement à une relance de l’investissement productif, et, plus largement, de la demande domestique ? Les résultats de l’économie coréenne pour 2004 (et au-delà) dépendront de la réponse à ces questions.

 

Secteurs :

 - Les vins français, et le bordeaux en particulier, conservent leur 
position sur le marché coréen.
    kwan-kyu.han@dree.org  
La France occupe la première place parmi les pays fournisseurs de vin avec 49,5% du marché en valeur, pour seulement 32,2% du volume importé en 2003.

Au cours de l’année 2003, et selon les Douanes coréennes, les importations devin ont progressé de 55,5%, pour atteindre de 31,2 millions d’euros.

Loin devant les vins californiens, la France occupe une position de leader, avec 49,5% du marché en valeur, pour seulement 32,2% du volume importé. Le marché coréen n’est certes ni immédiat ni facile (faible connaissance des produits par les vendeurs, concurrence accrue, nombre limité d’opérateurs avec un professionnalisme variable), mais il offre un fort potentiel de croissance dans un pays de plus en plus ouvert sur l’extérieur.

L’AOC Bordeaux domine toujours, malgré l’intérêt (récent) des consommateurs pour les AOC Alsace et Côtes du Rhône.

Selon les Douanes françaises, pour l'année 2003, les exportations de vin vers la Corée se sont élevées à 46 661 hl. Parmi les AOC, Bordeaux domine largement l’offre française et, par extension, le marché : en valeur, il représente plus des 2/3 des ventes françaises et près de 40% des importations totales de vins en Corée. Les autres AOC françaises sont souvent représentées chacune par un seul produit (Beaujolais Nouveau pour le Beaujolais, Chablis pour la Bourgogne, Châteauneuf du Pape pour les Côtes du Rhône,…).

Cette faible diversification de l’offre française est liée en partie à la méconnaissance des professionnels locaux concernant l’étendue de l’offre française et à la difficulté de faire déguster des produits français nouveaux, en raison d’un prix à la bouteille supposé trop élevé ou de l’absence de prospection active de certaines régions françaises. Toutefois, on observe sur le marché les premiers signes d’une diversification avec des demandes coréennes récentes pour les appellations d’Alsace et de Côtes du Rhône.

La forte concurrence californienne

Il importe que les opérateurs français puissent fournir les arguments techniques et commerciaux adéquats à leurs interlocuteurs coréens pour se différencier de l’offre américaine et surtout chilienne et faciliter le travail commercial et de vulgarisation des partenaires coréens. L'offre italienne vise le moyen – bas de gamme et s'appuie sur les nombreux restaurants italiens du pays. De son côté, l’Espagne poursuit sa percée avec des vins bas de gamme, et notamment du vrac. Après une pause en 2002, la concurrence américaine s’est à nouveau intensifiée. Elle est d’autant plus forte que la société coréenne s’américanise, du fait, en particulier, de l’augmentation des visites ou de séjours de Coréens aux Etats-Unis et surtout en Californie. S’y ajoute la concurrence montante du vin chilien.

L’ALE Corée-Chili n’apporte pas un avantage de prix décisif aux vins Chiliens.

A partir du 1er avril 2004, date de mise en application de l'Accord de libreéchange (ALE) entre la Corée et le Chili, les droits de douane sur les vins chiliens – de 15% - connaîtront une diminution graduelle de 2,5% par an pendant une période de 5 ans pour atteindre 0% en 2009. Du coup, les professionnels du vin coréens s’intéressent de près au Chili en raison de la baisse supposée des prix sur le marché coréen que provoquerait l’ALE. En réalité, cette baisse sera sans doute faible : sachant que le prix CIF est multiplié approximativement par 3 au niveau du consommateur du fait des marges, l'avantage de prix qu'apportera l'ALE au vin chilien dans 5 ans ne devrait pas être supérieur à 7%.

 

 - La Corée du Sud face à la hausse du cours du pétrole
    marc.leprince@dree.org  
Un train de mesures immédiates pour protéger l’économie domestique des incertitudes pétrolières actuelles

Le Ministère sud-coréen du Commerce, de l’Industrie et de l’Energie (MOCIE) a décidé une batterie de mesures immédiates visant à atténuer les conséquences économiques de l’envolée du cours du pétrole :

Buts de la politique énergétique : optimisation, énergies renouvelables, et diversification de l’approvisionnement

Sur le long terme, les objectifs de la politique énergétique sud-coréenne sont à nouveau soulignés : optimisation de la consommation d’énergie, développement des énergies renouvelables (dont l’objectif est de représenter 3% du mix énergétique en 2006 et 5% en 2011, contre seulement 1,5 % en 2003), et le développement des gisements pétroliers et gaziers à l’étranger.

 

 - Deux entreprises de Hyundai Motor rachètent le fabricant d'acier 
   Hanbo Steel
    marc.leprince@dree.org  
Le consortium INI Steel-Hyundai Hysco, offrant 775 millions d’USD pour le rachat de Hanbo Steel, a remporté les enchères face au consortium POSCO-Dongkuk Steel Mill

Le consortium INI Steel - Hyundai Hysco a signé le 1er juin 2004 un MoU (Memorandum of Understanding) pour la reprise du fabricant d’acier coréen Hanbo Steel. Les créditeurs de Hanbo Steel, menés par la Korea Asset Management Corp. (KAMCO) et conseillés par le cabinet Samil (PriceWaterhouseCoopers), ont choisi l’offre de 775,5 millions USD du consortium INI Steel – Hyundai Hysco, deux compagnies du conglomérat Hyundai Motor spécialisées dans l’acier, aux dépens de l’offre du consortium du 4ème producteur mondial d’acier, le sud-coréen POSCO, et d’un autre producteur local d’acier, Dongkuk Steel Mill.

Le MoU est assorti d’une garantie de 5 % du prix d’achat, et implique notamment le maintien pour au moins 3 ans des employés actuels de Hanbo Steel. Le contrat définitif d’achat devrait être signé début août 2004. Hanbo Steel produit annuellement 3 millions de tonnes d’acier, et a généré 380 millions d’USD de ventes en 2003. L’entreprise cherchait un acquéreur depuis sa faillite déclarée en janvier 1997. Sa dette atteignait alors 4,4 milliards USD, et l’annonce avait marqué le début de la propagation en Corée de la crise asiatique.

Ce rachat va vraisemblablement permettre à Hyundai Motor d’assurer l’approvisionnement en acier de sa production automobile. INI Steel, en acquérant ainsi une installation de haut fourneau, pourrait au-delà chercher à contester la suprématie domestique de POSCO sur le marché de l’acier. 


Statistiques

PIB/habitant 2003

12.628 USD

Croissance 2003

3,1 %

Chômage

3,4% (avril 2004)

Inflation

3,3% (mai 2004)

Won / Dollar

Won / Euro

1.177 (05/2004)

1.412 (05/2004)


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Éditeur :
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Adresse :Kangnam P.O Box 2165 – Séoul, 135-621
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Directeur de la publication :Yves de Ricaud yves.dericaud@dree.org 
Date de parution : 9 juin 2004
Abonnement : en ligne http://www.diffusion.dree.org/  -  Email abonnement : frederic.roueche@dree.org   

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