"Objectif Corée" 9 novembre 2005 © MINEFI - DREE/TRESOR
Version intégrale téléchargeable sur le site : http://www.missioneco.org/coree au format .pdf

 

- Kaesong, le Shenzhen nord-coréen ?
Auteur de l’article yves.dericaud@missioneco.org

Pour qui a connu Hong Kong et la Chine du Sud au début des années 80, la visite du complexe industriel de Kaesong, situé à 5km au nord de la DMZ, donne une curieuse impression de déjà vu : queues de camions aux contrôles, zone industrielle tirée au cordeau, main d’oeuvre féminine en uniforme, productions d’ «industrie légère»… La comparaison vient d’autant plus facilement à l’esprit qu’elle est faite aussi par les promoteurs (sud-coréens) du projet eux-mêmes, à l’avantage bien sûr de Kaesong : rapproché de Shenyang (destination préférée à Shenzhen par les Coréens…), Kaesong offre en effet une main d’oeuvre deux ou trois fois moins chère (60 dollars par mois à Kaesong), une durée du travail hebdomadaire supérieure d’une journée (si l’on peut dire), des prix du m² à peu près identiques, un impôt sur les sociétés deux fois moindre.

Le complexe industriel de Kaesong offre des similitudes frappantes avec les « zones spéciales » chinoises,…

Au fond, ce qui rapproche Kaesong de la Chine du Sud des années 80, et de la Chine du Nord des années 90, c’est qu’on y trouve une main d’oeuvre industrielle alphabétisée (« la productivité de la main-d’oeuvre nordcoréenne équivaut à 70% de celle du Sud ») à un coût défiant toute concurrence. C’est bien la raison pour laquelle les industriels coréens se bousculent pour s’y installer, certains y délocalisant leur ateliers chinois : 1 800 sociétés auraient postulé, selon Hyundai Asan, le groupe coréen qui est à l’origine du projet et qui le développe.

…semble bien engagé…

Le projet, qui comptera à terme (en 2 012), 3 000 ha de zone industrielle,paraît déjà bien engagé : 12 entreprises sud-coréennes employant 5 700 personnes (dont 500 Sud-Coréens, des femmes surtout) sont déjà en activité. D’ici à la fin de 2 006, une centaine d’entre elles, employant 30 000 personnes, seront en fonctionnement. La DMZ, au point de contrôle de Dora, voit passer 500 camions par jour (dont, lors de notre visite, plusieurs dizaines transportant 20 000 arbres destinés à reboiser une région en complète déforestation…)

Mais d’autres observations, qu’on ne faisait pas nécessairement en Chine, sautent aux yeux des visiteurs, en particulier le fait que la totalité de l’aménagement, à la « frontière » et au-delà, a été réalisé et financé par la partie sud-coréenne : on n’a alors guère l’impression de se trouver en Corée du Nord. D’ailleurs lors de cette mission, qui rassemblait représentants de sociétés et diplomates européens, nous n’avons pas vu d’autres Nord-Coréens que les garde frontières et la main-d’oeuvre des usines.

…mais n’en est qu’au tout début de son développement.

Clairement Nord et Sud-Coréens réapprennent à vivre et à travailler ensemble : le « comité de gestion » du complexe, qui est un organe administratif théoriquement nord-coréen, et le « bureau de coopération économique » (qui fait la promotion de la coopération entre entreprises des deux Corée) sont de composition mixte, mais de création toute récente. Nul doute qu’une prochaine visite à Kaesong, organisée cette fois par les Nord-Coréens, permettra d’en savoir plus. En attendant, «on reste entre Coréens» : le complexe n’est pas, à ce stade, ouvert aux entreprises « étrangères », même si on y verra bientôt arriver des entreprises conjointes sino-coréennes.

- Le dynamisme retrouvé de l’économie coréenne
Auteur de l'article : hubert.frederic@missioneco.org

Les résultats du troisième trimestre confirment la reprise esquissée au premier semestre : le PIB croît de 4,4%, après +2,7% et +3,3% aux premier et deuxième trimestres. Au-delà du résultat agrégé, 2 tendances majeures renforcent l’optimisme pour les mois à venir :

1) La consommation des ménages est enfin clairement orientée à la hausse (+1,4%, +2,8%, +4,0% respectivement pour les trois premiers trimestres) après 2 années de récession continue (-1,2% en 2003, -0,5% en 2004). La crise du crédit à la consommation semble passée. Le crédit aux ménages connaît une évolution en termes réels sur un an de +5% à la mi-2005, contre +2% en 2004 et -2% en 2003. Le nombre de cartes de crédit en circulation a été réduit de 15% (85 millions mi-2005 contre plus de 100 millions fin 2002), et le volume des dépenses payées par carte affiche une baisse de 40% entre début 2003 (50 mille milliards de wons en moyenne par mois) et la mi-2005 (30 mille milliards de wons). La « bulle » semble enfin réduite.

2) Le commerce extérieur, pour lequel on pouvait prédire une année 2005 difficile après les records enregistrés en 2004, a connu un ralentissement moins prononcé que prévu et accélère même de nouveau au troisième trimestre. Les exportations de biens et services (en volume) croissent ainsi de 11,8% au troisième trimestre contre +5,5% au deuxième trimestre (+19,7% en 2004), tandis que les importations suivent une tendance similaire : +10,8% au deuxième trimestre contre +5,5% au deuxième trimestre (+13,8% en 2004). La balance commerciale (=exportations nettes) croît en volume de 17,3% sur un an au troisième trimestre. La contribution du solde externe à la croissance du PIB (près de 100% en 2004) reste ainsi significative : 33% au troisième trimestre (46% pour la consommation des ménages).

Ainsi, contrairement à la croissance enregistrée en 2004 (+4,6%), presque totalement tirée par le commerce extérieur, le dynamisme actuel de l’économie coréenne est plus équilibré dans ses composantes, et donc plus durable sur le moyen terme. Les prévisions actuelles (consensus Banque centrale de Corée, FMI, OCDE) font état d’une croissance de 3,8% sur l’ensemble de l’année 2005 (+4,5% au second semestre) et de 5,0% en 2006.

La Banque centrale de Corée a relevé son taux directeur de 3,25% à 3,50% le 11 octobre dernier, après 4 baisses successives depuis le déclenchement de la crise de la consommation des ménages en 2003 (4,25%), suivies d’une longue période de stabilité du taux. Alors que la reprise s’affirme, la politique monétaire s’attache aujourd’hui à contrer les pressions inflationnistes que pourrait engendrer l’envolée des cours pétroliers plus qu’à soutenir la croissance. En outre, la Banque centrale ne souhaite pas entretenir un différentiel de taux en sa défaveur avec les Etats-Unis, dans un contexte de relèvement continu des taux américains. L’inflation est néanmoins à un niveau parmi les plus bas de ces 5 dernières années (2,5% sur un an en octobre), tandis que le chômage reste modéré (3,6% à septembre) malgré les 2 années de crise de la demande interne.

Faisant suite à Standard & Poor’s qui a élevé cet été de A- en A sa notation du risque coréen, l’agence de notation Fitch a, elle-aussi, en octobre procédé à un relèvement de son appréciation du risque coréen, de A à A+.

 

- De la machine-outil au robot industriel : les discrets progrès d’un secteur stratégique
Auteur de l'article : richard.kwiatek@missioneco.org
Le secteur des machines, habituellement déficitaire accroît ses positions sur les marchés extérieurs….

Le secteur des machines, qui enregistre un «déficit» chronique, affiche pour la première fois un surplus de 567 millions d’USD pour les 9 premiers mois de l’année, grâce à l’exportation d’équipements pour lignes de production spécialisée (emballage, production d’acier, lignes de peinture, etc…). Cette montée en puissance, acquise avec force accords de licences et partenariats conclus avec des industriels européens et américains, se fait au détriment de la technologie japonaise dont la position sur le marché coréen s’effrite régulièrement depuis 1995.

….tiré par la qualité de ses produits et par l’effet induit des investissements industriels coréens à l’étranger…

Cette préoccupation de qualité, déjà perceptible au salon biennal de la machine outils SIMTOS 2004 de Séoul, consolide l’image d’un secteur offrant un large éventail de modèles numérisés, des tours à commandes numériques aux centres d’usinage ultra précis à sept axes simultanés. La notoriété de la machine outil coréenne, déjà bien réelle en Asie (64 % des débouchés) et aux Etats-Unis (10 % environ des exports) devrait s’accroître aussi en Europe et bénéficier des investissements de Hyundai Motor (construction d’une usine automobile en République Tchèque pour 1,2 MUSD) et de la modernisation prévue de l’aciérie roumaine de Targoviste par Samsung Corporation.

…tandis que les robots industriels japonais sont frappés d’une taxe antidumping.

Sur le marché coréen, le gouvernement a décidé le 21 septembre dernier, de frapper l’importation de robots industriels japonais d’une taxe antidumping qui porte dorénavant les droits d’entrée de ces équipements de 4,51 à 10% pendant les cinq prochaines années.

Comparée à celle de nos voisins allemands (19,9%) ou suisses (6,7%), notre part d’un marché évalué à 1,6MUSD, aujourd’hui inférieure à 0,5%, a un réel potentiel de croissance…

 

 - La population aisée tire la consommation vers le haut
Auteur de l’article : pierreandre.doucet@missioneco.org

La reprise de la consommation des ménages qui se dessine depuis quelques mois est particulièrement soutenue pour la frange la plus aisée de la population (1% de la clientèle des grands magasins). Durant les 3 derniers mois, les ventes de produits de luxe (montres d’une valeur supérieure à 10 000 US$, colliers de plus de 100 000 US$, sacs dépassant le millier de dollars l’unité) ont augmenté de 70%. L’augmentation de 50% des commandes de voitures étrangères en octobre 2005 par rapport à octobre 2004 témoigne aussi de cette tendance.

Cette clientèle, également nommée «super VIP», est très sollicitée. Elle se compose à 70% de femmes souvent sans activité. L’âge moyen de ces «supers VIP» varie selon les magasins entre 35 et 45 ans chez Galleria et Lotte et entre 45 et 55 ans chez Hyundai et Shinsegae. Exigeants, et au-delà des grandes marques, ils demandent de plus en plus de nouvelles marques du luxe, notamment françaises. Il y aurait en Corée 65 000 personnes disposant de plus d’un million d’US$ directement disponible. Les grands magasins multiplient les attentions à leur égard. Lotte, par exemple, propose à ses meilleurs clients (ceux qui dépensent annuellement plus de 30 000 US$ dans ses magasins) un concierge, et met à leur disposition des salons privatifs où ils peuvent faire leurs achats en toute discrétion. Ces personnes sont plus sensibles à la qualité et aux services qu’au prix. Elles sont également très friandes de rencontres et de défilés «privés» organisés par les grandes marques françaises.  

 
Statistiques

PIB/habitant 2004

14.144 USD

Croissance 2004

4,6 %

Chômage

3,6% (septembre 2005)

Inflation

2,5% (octobre 2005)

Won / Dollar

Won / Euro

1.046 (moyenne 09/2005)

1.258 (moyenne 09/2005)


Clause de non-responsabilité
La Mission Économique s’efforce de diffuser des informations exactes et à jour, et corrigera, dans la mesure du possible, les erreurs qui lui seront signalées. Toutefois, elle ne peut en aucun cas être tenue responsable de l’utilisation et de l’interprétation de l’information contenue dans cette publication qui ne vise pas à délivrer des conseils personnalisés qui supposent l’étude et l’analyse de cas particuliers.

Éditeur :
Mission Économique de Séoul
Adresse :Kangnam P.O Box 2165 – Séoul, 135-621
Directeur de la publication :Yves de Ricaud yves.dericaud@missioneco.org
Date de parution : 9 novembre 2005
Abonnement : en ligne http://www.diffusion.missioneco.org/ - Email abonnement : hubert.frederic@missioneco.org
 


SOMMAIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . Table DREE Séoul