"Objectif Corée" 1er septembre 2004 © MINEFI - DREE

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Actualités :

- Fantasmes et réalités économiques
yves.dericaud@dree.org  

5,3% de croissance pour le premier trimestre : un chiffre moins bon qu’il n’en a l’air, selon les experts coréens…

La crise des cartes de crédit …

La Cour des Comptes coréenne («Board of Audit and Inspection» : BAI) vient d’épingler les autorités de supervision, Ministère des Finances en tête, pour avoir laissé la «bulle» des cartes de crédit gonfler sans contrôle.

C’est dès 1999, au lendemain de la crise, que le gouvernement a décidé d’encourager l’emploi des cartes de crédit pour relancer l’économie : relèvement du plafond des «cash advances», déductions fiscales sur l’emploi des cartes, et même introduction d’une loterie gratuite pour les utilisateurs…

Les banques et les grands groupes (à commencer par LG et Samsung) se sont alors livré une concurrence frénétique pour la distribution de cartes de crédit, allant jusqu’à démarcher la clientèle à la sortie des métros.

… qui a fortement ralenti la croissance …

On sait le résultat de cette politique : 3 ,8 millions de personnes en cessation de paiement, un endettement des ménages qui atteint 70% du PIB, un encours des sociétés de cartes de crédit se situant entre 80 et 100 milliards de dollars (dont la moitié, environ, pour le seul L.G Card, que l’Etat a dû renflouer). La «bulle» a fini par crever à la fin de 2002, provoquant un arrêt brutal de la consommation et, partant, de l’investissement, en 2003 comme en 2004.

D’aucuns considèrent cette affaire comme révélatrice du fonctionnement de la société coréenne : à un enthousiasme général, et excessif, a succédé à partir de l’automne 2002 une politique extrêmement restrictive qui rend aujourd’hui l’obtention d’une carte de crédit très difficile. Les autorités s’efforcent certes de «resolvabiliser» les ménages à travers la «Bad Bank», organe de défaisance de création récente, qui restructure leurs dettes. Mais cette «Bad Bank» n’a encore «traité» qu’une centaine de milliers de personnes sur les quelque quatre millions éligibles.

… pourrait conduire à une réforme des autorités de supervision financières coréennes.

Le BAI s’interroge sur l’efficacité de la supervision financière (mise en placeaprès la crise asiatique) dans cette affaire. Après tout, il a fallu attendre mai 2002 pour que le Ministère des Finances accepte de prendre des mesures restrictives, alors que la FSC et FSS (Commission et Service de Supervision financière) avaient, semble-t-il, multiplié les mises en garde dès 2001. Le «Board» propose la fusion de la FSS et de la FSC, dont le Président et le vicePrésident ont d’ailleurs démissionné cet été, et un renforcement des pouvoirs de la nouvelle agence.

Les banquiers étrangers - en particulier français, très actifs en Corée –accueilleraient avec faveur une telle modernisation, FSC et surtout FSS leur imposant des obligations en matière d’organisation ou de capitalisation qu’ils jugent parfaitement inadaptées aux structures des grandes institutions bancaires et financières internationales. Ce sujet figurera d’ailleurs au menu de la prochaine Commission Mixte Economique franco-coréenne prévue le 25 octobre.

 

Secteurs :

- Des boissons fraîches pour un été chaud.
jean-cesar.lammert@missioneco.org  
Progression des produits « well-being »…

Alors que la consommation intérieure faiblit, le secteur des boissons rafraîchissantes sans alcool (BRSA) se porte bien. Les ventes du premier semestre totalisent 1870 milliards KRW, soit +5% par rapport à 2003.

Les principales raisons de cette performance sont une innovation permanente, un marketing agressif et un été chaud !

Comme dans d’autres secteurs, un produit estampillé « well-being » (bien-être) est fortement recherché. Dans le secteur des BRSA, sont concernés :

- Les eaux embouteillées (140 milliards KRW sur le 1er semestre) dont la forte croissance (+18% par rapport à 2003) liée à l’importance grandissante du facteur santé et à la mauvaise image de l’eau du robinet. Ce secteur est également fortement concurrentiel avec plus de 10 producteurs locaux, Evian importé et distribué par Lotte Chilsung, domine le marché des eaux importées (300 000 caisses par an). Perrier et Volvic sont également présents.

- Les jus de fruit (540 milliards KRW, +10%). Les boissons ayant moins de 30% de jus de fruit progressent fortement alors que les ventes de « 100% jus de fruit » baissent de 5%.

- Les boissons énergétiques/vitaminées (80 milliards KRW, +5%).

- Et les boissons à base de thé (+50% en 2 ans).

…au détriment des sodas.

En revanche, cette même tendance sanctionne les sodas en particulier les colas, dominés à 98% par Coca-Cola et Pepsi-Cola, dont les ventes régressent de 3%, à 260 milliards KRW. La limonade titre mieux son épingle du jeu, avec 180 milliards KRW et +7%.

Lotte Chilsung dominateur…

En ce qui concerne les parts de marché, Lotte Chilsung domine toujours avec 40,2%. Les autres acteurs majeurs sont Coca-Cola: 19,1%, Haitai Beverage: 13,3%, Woong Jin: 8,3%, Dong Ah: 7,5% (données 2003).

A noter la prise de contrôle du numéro trois Haitai Beverage (3 usines et 57 succursales commerciales) par le brasseur japonais Asahi qui fait d’une pierre deux coups : acquérir un réseau de distribution pour ses bières importées et investir dans un secteur porteur (boissons à base de thé et boissons énergétiques/vitaminées).

…et de nouveaux arrivants.

D’autres sociétés agro-alimentaires coréennes ont annoncé leur volonté d’investir prioritairement dans ce secteur :

- Nongshim, n°1 des nouilles instantanées et déjà leader des eaux embouteillées avec la marque Cheju Samdasoo, prévoit une croissance de 23% de ses ventes de BRSA en 2004.

- Dongwhon F&B, n°1 des produits à base de thon, souhaite passer de45 à 100 milliards KRW en 5 ans.

- Plusieurs producteurs laitiers (Namyang Dairy, Maeil Dairy, Hankook Yakult) se diversifient dans le secteur des BRSA en utilisant leur réseau de distribution existant et pour bénéficier de marges supérieures (estimée à 30% pour les BRSA contre 15% pour les produits laitiers).

 

- L’ouverture prochaine du marché aux cabinets d’avocats étrangers en Corée du Sud?
frederic.roueche@missioneco.org
Les bienfaits d’une ouverture du marché coréen aux cabinets d’avocats étrangers sont aujourd’hui largement reconnus.

Le processus de libéralisation est largement engagé dans le cadre de l’OMC.

Néanmoins, des interdictions continueront quand même à limiter l’ouverture du marché, même à compter de janvier 2005, date prévue d’entrée en vigueur des nouvelles dispositions.

La demande d’expertise juridique, en particulier dans le domaine du droit des affaires, a connu ces dernières années une forte expansion en Corée. Le nombre limité de grands cabinets spécialisés et la fermeture du marché aux cabinets d’avocats étrangers contribuent toutefois à rendre l’offre de services juridiques très insuffisante par rapport aux besoins.

Aujourd’hui, les arguments avancés par les cabinets d’avocats étrangers en faveur de l’ouverture du marché semblent avoir été entendus, malgré la pression toujours aussi forte exercée par la Korean Bar Association pour préserver son marché. La fermeture du secteur constituant un frein aux IDE, et limitant la compétitivité des conseils juridiques dispensés par les cabinets d’avocats coréens, la Corée a dans le cadre de la négociation ‘’service’’ de l’OMC offert d’ouvrir son marché à l’horizon 2005.

Le 31 mars dernier, une proposition d’ouverture du marché a été adressée par le Ministère de la Justice coréen à l’OMC, laquelle reprend un grand nombre des principes attendus par les cabinets d’avocats étrangers ayant des clients en Corée : la possibilité d’ouvrir des bureaux de représentation en Corée afin de dispenser des consultations juridiques relatives aux problèmes de droit international ou étranger, ou encore la possibilité d’assister les entreprises coréennes sur toutes les questions afférentes au droit international.

L’ouverture proposée reste néanmoins limitée au droit et aux transactions internationales : les cabinets étrangers ne pourront pas former de JV avec les cabinets coréens, conseiller leurs clients sur des points de droit local, plaider devant les tribunaux coréens, ou recruter des avocats coréens.

- KMH : le projet décolle
yves.dericaud@missioneco.org

Le projet « Korea Multipurpose Helicopter » - KMH- (8 Mds de dollars, construction de 418 hélicoptères de 6 tonnes avec d’éventuelles perspectives d’exportation d’un nombre d’unités comparable, ou presque) progresse rapidement. Pour l’appel d’offres portant sur la «plateforme», le plus important en volume, le « KOREAN AEROSPACE INDUSTRY RESEARCH » (KARI) a fait connaître dès juillet sa «short list», quicomprend l’américain Bell, le franco-allemand Eurocopter, et l’Italien AGUSTA. La sélection de l’ «offreur préféré» («prefered bidder») devrait intervenir en septembre.

Les autres appels d’offres portant, en particulier, sur les moteurs, sur l’équipement et l’intégration électroniques, et les autres équipements (une quarantaine au total) avancent également. Les maîtres d’œuvre principaux en sont KAI (KOREAN AEROSPACE INDUSTRY), l’agence de développement de la défense (ADD) et le service des achats du ministère de la défense.

Ce projet, structurant pour l’industrie aéronautique et l’électronique de défense coréenne, peut intéresser plusieurs dizaines d’entreprises françaises. En coopération avec le GIFAS, la ME de Séoul a décidé de créer une antenne «KMH» qui aura pour rôle d’informer les entreprises françaises sur la situation du projet et de leur proposer des contacts, voire des partenariats, avec des entités coréennes parties prenantes. S’adresser à Thierry BLIN ou à BAEK Seung.

 


Statistiques

PIB/habitant 2003

12.628 USD

Croissance 2003

3,1 %

Chômage

3,4% (avril 2004)

Inflation

3,3% (mai 2004)

Won / Dollar

Won / Euro

1.177 (05/2004)

1.412 (05/2004)


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Éditeur :
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Adresse :Kangnam P.O Box 2165 – Séoul, 135-621
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Directeur de la publication :Yves de Ricaud yves.dericaud@dree.org 
Date de parution : 1er septembre 2004
Abonnement : en ligne http://www.diffusion.dree.org/  -  Email abonnement : frederic.roueche@dree.org   

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