Koryo

La Corée

5.000 ans d'histoire en raccourci

suivi d'informations succintes sur la socièté actuelle dans la République de Corée
(Taehan minguk)
 
Anthologie de textes

Remerciements:

Centre Culturel de l'Ambassade de Corée
Maître Christiane Tchang-Benoît (Vice-présidente d'Honneur Association France-Corée)
Service Historique de la Marine (Château de Vincennes) 
Textes choisis, condensés, adaptés et commentés par Léon C. ROCHOTTE, France Corée ( Novembre 1996. Revus et complètés: Janvier-Février-Mars 1997- Nouvelle édition:Juillet 1997) (7ème Édition, adaptation web mars 2000, mise à jour 09/2000)
  
 
Bibliographie et filmographie :

 

- Éditions L'Illustration: "Histoire de la Marine", Paris 1934.
- Claude Farrère "La Bataille" , Éditions Arrault 1947 (première édition: Fayard 1907).
- Maxime Ferrière "L'Amiral Roze", Cols Bleus Octobre 1954.
- Éditions Grange-Batelière: "Le Million", Paris 1973.
- Marc Orange "L'expédition de l'Amiral Roze en Corée", CNRS Paris, Revue de la Corée N°30 Bulletin de l'AEN N°184, 1979.
- Han Suyin (évocations), Éditions Stock 1984.
- Gilles de Ripert d'Alauzier "Le Kòbuk-Sòn", Amicale Intra Langues'O & Association FRANCE-CORÉE , Paris 1993.
- "La Corée telle qu'elle est "S.C.I.E., Séoul 1996 - 2000
- Frédéric Mitterand "Le Malheur Russe", "Les Aigles foudroyés" Les Films F.M. - A2, Février 1997.
   (Sauf mention spéciale les photos sont d'origine KOCIS) 
 

 

Répertoire :

  
SOMMAIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Index du dossier Histoire
 

 

"Le Pays du Matin Calme" 

Prologue

Séparée de la Chine du Nord Est par deux fleuves, le Yalu et le Tumen (le cours inférieur de ce dernier constituant également la frontière avec la région russe de Vladivostok), la péninsule coréenne (222.154 km²) s'étire vers le sud en direction de l'archipel japonais. La topographie en est très variée bien que constituée à 70% de montagnes. Le rivage, irrégulier, est parsemé de plus de 3.000 îles. La péninsule compte de nombreux panoramas de montagnes et de fleuves, ce qui lui a valu le nom de "pays des brocarts d'or". Son point culminant est le mont PAEKTU, la montagne "éternellement blanche", qui s'élève à 2744 mètres au dessus de la frontière nord avec la Mandchourie. Le cratère appelé Chonji (lac céleste) est enveloppé d'une aura mythique, car il serait le siège du tout premier royaume de la Corée voici 5.000 ans. Soumise à l'influence de ses voisins et enjeu vulnérable de leurs rivalités en raison de sa position géographique, la Corée (le Pays du Matin Calme) a toujours été perturbée par leurs multiples interventions: invasions barbares par le Nord, depuis les Huns au IVe siècle jusqu'aux Mandchous au XVIIe siècle, invasions japonaises par le sud à partir du XVIe siècle. Le peuple coréen, rameau supposé de la famille ouralo-altaïque, est resté cependant ethniquement homogène. Il a pu développer au contact de la Chine, suzeraine pour de longs siècles, dont il a reçu longtemps les religions et la culture, une tradition historique et artistique originale qui a entretenu la cohésion nationale bien avant l'éclosion du nationalisme coréen. Celui-ci exalte aujourd'hui le souvenir des royaumes médièvaux de SHILLA et de GORYEO (KORYO), qui unifièrent le pays, ou de SEJONG "le Grand", qui inventa l'alphabeth coréen au XVe siècle.

Au XIXe siècle, l'irruption des influences occidentales en Asie déchira le pays entre les tenants d'une ouverture, qui se traduisit par les progrès du catholicisme, et ceux de l'isolationnisme absolu destiné à préserver l'indépendance. Mais, objet de tout temps des convoitises des impérialismes asiatiques, la Corée n'était pas assez forte pour leur résister et, finalement, fût annexée par le Japon en 1910 après que ce dernier eût éliminé la concurrence de la Chine et de la Russie. Plongés dans la nuit coloniale et l'oppression, les Coréens acquirent alors une idée précise de leur propre unité nationale et luttèrent avec énergie pour leur libération. Celle-ci intervint en 1945, lors de la défaite du JAPON par les ÉTATS-UNIS et leurs Alliés, mais, en même temps, elle coïncida avec la division du pays en deux zones d'occupation, soviètique et américaine, de part et d'autre du 38ème parallèle.

L' agression caractèrisée du régime communiste du nord envers la république du sud, le dimanche 25 Juin 1950, aboutit très vite à une internationalisation du conflit de par l'intervention des troupes de l'O.N.U. principalement américaines se confrontant avec l'armée de la Chine communiste. Cette guerre de croisade des temps modernes, qui mit aux prises la première puissance démocratique mondiale, forte de sa supériorité matérielle comme de la valeur de ses combattants, et ses alliés Sud-Coréens et Occidentaux (1) , avec les Sino-Nord Coréens communistes, forts de leur tradition militaire révolutionnaire, dévasta la Corée.

Alors que les Communistes étaient sur le point d'être définitivement battus après des combats sans merci d'une extrême violence qui évoquèrent, à bien des égards, l'enfer de Verdun , l'ouverture de pourparlers diplomatiques et politiques à KAESON dès Juin 1951 conforta progressivement la division du pays. Cette partition définitive intervînt sur la base des positions à la date de l'armistice de PANMUNJOM, le 27 Juillet 1953, c'est à dire proche de la partition initiale du 38ème parallèle. Tandis que la Corée du Nord devenait une "république" populaire, la Corée du Sud se dotait d'un régime parlementaire et démocratique: la République de Corée (ANNEXE I). Un effort gigantesque de reconstruction commença. 

L' effondrement du communisme international, l'éclatement de l'empire soviètique, le rapprochement sino-américain, et l'expansion économique remarquable de la Corée du Sud, sont des facteurs qui ont modifié profondèment le contexte politique de l'Asie orientale faisant, depuis quelques années, progressivement renaître l'espoir d'une réunification obsession de toujours du peuple coréen. Mais de sérieux obstacles se dressaient toujours, tenant en premier lieu aux pesanteurs qui s'attachaient au culte de la personnalité dont étaient encore l'objet les leaders communistes totalitaires du Nord. À l'aube de ce XXIème siècle, il apparaît que, grâce à des efforts magnifiques effectués de part et d'autre, la tant désirée réunification soit maintenant à portée des dirigeants KIM Dae-jung et KIM Jong-il , et du Peuple Coréen tout entier.

 

(1) La FRANCE, sévérement engagée en Indochine à l'époque contre le Viêt Minh , participa néammoins aux opérations de l'ONU par l'envoi d'un Bataillon qui fut intégré au 23ème Régiment d'Infanterie de la 2ème Division U.S. au sein de laquelle il s'illustra particulièrement, notamment dans des combats restés historiques contre la 125ème Division Chinoise.

Sur mer, c'est l'Escorteur "LA GRANDIÈRE F731" qui appareilla d'Indochine pour être intégré à la division des frégates britanniques et du Commonwealth (Fourth Frigate Squadron). À ce titre, il participa aux débarquements d'INCHON, fait d'armes décisif des troupes de l'ONU commandées par le Général Douglas Mac ARTHUR, et de WONSAN . Ce bâtiment était le troisième du nom de l'Amiral Pierre-Paul de La Grandière (1807 - 1876) qui se distingua notamment par des qualités exceptionnelles d'administrateur parmi les amiraux-gouverneurs qui se succédèrent à SAÏGON (voir aussi "L'Expédition de l'Amiral Roze" ibidem).

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L'Antiquité

 

L' histoire légendaire fait remonter la naissance d'un premier "État Coréen" à 2.333 avant J.-C. L'ancêtre fondateur en serait TANGUN, fils d'un certain HWANUNG et d'une ourse métamorphosée en femme. Cet évènement est encore célébré de nos jours par une fête officielle traditionnelle chaque 3 Octobre, décrété "Jour de la Fondation de la Nation".(ANNEXE II)

La légende rapporte également que plus tard un certain GIJA vint de Chine et apporta aux habitants de la péninsule les connaissances techniques touchant la culture du riz, l'élevage des vers à soie et le tissage. Ce GIJA aurait fondé le premier état de JOSEON (Ko-Chôson) qui aurait duré jusqu'en 206 avant J.-C., date qui coïncide avec la fondation, en Chine, de la dynastie des Han. Il semble établi qu'à ce moment là, des groupes de population, qui ne voulaient pas se soumettre à nouvelle dynastie chinoise, franchirent le Yalu pour chercher refuge en Corée. Une partie du nord de la péninsule leur fut accordée pour qu'ils s'y établissent. Mais rapidement, ces nouveaux venus entrèrent en conflit avec ceux qui leur avait donné asile, et leur chef, WIMAN prit le pouvoir sur l'état de KO-CHOSON. WIMAN et ses successeurs n'eurent de cesse de chercher à agrandir leur territoire, non seulement vers le sud, mais aussi vers le nord en profitant des difficultés de la dynastie des Han à défendre ses frontières contre les Huns.

L' empereur Han, WU, après bien des difficultés, réussit quand même à soumettre l'ensemble de la région qui fût divisée en quatre commanderies. Il s'y développa des foyers de haute civilisation dont seule la Chine présente des équivalents à cette époque. Mais il devînt vite évident que l'esprit d'indépendance des populations rendait impossible le maintien des commanderies dans l'orbite chinoise et les empereurs Han postèrieurs, puis Jin (Tsin), durent renoncer à la plus grande partie de leur contrôle.

Pendant que la Chine s'évertuait à garder le contrôle des régions sud-ouest mandchoues et nord-ouest de la péninsule coréenne, quelques tribus se partageaient le reste du territoire. Un certain JUMONG, né, toujours selon la légende, d'un œuf pondu par sa mère et fécondé d'un rayon de soleil, allait faire un royaume puissant des parties du nord-est non contrôlées par les Han: le GOGURYEO (Koguryo). Les territoires du sud de la péninsule étaient réparti entre trois zones d'inflences tribales qui subirent relativement peu l'influence chinoise: leur organisation sociale et leurs croyances se rapprochaient davantage des civilisations des peuples dits "altaïques" (2) .

Parmi les tribus constituant le MAHAN sur la côte occidentale, celle de BAEGJE (Paekche) fondée, toujours selon la légende, par un descendant de JUMONG en 18 avant J.-C., prit de l'extension et étendit sa domination jusqu'aux confins du royaume de KOGURYO. Ce processus fût le même pour le SHILLA, une tribu du JINHAN sur la côte orientale. On peut considèrer dès lors que la péninsule allait devenir dans le temps l'enjeu des rivalités de trois royaumes.

 (2) De ALTAÏR (Montagne d'Or), qui désigna d'abord la région montagneuse du Nord de la Mongolie et de la Sibèrie méridionale.

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Les Trois Royaumes

 

Lorsque les Tang prirent le pouvoir en Chine, le SHILLA fit acte d'allégeance à cette puissante nation, espèrant pouvoir s'agrandir au détriment de ses voisins. Bien que politiquement séparés, les trois royaumes de KOGURYO, PAEKCHE et SHILLA étaient proches d'un point de vue ethnique et linguistique. Chacun disposait d'une structure politique complexe et d'un système judiciaire, et avait adopté l'éthique confucéenne ainsi que les croyances boudhiques. C'est le roi MUNMU, XXXe souverain de la dynastie qui est considèré comme le premier artisan de l'unification de la Corée dès 672. La victoire de SHILLA sur la CHINE en 676 constitue un tournant décisif dans l'histoire de la Corée. À la suite de celà, les gens de KOGURYO chassèrent les forces armées des Tang basés au nord de la péninsule et en Mandchourie, et y établirent le royaume de PARHAE.

Après bien des avatars et retournements de fortune, SHILLA pût faire passer sous son contrôle une grande partie des territoires en 735. Cette période représente un haut degré de civilisation pour les Coréens: pendant deux siècles et demi, SHILLA put jouir de la paix et de la prospèrité et s'épanouit rapidement dans le domaine des arts, de la religion, du commerce et de l'éducation. Sa capitale, l'actuelle KYONGJU, dont la population de plus de un million d'habitants vivait dans l'opulence, s'enorgueillissait de nombreux palais royaux et de magnifiques temples boudhistes.

Mais la remarquable organisation déclina vers la fin du IX e siècle, provoquant des soulèvements paysans et des scissions en petits états qui voulurent proclamer leur indépendance. C'est un peu plus tard (918) qu'un fils de riche marchand, WANGGEON, se proclama chef d'un État dit de KORYO et réussit à s'imposer à ses adversaires, forçant même le dernier roi de Shilla à abandonner le pouvoir à son profit. La dynastie KORYO devait durer quatre siècles et demi au cours desquels l'artisanat prit un grand développement après l'instauration de relations commerciales régulières entre KORYO et la CHINE. C'est du nom de KORYO qu'est dérivé le nom moderne de CORÉE. La dynastie KORYO tenta bien de lancer plusieurs campagnes de reconquête des territoires perdus du KOGURYO en Mandchourie mais ne fut jamais vraiment en mesure de réaliser cette ambition.

KORYO se distingua dans de multiples domaines. Ses céramistes mirent au point un mystèrieux vernis vert-bleu, avec incrustations, le céladon. Le céladon finement marqueté de Koryo, symbole du raffinement des aristocrates de l'époque, était hautement prisé dans toute l'Asie orientale, y compris à la cour impériale des Song en Chine. Non moins significative fut l'invention des premiers caractères mobiles en métal du monde en 1234 (un ouvrage sur le cérémonial de la cour), près de deux cents ans avant la Bible de Gütenberg (1455). Un exemplaire d'une collection de sermons du boudhisme zen, imprimé par cette technique en 1377, est conservé à la Bibliothèque Nationale à PARIS. C'est aussi à cette époque que des artisans coréens accomplirent la tâche titanesque consistant à graver l'intègralité du canon boudhique sur de larges planches de bois. Ces panneaux, au nombre de 80.000, étaient destinés à invoquer l'aide du Boudha pour repousser les envahisseurs mongols. Ce Tripitaka Koreana est aujourd'hui conservé au temple historique de Haein.

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L'avènement de la longue dynastie des YI (Chosõn)

 

En 1216, les premiers cavaliers Mongols atteignirent les rives du Yalu et commencèrent leurs razzias dévastatrices en territoire coréen. Ils ne tardèrent pas à conquèrirent le nord du pays. Puis, OGODAY, successeur de GENGHIS KAN, décida de pousser plus avant et le roi de KORYO finit par admettre la suzeraineté mongole en 1273. C'est ainsi que les Mongols, qui avaient fondé en Chine la dynastie YUAN deux ans auparavant, controlèrent toute la Corée. La présence mongole eut une conséquence inattendue sur les croyances des Coréens: la foi dans le Boudha diminua fortement, ce dont les lettrés confucéens profitèrent pour prendre leur revanche. Mais à partir de 1350, la dynastie des YUAN commença à faiblir. Les MING leur succédèrent et cherchèrent à récupèrer les anciens territoires. Il fut finalement décidé que le génèral YI SEONGGYE (Yi Song-gye) irait avec une armée de 38000 hommes s'opposer aux Chinois. Mais arrivé au Yalu, le général fit faire demi-tour à son armée et détrôna le roi.

Combattant ceux qui s'opposaient à ses desseins, il se proclama roi en 1392: la longue dynastie de CHOSON, plus connue en Occident sous le nom de dynastie des YI, était née. Elle devait règner sur la Corée jusqu'en 1910. Comme WANGGEON l'avait fait quelques siècles plus tôt, et avec beaucoup moins de clémence, YI SEONGGYE se livra à une profonde réorganisation du pays et se débarrassa de ses ennemis. Le confucianisme fut érigé en système idéologique d'état et devint un puissant instrument de réorganisation sociale qui permit d'insufler une nouvelle discipline à la vie intellectuelle. En remplaçant le boudhisme par le confucianisme, les premiers monarques de CHOSON s'affranchissaient de l'influence dominante du Boudha, mais aussi s'appropriaient les grandes richesses accumulées par les monastères durant la période KORYO... L'éthique et les valeurs confucianistes finirent par dominer les structures sociales et règler le comportement des individus pour les siècles suivants à tel point que la Corée est quelquefois considérée encore de nos jours comme le dernier état confucianiste au monde.

C'est à cette époque que la capitale fut transférée à SÉOUL (HANYANG). Les YI gouvernèrent à l'aide d'un système politique à la fois équilibré et sophistiqué. Un grand effort fut accompli en faveur de l'instruction. Le système des examens s'imposa comme la principale voie d'accès à la fonction publique, et une sorte d'université fut même créée pour les futurs fonctionnaires. Une E.N.A. bien avant la lettre en quelque sorte...

Au XVe siècle, le roi SEJONG (souvent désigné par les Coréens par le nom de "SEJONG LE GRAND" ), quatrième monarque de CHOSON, passionné de travaux linguistiques, mit au point avec un groupe de lettré de l'Académie Royale, un alphabet coréen, le HANGUL, créé de toutes pièces pour transcrire directement les sons de la langue coréenne parlée (qui est une langue "agglutinante"), sans avoir besoin de recourir au chinois. Ce système d'écriture fut conçu de manière scientifique, mais simple et efficace à la fois. Le HANGUL fut connu primitivement sous le nom de Hunmin chongum, ce qui signifie "sons corrects pour l'instruction du peuple", et titre du décret royal qui en préconisa l'usage.(3)

 

 

Alphabeth Coréen:

 

(3) L'alphabeth coréen, considéré comme un des système d'écriture les plus scientifiques qui soient, consiste en dix voyelles et quatorze consonnes qui se combinent pour former de nombreuses syllabes. Ce système simple, systématique et complet est facile à apprendre et à imprimer, ce qui explique le taux élevé d'alphabétisation de la Corée ainsi que le développement de l'industrie du livre. De plus, il s'adapte aisément aux systèmes informatiques. Quant à la langue vernaculaire, des études linguistiques et ethnologiques ont établi l'appartenance du coréen au tronc des langues ouralo-altaïques auquel appartiennent également le turc, le hongrois, le finnois, le mongol, le tibétain et le japonais.

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L'Amiral YI SUN SHIN fait face au péril japonais

 

À la fin du XVI e siècle, la dynastie des YI qui depuis sa fondation n'avait pas eu à affronter de grands dangers extèrieurs, fut victime des invasions japonaises. Le Shogun (dictateur militaire) Toyotomi HIDEYOSHI avait décidé d'attaquer la Chine et de faire passer ses troupes par la Corée malgré son refus. Les Japonais débarquèrent à PUSAN en avril 1592 avec 200.000 hommes, chiffre tout à fait considérable pour l'époque, et atteignirent promptement PYONGYANG. La défaite coréenne sur terre, principalement due à l'affaiblissement du pouvoir divisé en factions rivales, était aussi le fruit d'une extraordinaire et minutieuse préparation militaire et logistique de l'envahisseur japonais. "...À NAGOYA, dans l'administration du taïkô, était depuis longtemps dressé, reposant sur une bonne connaissance des lieux, un plan de mise en coupe règlée et de pillage systèmatique du pays. Et en hommes... pour livraison aux trafiquants d'esclaves portugais..." (4). C'était sans compter avec la déjà très ancienne tradition maritime coréenne remontant à deux siècles en arrière. En effet, face (déjà? encore ?...) aux exactions des pirates japonais, le dernier roi de KORYO avait créé une véritable force navale nationale constituée de bateaux à seul usage militaire. Cette force était toujours maintenue en état et sans cesse modernisée, suivant rigoureusement les derniers progrès, les devançant quelquefois, en matière d'utilisation de la poudre, des armes à feu lourdes aussi bien que légères, fusées et autres flèches à feux, mousquets à flèches multiples, énormes grenades etc... Si bien que la Marine coréenne avait développé une tactique de combat fondée sur l'usage massif de l'artillerie à distance et non plus seulement sur la technique couteuse de l'éperonnage et de l'abordage. Ce n'est que beaucoup plus tard que les marines européennes employèrent elles mêmes cette tactique. Successivement, on vit apparaître plusieurs modéle de très gros vaisseaux de ligne (pour l'époque), pontés entièrement et très fortement armés, les pan'ok-sòn, invincibles mais restant lourds à manoeuvrer et requèrant l'aide de navires plus légers.

Fin Avril 1592, l'escadre du Sud-Ouest basée à YÒSU, était commandée par l'Amiral YI SUN-SHIN et disposait à elle seule de 24 pan'ok-sòn, plus 80 navires de moindre tonnage dont quelques dizaines, légers et rapides, remarquablement toilés pour l'époque, spécialisés dans la patrouille et la reconnaissance maritimes. Cette escadre était en parfait état de marche, comme, d'ailleurs, d'autres escadres de la marine coréenne toutes basées sur la côte ouest.

L' Amiral YI SUN-SHIN était fils d'un fonctionnaire lettré, mais modeste, issu de la plus pure tradition confucianiste. Il eut une carrière très inégale mais ses exploits militaires, sa valeur technique, sa culture, son patriotisme intransigeant, sa droiture et la hauteur de sa pensée en font une figure emblèmatique de la Corée, encore aujourd'hui. Malgré les intrigues de cour il fut nommé Commandant en Chef des forces coréennes du "Centre" et entreprit de s'opposer à l'ennemi tout puissant à partir de ce dispositif resté intact qu'était la Marine coréenne. Il commença d'abord par se renforcer techniquement afin de pouvoir lutter efficacement contre un ennemi infiniment supérieur en nombre et en tonnage.

La flotte japonaise qui avait investi PUSAN comptait plus de cinq cents navires de combat, sans parler des 700 bateaux de tous types, construits exprès ou réquisitionnés à l'occasion de l'invasion. Les Japonais disposaient notamment de navires de grande taille du type atake redoutables en combat rapproché du fait d'une mousquetterie nombreuse et efficace, d'origine portugaise, le teppô. Mais ces bâtiments restaient globalement infèrieurs militairement aux bâtiments coréens, bien mieux pourvus en artillerie moderne, et se révèlaient beaucoup moins marins. Les Japonais avaient quand même pensé à perfectionner certains de ces énormes atake dans le but de se mesurer aux redoutables unités lourdes coréennes. C'était le cas par exemple du gigantesque "Nihon-Maru" et de ses bâtiments d'escorte, qui fut quand même proprement envoyé par le fond par les Coréens malgré une défense acharnée, le 10 Juillet 1592 au large d' AN GOLP'O, non loin de PUSAN.

L' Amiral coréen, conscient de sa très grande infèriorité numèrique, avait décidé d'accentuer encore son efficacité et sa large supèriorité technique en développant, le premier au monde, le concept de bâtiment cuirassé(5) à partir des gros navires pontés précédents de type pan'ok-sòn. YI SUN-SHIN, loin des idées défaitistes, avait donc entrepris sans tarder une remise en œuvre générale des moyens toujours disponibles: entraînement et instruction des hommes et des officiers, restauration des ouvrages de défense maritime, recherches et essais sur l'artillerie embarquée, amélioration des performances, mise au point et mise en chantier d'un nouveau type de navire le Kòbuk-Sòn (ou Bateau-Tortue à cause de l'apparence de son pont supèrieur protègé par une carapace blindée et étanche, armée de piques, car sa vitesse et sa manœuvrabilité étaient fort grandes). Le Bateau-Tortue, dont aucun plan n'est arrivé jusqu'à nous, avait une taille importante comparée à celle de ses contemporains. Ses formes, très marines, lui donnaient une vitesse supèrieure et son originalité en la matière était d'avoir deux allures: l'une de route, sous fort entoilage porté par deux mâts rabattables et, probablement, totalement escamotables dans un logement protègé, propulsion rapide mixte voiles et rames; l'autre de combat, mâts abattus, avec un rang de nage sur chaque bord, l'architecture du bateau permettant une navigation sous rames seules en position quasi verticale, les marins étant parfaitement à l'abri.

La proue comportait une tête de dragon dont la gueule permettait à un dispositif étonnant de répandre des fumées et des gaz délètères et suffocants à partir de la combustion de soufre et de salpêtre, servant en même temps de brouillard artificiel.... Elle était renforcée d'un rostre permettant l'éperonnage, sans préjudice de deux sabords blindés abritant des pièces de chasse de bon calibre. Les flancs (murailles), protègés et blindés, étaient équipés de dispositifs anti-abordage et anti-éperonnage. Ils comportaient de même plusieurs sabords blindés permettant le tir de nombreuses grosses pièces (12 par bords) permettant un feu continu, et aussi 22 meurtrières pour le tir de fusées, flèches à feu, mousquets à flèches multiples.

La carapace, hérissée de piques métalliques, assurait une protection totale du bateau et de son équipage, mâts rentrés dans leur logement. Cette protection jouait aussi bien pour le feu que pour les projectiles de petits et moyens calibres. Un mât déporté sur babord portait marques et pavillons, et, aussi, chaque fois que l'occasion s'en présenta (elles furent nombreuses), la tête, décollée au sabre, des amiraux japonais vaincus...

 

Reconstitution flottante du Kobuk'son (photo offerte à la Marine Nationale par l'Amiral Oh Kyung-hwan (ROK Navy)

 

C'est dans ces conditions matérielles exceptionnelles mises en œuvre par des équipages super-entraînés et motivés par leurs succès, que l'Amiral YI SUN-SHIN livra batailles sur batailles qui furent autant de victoires. La guerre devait durer sept ans. YI ne cessa de se montrer excellent tacticien, ménageant hommes et matériels. À SACH'ÒN, il mit ses bateaux-tortues en embuscade dans les îles. S'étant bien montré à 400 de ses adversaires à l'ancre au fond de la baie avec un petit nombre de bateaux, il fit mine de s'enfuir afin de les inciter à la poursuite. Ayant déterminé sa tactique de façon à se faire aider par la marée, l'Amiral coréen prit les Japonais au piège, utilisant au maximum les ressources de son artillerie. Tous les bateaux ennemis qui s'y étaient risqués furent coulés malgré leur forte résistance. Blessé, YI SUN-SHIN attendit stoïquement la déroute adverse pour extraire lui-même la balle de mousquet qu'il avait reçu à l'épaule. À TANGP'O il attaqua avec son Kòbuck-Sòn l'énorme atake, avec un chateau de plus de dix mètres, de l'Amiral japonais Kurushima MICHIYUKI, qui, sous la concentration de feu des Coréens, ne tarda pas à s'embraser. Promptement repêché, MICHIYUKI fut proprement décapité et sa tête envoyée en tête du mât de YI SUN-SHIN.

La flotte coréenne ne cessa pas de porter le feu et la désolation dans la flotte japonaise. La glorieuse bataille de l'île de HAN-SAN reste connue dans l'histoire de toutes les Marines comme le "Salamine de Corée". À ANGOLP'O, vingt et un grands bateaux japonais furent surpris et détruits, dont le "Nihon-Maru", au chateau à trois étages (vide supra). Poussant jusqu'à PUSAN où les Japonais étaient solidement retranchés, YI SUN-SHIN coula 130 bateaux réfugiés dans la baie. Mais cette fois, les Coréens furent pris sous le feu des batteries côtières constituées d'excellentes pièces lourdes d'origine ... coréenne, et la flotte subit de grosses pertes. Peu importa, car la guerre avait pris une tournure diffèrente du fait de l'intervention des troupes de la Chine suzeraine et en 1593, les Japonais avaient reflué à hauteur de SÉOUL. Des négociations s'engagèrent par dessus la tête des Coréens entre Chinois et Japonais, ces derniers se gardant bien d'avancer d'un mille en direction de YI SUN-SHIN dont la vigilance n'avait pas flèchi. L'Amiral coréen avait installé son quartier génèral dans l'île de HANSAN, au sud-ouest de l'île de KÒJÉ et de là, s'employa à gèrer un mini-royaume avec un grand talent, développant ses arsenaux et parvenant à nourrir une population considèrable, civile et militaire. Les Japonais finirent par se retirer dans le Sud où ils ne manquèrent pas de se livrer de nouveau aux plus effroyables atrocités, comme ils l'avaient fait déjà lors de leur marche victorieuse vers le Nord.

De par l'influence de factieux jaloux et récemment remis en cour, YI SUN-SHIN tomba en une telle disgrâce qu'il échappa de peu à la mort et fut rétrogradé au rang de simple soldat. C'est en Juin 1597 que les Nippons débarquèrent à nouveau en force en vue de s'installer. Cette fois, ils battirent la flotte coréenne et conquirent HANSAN. Le Roi de Corée, consterné, se hâta de rétablir YI dans ses fonctions. Ayant remporté quelques succès, l'Amiral se vit renforcé par l'arrivée d'une flotte chinoise et la victoire tourna irrésistiblement à son avantage. C'est le 16 Septembre 1598 qu'il remporta sa plus légendaire victoire dans la passe de MYONG-YANG en utilisant diaboliquement les ressources de la marée. Avec douze Bateaux-Tortues (et une centaine de bateaux de pêche camouflés en grosses unités...) il tendit un piège à 133 bateaux japonais, s'en prenant d'abord au vaisseau de l'Amiral Kurushima MICHIFUSA qui fut tué et dont la tête monta aussitôt au mât du navire amiral coréen. La route de l'ennemi vers le nord était définitivement coupée. Le 19 Novembre, YI SUN-SHIN remporta sa dernière et décisive victoire à NO RYANG CHIN mais y fut blessé mortellement. Atteint d'une balle au coté gauche, il se fit attacher à son mât dans une attitude conquèrante et c'est, mort, qu'il se rua à l'assaut de l'escadre du Japonais Shimazu YOSHIHIRO qui ne ramena dans son pays que cinquante navires de ligne sur deux cent cinquante...!

 

(4) G. de Ripert d'Alauzier

(5) Le premier bâtiment de guerre cuirassé occidental a été "La Gloire", une frégate française construite par Dupuy de Lôme et lancée à TOULON le 24 Novembre 1859 (5.620 tonnes, gréément trois mâts, machine à vapeur de 900 chevaux assurant une vitesse de 13,5 nœuds). Construit entièrement en bois, les flancs en avaient été recouverts d'une armure métallique de 10 à 12 centimètres, s'étendant de bout en bout, depuis deux mètres en dessous de la flottaison jusqu'à la partie supèrieure de la batterie. La membrure en bois était génèralement préfèrée car elle se refermait partiellement après le passage d'un boulet. Plusieurs navires de ce type furent construits et, simultanèment, on construisit des frégates cuirassées tout en fer pour comparer. La première frégate cuirassée construite en fer fut "La Couronne" de 6.400 tonnes, lancée en 1861. Ce type de bâtiment se révéla inusable: cinquante ans après, la "Couronne" servait encore d'école de canonnage.

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Le rayonnement intellectuel de la Chine suzeraine

 

Une trentaine d'années plus tard, les Mandchous menacèrent à leur tour la Corée qui dû reconnaître leur suzeraineté. C'est d'ailleurs à partir de 1644 que les Mandchous, après avoir assujetti la Chine, remplacèrent la dynastie des MING par la leur propre, celle des TS'ING. Un intense courant intellectuel chez certains lettrés coréens se créa, notamment à partir des travaux du Chinois GU YANWU donnant naissance à une école de pensée, le mouvement SILHAG ou SIRHAK (Science du Réel). Les écrits chinois qui parvenaient en CORÉE traitaient également des techniques occidentales propagées et enseignées à la Cour Impériale par la Compagnie de Jésus qui y jouissait d'un statut très particulier. Ces privilèges des Jésuites furent d'ailleurs l'objet de vives critiques de la part de Rome, mais ils ne se laissèrent pas intimider et continuèrent leur tâche au détriment de l'apostolat. Ils furent excommuniés...

Par ce biais, les lettrés coréens qui se rendaient à PÉKING (BEÏJIN) en mission tributaire annuelle, se familiarisèrent avec les principes du catholicisme, doctrine qu'ils ramenèrent et qui fût aussitôt l'objet d'un grand engouement auprès de certains. La vague chrétienne atteignit la Corée lorsque des copies de travaux en chinois du missionnaire catholique Matteo RICCI furent introduites sur le territoire, attirant de nouveau l'attention du SIRHAK. Outre la doctrine religieuse, ces livres décrivaient divers aspects de l'enseignement occidental parmi lesquels un système de calendrier plus précis et d'autres sujets à caractère scientifique et philosophique. Mais en 1786, l'autorité royale s'inquièta fort de l'influence prise par le catholicisme dans le pays et le condamna. Il s'en suivit plusieurs persécutions, encouragées par les lettrés confucianistes de stricte obédience.

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 La France manque une opportunité...

 

Au XIX e siècle, la CORÉE économiquement très déprimée, ne s'ouvrait que lentement et difficilement au commerce international, notamment avec les Occidentaux. Il en était de même au plan des idées et des religions. Au point que la CORÉE était plus connue à cette époque sous le nom de Royaume Ermite. Mais le catholicisme était toujours présent, quoique pratiqué dans une semi-clandestinité. En 1831, un Vicariat Apostolique fut néammoins créé et confié à la Socièté des Missions Étrangères à Paris. C'est Mgr BRUNIÈRE, alors évêque co-adjuteur au Siam qui fut désigné pour en prendre la tête, mais il ne rejoignit jamais son poste. En effet, il décèda en cours de route en Mandchourie où il devait se joindre à un autre missionnaire, le Père MAUBANT. Ce dernier n'atteignit Séoul qu'en Janvier 1836. Il fut rejoint dans l'année par le Père CHASTARD. Un peu plus tard arriva le nouveau Vicaire Apostolique en la personne de Mgr IMBERT.

Avec l'arrivée des missionnaires, le nombre de catholiques se remit à croître rapidement et le gouvernement coréen se rendit à nouveau compte qu'il n'avait pas réussi à éradiquer la foi chrétienne dans le pays. Au mois de mars 1839, le Ministre de droit YI CHI-YON conseilla de supprimer les catholiques et il s'en suivit la publication d'un édit visant à mettre fin à la propagation de cette doctrine perverse. L'édit fut appliqué avec vigueur. Mgr IMBERT fut arrêté avec ses deux compagnons, condamnés à mort et décapités le 2 Septembre. Mais les croyants qui avaient pu échapper aux arrestations se regroupèrent et le catholicisme ne cessa pas de croître. À telle enseigne que, en 1845 un nouveau Vicaire apostolique Mgr FÉRRÉOL accompagné du Père DAVELUY débarquèrent en CORÉE, venant de Shangaï.

La FRANCE à cette époque mettait fin à la guerre de l'opium avec la CHINE et passait avec elle divers traités (Nankin 1842, Whampoa 1844). Un édit, dit de Tao-Kouang recommanda même la tolérance pour la religion catholique. On convînt donc d'envoyer l'Amiral CÉCILLE demander au Vassal Coréen des explications sur le meurtre des trois missionnaires. L'Amiral toucha terre près de HONGJU-MOK en août 1845 pour remettre aux autorités une lettre très ferme, précisant qu'il s'en viendrait chercher la réponse l'année suivante...

Cette mission fut en fait confiée au Capitaine de Vaisseau LAPIERRE, commandant la Division Navale d'Indochine qui appareilla avec deux navires, La Gloire et La Victorieuse pour aller chercher la réponse des Coréens. Las, les bâtiments, trompés par des cartes anglaises mal dressées, s'échouèrent sur une île de la province du Cholla. On en profita pour faire des relevés hydrographiques plus sérieux, mais les Français, dans cette posture peu glorieuse, ne se trouvaient plus en position de force quand , par une mission allant en Chine, ils ne reçurent qu'une fin de non-recevoir plutôt sèche de la part du gouvernement coréen. Bien entendu le Commandant LAPIERRE n'en accepta ni le fond ni la forme mais ne pu faire autre chose que de menacer que "si, à l'avenir, un Français est arrêté en Corée, on devra le renvoyer à Pékin; en agissant autrement on s'exposerait aux plus grands malheurs". De fait, on en resta là pour des années. D'abord parce que le gouvernement français ne prêtait qu'une oreille distraite aux diplomates en poste en Chine qui poussaient à l'expédition punitive, faisant remarquer aussi que "de la meilleure foi du monde, les missionnaires voient les choses comme ils le désirent et il faut quelquefois se défier des faits qu'ils nous font connaître par les récits des gens qui les entourent".

Plus convaincante aurait pu être la supplique de Monsieur de MONTIGNY à l'Empereur qui entrevoyait que la passation d'un traité avec la CORÉE aurait pour effet d'arrêter les projets de conquête de la presqu'île coréenne, dont la Russie ne se cache plus depuis plusieurs années. Là encore, le gouvernement français trouva plus sage de ne pas s'aventurer en CORÉE alors que ses rapports avec la CHINE n'étaient pas satisfaisants. D'autant que, dans l'intervalle, un nouveau Roi montait sur le trône et faisait preuve de beaucoup plus de mansuétude envers les catholiques. Enfin, la situation se durcissait en CHINE aboutissant aux traités de TIEN-TSIN puis de PÉKING avec la FRANCE et la GRANDE-BRETAGNE (1860). La nouvelle de la défaite des armées chinoises par les diables occidentaux et, en particulier, la destruction du palais Yuan-ming-Yuan sema la consternation en CORÉE lorsqu'elle y parvînt et les Coréens pensèrent pouvoir échapper au péril blanc en se faisant massivement catholiques attirant la venue de nouveaux missionnaires. Dès lors ceux-ci ne se bornèrent plus à la seule évangélisation, mais commencèrent à enseigner la médecine, les mathématiques, les techniques agricoles et les langues étrangères tout en étudiant eux-mêmes la langue et la culture coréennes.

C'était trop beau. Les Russes cherchaient inlassablement des contacts en CORÉE et causaient beaucoup de soucis au Régent TAEWON'GUN dont certains catholiques de son entourage lui suggèraient même de faire appel à la FRANCE. L'occasion fut manquée par les Catholiques coréens quand un bâtiment russe entra dans le port de WONSAN en janvier 1866 pour demander l'ouverture de négociations. Les historiens restent divisés quant aux vraies raisons qui provoquèrent alors un revirement total de l'attitude du Régent à la suite d'un incident où il s'estima offensé. Quoiqu'il en soit, il se rangea brusquement du côté des conservateurs partisans d'une politique de réclusion. De plus des nouvelles parvenaient de CHINE selon lesquelles le gouvernement chinois avait décidé d'exterminer les missionnaires étrangers. Les catholiques furent accusés par les ministres conservateurs de vouloir livrer le pays aux étrangers et les persécutions reprirent avec violence. Onze missionnaires français furent arrêtés et neuf exécutés. Du côté coréen, ce furent de véritables massacres, souvent prétextes à règlements de compte et un grand nombre d'innocents périrent. On estime que dix mille personnes moururent en quelques mois. Un missionnaire français, le Père RIDEL, parvînt à fuir sur une jonque accompagnés de Coréens et s'en alla chercher du secours en CHINE où il arriva début juillet à TCHÉFOU. Il y rencontra l'Amiral Pierre-Gustave ROZE, commandant la Division navale des Mers de Chine, bien d'accord de ne pas laisser sans une réparation éclatante un attentat barbare dont nos compatriotes ont été les victimes et dont la perpétration émane de la volonté royale. Mais en bon Marin, l'Amiral déclara qu'avant de prendre parti, il lui fallait plus de renseignements sur une côte aussi peu fréquentée et surtout connaître aussi exactement que possible quels sont les moyens d'action qui seront mis à sa disposition. "Dans tous les cas, je n'entreprendrai rien qui puisse compromettre la sécurité de nos bâtiments et le gouvernement de l'Empereur". Sur quoi l'Amiral de LA GRANDIÈRE,dont les qualités d'administrateur avisé ont été perpétuées à travers son nom donné successivement à quatre bâtiments de la Marine française (voir (1)), gouverneur de la Cochinchine, enjoignit à l'Amiral ROZE de rallier SAÏGON pour y confèrer sur ce qu'il convenait de faire militairement avec les moyens disponibles.

Mais à Péking, Monsieur de BELLONET, Ministre en poste, cru bon de prendre les choses en main et déclara quasiment la guerre à la CORÉE de sa propre autorité, exigeant sa soumission. Monsieur de BELLONET en appela même au Prince KONG, frère de l'Empereur de Chine sur un ton que l'Amiral ROZE désapprouva à son retour. L'Amiral n'admit pas que le Ministre se substitua à lui :"une telle manière d'agir m'a paru inadmissible et j'ai du la repousser". Le 18 Septembre il s'embarqua sur la corvette Primauguet accompagné du Père RIDEL et de ses marins coréens et mit le cap sur la CORÉE avec l'aviso Déroulède et la canonnière Le Tardif. La flottille remonta la rivière Han et mouilla à quelques kilomètres en aval de SÉOUL après avoir pris le temps de faire tous les relevés souhaitables dans cette zone peu sûre aux îles innombrables, où les courants sont souvent violents et les marées importantes. Les mandarins, qui n'avaient pas la conscience tranquille, firent établir un barrage de jonques et de chalands, et, refusant la discussion, firent tirer des coups de fusils sur les navires français. L'Amiral démolit le barrage en quelques coups de canons, s'en alla devant SÉOUL relever le plan des fortifications et examiner scrupuleusement les défenses qui étaient loin d'être négligeables, et s'en retourna... Compte tenu des délais de transmission, le gouvernement français n'apprit ces nouvelles qu'avec retard et sa surprise fut complète lorsqu'il prit connaissance des mesures décidées par BELLONET. Le Ministre des Affaires Étrangères ne se fit pas faute de le rappeler à l'ordre: votre légation ne vous donnait pas pouvoir de proclamer de votre autorité privée la déchéance du Roi de Corée, en lui déclarant la guerre et en prescrivant au commandement de nos forces maritimes de commencer les hostilités. Monsieur le Contre Amiral ROZE a été mis en possession d'instructions précises par le Ministre de la Marine (alors M. CHASSELOUP-LAUBAT) qui détermineront le caractère de la mission dont cet officier général est chargé, et il lui appartient de les éxécuter sous sa seule responsabilité ... Je suis du reste convaincu que l'Amiral saura concilier ce que réclament les devoirs de l'humanité et la protection de nos missionnaires avec la nécessité de ne pas entraîner la FRANCE dans une entreprise lointaine ... et obtenir un résultat immédiat sans engager pour l'avenir l'action du gouvernement de l'Empereur".

L'avis de l'Amiral ROZE était donc qu'il fallait pour l'heure se contenter de donner une leçon aux Coréens et non pas de monter une expèdition importante qui aurait demandé une longue préparation et plusieurs milliers d'hommes. Et on approchait de l'hiver, fort rigoureux sous ces latitudes. C'est le 11 Octobre que l'Amiral repartit de TCHÉFOU avec une frégate, deux avisos, deux canonnières et une corvette. Cent soixante dix fusiliers marins débarquent sur l'île de KANGHWA et enlèvent facilement la forteresse qui commandait le passage vers le fleuve Han. Bientôt, la progression française est freinée, notamment par les troupes du Général coréen YI YONG-HUI auquel l'Amiral ROZE adresse plusieurs lettres exigeant réparation, sans succès. La flotte se met à canonner les alentours, causant des dégâts importants et les Français remontent vers SÉOUL qui a préparé sa défense. Des ouvrages sont enlevés par les marins. Entre les mains de l'Amiral tombent des drapeaux, des canons, huit mille fusils, vingt caisses de lingots d'argent, sans compter des laques, des jades, des manuscrits et des rouleaux de peinture. Mais l'Amiral doit faire des choix compte tenu des moyens limités dont il disposait. Estimant que son coup de main est en passe de réussir, il lance une proclamation assurant qu'il ne veut aucun mal aux Coréens, mais il exige qu'on lui livre deux missionnaires encore prisonniers. Et il attend. Le gouverneur coréen lui aussi attend. L'Amiral finit par s'impatienter et attaque le 11 Novembre, se mettant à bombarder consciencieusement le palais et les bâtiments officiels. Le résultat est immédiat: les deux missionnaires sont remis à l'Amiral. C'est pavillon haut que la flotte redescend la rivière Han, l'Amiral ROZE estimant avoir eu satisfaction, et regagne son camp de base pour y mettre à l'abri les blessés.

Vingt quatre heure plus tard, l'évacuation était ordonnée avec ordre de détruire tout ce qui pouvait l'être. Puis la flotte quittait les eaux coréennes. Dans un rapport daté du 15 Novembre 1866 rappelant que ses moyens ne lui permettait aucunement de remonter au cœur du pays pour l'amener à traiter avec nous, l'Amiral ROZE écrit : "l'expédition que je viens de faire , si modeste qu'elle soit, en aura préparé une plus sérieuse si elle jugée nécessaire,....Elle aura d'ailleurs profondément frappé l'esprit de la Nation Coréenne en lui prouvant que sa prétendue invulnérabilité n'était que chimérique. Enfin la destruction d'un des boulevards de SÉOUL et la perte considérable que nous avons fait éprouver au gouvernement coréen ne peuvent manquer de le rendre plus circonspect. Le but que je m'étais fixé est donc complètement rempli et le meurtre de nos missionnaires a été vengé". Les Européens résidant en Chine considérèrent, eux, que ces résultats étaient peu importants, sinon nuls, et souhaitèrent une expédition lourde pour le printemps suivant. Celle-ci n'aura jamais lieu.

Un peu plus tard, en 1867,un navire américain, le "General Sherman", ayant fait naufrage sur les côtes coréennes, une partie de l'équipage fut massacré et les États-Unis ne purent obtenir réparation, même en faisant intervenir le Suzerain chinois. Encouragés par M. de BELLONET qui ne désarmait pas du langage comminatoire, le gouvernement américain demanda à PARIS de monter une expédition franco-américaine, mais la CORÉE était devenue une préoccupation mineure de la politique étrangère française. Quant aux Coréens, ces résultats inattendus, qu'ils purent interprèter légitimement comme autant de succès, les confirmèrent dans leur détermination à refuser tout contact avec l'étranger et leur xénophobie ne fit que se renforcer.

Addition du webmestre (Octobre 2000) : C'est dans le "butin" conquis par les Marins français que se trouva inclus de précieux manuscrits relatifs à la Dynastie Choson. Les Coréens considèrent que ces Archives Royales sont pour eux d'une très grande importance culturelle et patrimoniale. Ils ne tardèrent guère à en réclamer leur restitution par la France. En visite à Séoul en 1993, le Président MITTERAND avait promis d'étudier ce problème. En 1997, en pleine tourmente financière, le Président KIM Dae-jung nouvellement élu ne manqua pas de rappeler cette promesse. La visite d'État qu'il accomplit en France en Mars 2000 fut pour le Président Coréen l'occasion de s'entretenir de ce contentieux directement avec le Président Français et de créer une amorce de solution. Le sommet de l'A.S.E.M. des 20 et 21 Octobre 2000 à Séoul, a donné aux deux dirigeants KIM et CHIRAC l'occasion de faire le point sur cet épineux sujet.

Voir la revue de presse du 21/10/2000

Au sujet du contentieux, voir surtout page: expedition1866_ctx

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La guerre sino-japonaise

 

 

En Août 1875, un bateau japonais, le "Un-Yo" , fut mitraillé par les batteries côtières de l'île de GWANGHWA, ce qui mit le feu aux poudres: le prétexte était trouvé par les Japonais pour faire débarquer leurs troupes. La Chine, mécontente de cette ingèrence étrangère, envoya à son tour des troupes en Corée. Il s'en suivit une grande confusion. C'est en 1894 qu'éclata vraiment la guerre provoquée par la compétition millénaire de ces deux empires du Levant, la CHINE et le JAPON, sur la possession de la CORÉE. En Septembre de cette année, devant l'embouchure du YALU, eut lieu le premier engagement entre forces navales modernes, bien que fort dissemblables entr'elles. La flotte chinoise de l'Amiral TING était mieux protègée et plus puissamment armée de canons de gros calibres. L'Amiral japonais ITO l'emportait par le nombre de pièces de moyen calibre à tir rapide, la supèriorité de vitesse et surtout par la haute valeur professionnelle du personnel.. Ayant appris la présence de l'escadre chinoise à l'embouchure du YALU, l'amiral ITO se présenta en vue de la flotte ennemie au matin du 17 Septembre, et resta en observation hors de portée de son artillerie. Vers 11 heures, l'amiral TING appareilla et se porta à la rencontre des Japonais en formant son escadre en angle de chasse. ITO forma aussitôt sa propre escadre en ligne de file, plaçant en tête une division légère où figurait le "Naniwa" commandé par TOGO, le futur vainqueur de TSOU SHIMA (Détroit de CORÉE, et ouvre le feu à 5.000 mètres. L'amiral ITO, avec la division des trois garde-côtes protègés de 4.300 tonnes construits sur les plans de l'Ingènieur français Émile BERTIN (6) "Matsushima", "Itsukushima"et "Hashidate", se maintenant entre 2.000 et 3.000 mètres, accabla le centre de l'escadre chinoise avec le feu de son tir rapide sans discontinuer jusqu'au soir.

Quand il suspendit le tir, trois croiseurs chinois étaient par le fond, un échoué, quatre autres en fuite avec le feu à bord, et les cuirassés, superstructures trouées et artillerie hors de service, restaient à l'état d'épaves flottantes. La guerre se termina par le traité de SHIMONOSEKI (Avril 1895) qui retirait à la Chine tout droit de regard sur les affaires coréennes.

 

(6) Louis-Émile BERTIN, Ingénieur du Génie Maritime né à NANCY (1840-1924), en mission au Japon, fut aussi l'architecte du port de guerre japonais de YOKOSUKA, près YOKOHAMA, et y a encore sa statue sur la jetée.

En Février 1950, l'Aviso "LA GRANDIÈRE" chargea dans ce port 33 tonnes d'or au titre des réparations de guerre (1940-1945) du JAPON à la FRANCE. En fait, cet or correspondait à celui qui avait été razzié sept ans auparavant par les troupes japonaises à SAÏGON lors du pillage de l'Indochine. Quelques mois plus tard, ce bâtiment revenait à SASEBO, pour se joindre à la flotte de l'ONU et participer à la défense de la liberté de la Corée.

 

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La défaite russe scelle le destin de la Corée pour un demi siècle

 

À la fin du XIX e siècle, ce fut au tour de l'empire Russe de se mesurer à l'empire Japonais pour la possession de contrées situées entre les deux pays sur lesquelles aucun des deux n'avait de droit, ni juridiquement, ni moralement. Dans son effort pour atteindre la mer libre et pour possèder un port qui ne gèle pas, la RUSSIE avait absolument besoin de la MANDCHOURIE et de la CORÉE. D'un autre coté, le JAPON n'avait pas moins besoin de la CORÉE pour y déverser son excèdent de population et y développer son commerce. Depuis quelques années, le JAPON était aussi une menace grandissante pour la RUSSIE qui essayait de terminer son Transsibèrien à grands frais. Les ambitions de Nicolas II en Mandchourie étaient nettement contre-carrées par un " Japon -qui- alarme, par ses menées ambigües.... Un peuple ambitieux, avide et indéchiffrable, fanatisé par la révolution moderniste que lui a imposé un Mikado divinisé. Son armée inquiète, passée maître en massacres lors des morsures coloniales" (7) . Telles sont les causes principales des hostilités ouvertes entre les deux nations au début du XX e siècle, le 4 Février 1904.

Sur mer, cette guerre fut la première dans laquelle on ait trouvé des flottes cuirassées soutenues par tous les types de bâtiment qui pouvaient exister à l'époque (croiseurs, torpilleurs, navires auxiliaires à grande vitesse, mouilleurs de mines etc...) à l'exception du sous-marin encore dans sa période expérimentale. La flotte russe était la plus nombreuse et comprenait des unités modernes sortant à peine des chantiers, mais aussi beaucoup de navires fatigués, médiocrement pourvus. Les canons russes, pour la plupart, ne possèdaient pas d'appareils de visée optique. Et les meilleures unités étaient encore basées en Europe.

La flotte japonaise était composée de navires bien entretenus et largement approvisionnés. Le cuirassé nippon "Mikasa" de 15.350 tonnes pouvait être considèré comme le plus parfait de l'époque et le croiseur "Chitoze", de 4.760 tonnes, comme le modèle du genre. L'artillerie japonaise avait fait des progrès considérables sur les conseils de l'Amiral anglais Percy SCOTT. Et l'Angleterre, avait fait profiter l'amirauté nipponne de tous ses travaux et de toute sa modernité. Les canonniers japonais disposaient d'un atout redoutable: les télémètres "Barr and Stroud", dernier cri en matière de visée optique. "Mais à la guerre, le matériel n'est rien, le personnel est tout... et pour vaincre sur mer, il faut se préparer avec méthode et prudence, puis se ruer avec fureur et folie... Ainsi firent RODNEY, NELSON et le Français SUFFREN" (8) . Ainsi firent les équipages japonais. Dans ces conditions, la flotte russe était vouée à la défaite.

"Attaquée sans avertissement selon une méthode qui fera tragiquement ses preuves" (9) (37 ans plus tard à PEARL HARBOR ...) ,l'escadre russe d'extrême-orient s'était laissée surprendre à PORT-ARTHUR (LUSHÙN), port à l'extrême pointe sud ouest de la Mandchourie, à environ 250 kilomètres de l'embouchure du YALU, le 8 Fèvrier 1904. Débarquant alors en masse et sans contrainte, les troupes japonaises s'employèrent à couper la ligne de chemin de fer, veine jugulaire d'une armée russe prise au piège dans les glaces. Après des mois de bataille PORT-ARTHUR était assiègé, privée de vivres, de renforts et de munitions. L'héroïsme ne suffisait plus devant la peste et le choléra.

Mais à SAINT PÉTERSBOURG on gardait confiance "la flotte russe est la carte maîtresse qui doit renverser le sort des armes. Et tant pis si les Génèraux se sont trompés, les Amiraux font le serment de la seconde chance. La flotte de la Baltique appareille pour délivrer Port-Arthur.... Entrant dans les brouillards de la Mer du Nord, l'escadre rencontre des navires qu'elle prend pour des croiseurs japonais qui se seraient aventurés jusque là.... Malgré les réticences de certains officiers l'Amiral RODJETSVENSKY fait canonner ce qu'il croit être l'ennemi....Ce sont des chalutiers britanniques inoffensifs qui seront envoyé par le fond.... L'Amiral était ivre!" (10)

Six mois plus tard, "gracieusement ravitaillée en cours de route dans les colonies du Kaiser GUILLAUME..." la flotte russe de la Baltique arrive en Extrême-orient. PORT ARTHUR est tombé en Janvier 1905. Soixante quatre navires sont passés par devant SINGAPOUR, ce dont les Japonais ne tardent pas à être avertis. Pour finir, l'Amiral russe RODJETSVENSKY fut complètement défait et sa flotte écrasée au combat du détroit de TSOUSHIMA (11), entre la CORÉE et le JAPON, le 27 Mai 1905. C'est à cette bataille que l'amiral japonais TOGO inaugura la tactique dite de la concentration de feu. La RUSSIE dut finalement s'incliner en MANDCHOURIE et le traité de PORTSMOUTH (Septembre 1905) (12) laissa le champ libre au JAPON quant à ses prétentions sur la CORÉE à laquelle un traité de "protection" fut promptement appliqué.

 

(7-9-10) Frédéric MITTERAND ("Le Malheur Russe")

(8) Claude FARRÈRE ( "La Bataille" )

(11) L'épisode de la bataille de Tsoushima, qui scella le destin de la Corée pour 35 ans de domination japonaise, est évoqué dans l'article de l'Amiral TAILHADES sur la participation de la Marine Nationale à la Guerre de Corée avec l'Aviso "LA GRANDIÈRE" (Revue des Armées Juin 1990 - Le Piton, Bulletin de l'A.N.A.F.F. ONU et R.C. Août 1996 - Newsletter N°128 et 129 BKVA South London Branch April/May 1997, en langue anglaise).

(12) C'était la première fois qu'un État asiatique imposait un tel échec à une grande puissance occidentale. C'est aussi à cette date que se situe la mutinerie du cuirassé POTEMKINE en Mer Noire...

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L'admirable Résistance de l'indomptable Corée

 

Les protestations coréennes à la seconde confèrence de LA HAYE (1907), les soulèvements populaires, l'assassinat du prince ITO (1909) ne permirent pas de modifier la situation. Par un traité signé le 28 Août 1910, la CORÉE était annexée et devenait une colonie japonaise. La manière forte fut aussitot employée par les Japonais pour réduire le Pays. Les arrestations, les brimades et l'oppression soulevèrent la colère des Coréens et le 1er Mars 1919, toutes les tendances intellectuelles s'unirent pour publier une "Déclaration d'Indépendance", se réclamant de la proclamation du Président WILSON sur le droit des peuples à disposer d'eux mêmes. La répression fut extrêmement brutale et on estime que cette année là 7.000 personnes furent tuées (13) dont un grand nombre torturées selon des méthodes "raffinées", 15.000 blessées et plus de 40.000 jetées en prison.

Transformés en ilotes sous le joug japonais, les Coréens allaient forger dans la douleur extrême leur conscience nationale. Le gouvernement général japonais à Séoul cherchait surtout à exploiter économiquement la Corée. Les paysans et pêcheurs japonais furent encouragés à émigrer en Corée, où leur étaient attribuées des terres, gratuitement ou à très bas prix. Tandis que les Japonais prospèraient grâce aux ressources coréennes, les conditions de vie se détèrioraient de façon dramatique pour la population autochtone. C'est pourquoi des centaines de milliers de paysans coréens chassés de leurs terres abandonnèrent leurs fermes pour partir en Mandchourie, ou même au Japon, où leur vie ne se révèla pas meilleure pour autant.

La Résistance ayant de plus en plus de mal à s'organiser à l'intèrieur ne tarda pas à s'exercer hors des frontières. C'est ainsi que le 17 Mars 1919, un Gouvernement Provisoire en exil fut formé dans la concession française de CHANGHAÏ avec, à sa tête, SYGMAN RHEE (YI SEUNG MAN). Certains Coréens gagnèrent la Mandchourie, où ils formèrent de petits commandos, la plupart contrôlés par les Communistes sous l'autorité de KIM IL SUNG (GIM IL SEONG) qui lancèrent des raids en territoire coréen ou harcelèrent les colonies japonaises en Mandchourie, mais furent surtout employés par les Communistes dans leur lutte contre les Nationalistes. D'autres préférèrent rejoindre les troupes du KUOMINTANG pour lutter contre les Japonais.

 

(13) L'indomptable CORÉE secrèta sa propre "Jeanne d'Arc", héroïne du mouvement d'indépendance de Mars 1919: YU GWAN SUN. Ayant soulevé le peuple dans plusieurs villages, elle fut capturée par les Japonais, et coupée en trois par le sabre...

 

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La lutte pour la Liberté au terrible prix de la partition

 

L'ensemble de cette résistance était suffisamment étoffée pour que les puissances participantes à la Conférence du CAIRE (1943) reconnussent à la vaillante et persévérante CORÉE le droit d'être libre et indépendante. À la Conférence de POSTDAM (1945), il fut décidé qu'un trusteeship des quatre grands, CHINE, ÉTATS-UNIS, GRANDE BRETAGNE, U.R.S.S., serait le meilleur garant de l'indépendance coréenne. Mais peu après, les ÉTATS-UNIS et l'URSS décidèrent que leurs armées respectives se chargeraient de désarmer les troupes japonaises. La partition de la CORÉE se dessinait et les conditions d'un nouveau conflit étaient réunies...

La péninsule coréenne qui avait été dirigée par un gouvernement unique depuis le VIIe siècle, se retrouvait tragiquement divisée en deux du fait de la rivalité des grandes puissances. Conformèment aux accords secrets de Yalta, l'Union Soviètique reçut le droit de désarmer les troupes japonaises dans la moitiè septentrionale en "récompense" de son entrée en guerre, tardive, contre le Japon. Les États Unis proposèrent très arbitrairement de faire du 38ème parallèle la ligne de partage. Le Comité conjoint américano-soviètique échoua dans sa tentative d'établir un accord sur l'indépendance de la Corée. La question fut donc portée devant l'Assemblée générale des Nations Unies en 1947 et une résolution fut adoptée en faveur de la tenue immédiate d'élections génèrales destinées à assurer l'indépendance et l'unification. L'URSS s'opposa à l'entrée des délègués des Nations Unies dans le Nord ou fut établi un régime communiste totalitaire. Des élections eurent lieu en Corée du Sud sous le contrôle de l'ONU, et la République de Corée, dotée d'un système présidentiel démocratique, fut officiellement formée en 1948.(ANNEXE I)

Le 25 Juin 1950, les Communistes du Nord, sous la direction de KIM IL-SUNG, déclenchèrent inopinèment l'invasion du Sud. Les maigres troupes du Sud équipées légèrement, n'étaient pas en mesure de tenir face aux lourds moyens d'origine soviètique mis en oeuvre par leurs agresseurs. SÉOUL tomba en trois jours et presque toute la Corée fut occupée en un mois, à l'exception d'une petite zone baptisée "Périmètre de PUSAN". L'Assemblée Génèrale de l'ONU décida immédiatement d'envoyer des troupes pour soutenir le Sud. Principalement américaines, et placées sous le commandement du Genèral Douglas MAC ARTHUR, elles eurent tôt fait d'inverser la tendance prise par le conflit. Quelques unités ayant atteint la frontière Nord avec la Chine le long du fleuve YALU, l'unification semblait enfin être sur le point de se réaliser. C'est alors que les Chinois intervinrent massivement, obligeant les forces des Nations Unies à battre en retraite. Des combats acharnés qui mirent à mal l'armée chinoise, se poursuivirent jusqu'à ce que l'armistice soit enfin signé le 27 Juillet 1953. La guerre engendra de part et d'autre la méfiance, l'hostilité et la haine. La division prolongée a depuis lors intensifié les divisions idéologiques et culturelles. Des millions de gens furent séparés par la partition territoriale ou du fait de la guerre, et il n'exista pour longtemps, aucun moyen pour eux d'obtenir des nouvelles des leurs, restés de l'autre côté de la Zone démilitarisée.

 

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Naissance et rayonnement d'une Démocratie avancée au Sud.

Vers la tant désirée réunification...?

 

La République de Corée, au Sud, croit que la réunification doit être réalisée de manière à reflèter les aspirations des 70 millions de Coréens. Sa politique en la matière vise donc à promouvoir des idéaux d'indépendance, de démocratie et de paix, en contraste avec les projets Nord-coréens d'unifier la péninsule sous un régime communiste par la force. Après bien des efforts et des concessions mutuelles au niveau d'un "Comité de coordination Nord-Sud" longtemps inopèrant, des commencements de résultats ont commencé à apparaître en 1981 sous les appels inlassablement répètés du Président CHUN DOO-HWAN (avènement de la Vème République) et, en Septembre 1984, après une interruption de 12 ans, des contacts commencèrent à reprendre entre Croix-Rouge du Nord et du Sud, suivis d'une amorce de dialogue en matière de commerce et d'économie.

Les Communistes du Nord soufflèrent tantôt le chaud, tantôt le froid mais la machine était lancée et, après huit rencontres préliminaires à haut niveau, une première série de conférences pu débuter le 4 Septembre 1990 à SÉOUL et se tenir ensuite régulièrement alternativement à PYONG YANG et à SÉOUL avec, chaque fois à sa tête les Présidents respectifs du Nord et du Sud. Trois accords furent successivement conclus: l'Accord sur la Réconciliation, sur la Non-Agression, les Échanges et la coopération.

Toutefois ces progrés furent mis à dure épreuve quand la Corée du Nord, après avoir refusé de se soumettre aux inspections convenues de l'Agence Internationale de l'Énergie Nucléaire, annonça son retrait du traité de non prolifération nucléaire le 12 Mars 1993, portant ainsi la question du nucléaire nord-coréen au niveau international et provoquant une tension soudaine en Asie du Nord Est et dans la Communauté mondiale. Le Conseil de Sécurité de l'ONU demanda à la Corée du Nord de résoudre sa question du nucléaire, et après des efforts considérables, WASHINGTON et SÉOUL réussirent à persuader PYONGYANG de signer, le 22 Octobre 1994, à GENÈVE, un accord cadre, maintenant regardé comme une mesure clé susceptible de créer un climat favorable à la coopération entre les deux pays et à l'ouverture de la Corée du Nord au monde extèrieur.

Le P.N.B. était de 328,7 milliards de dollars en 1993 en République de Corée, soit 7.466 dollars par habitant, alors qu'en Corée du Nord il était de 20,5 milliards de dollars soit 943 dollars par habitant. La part des dépenses militaires dans le PNB représentait 27,4% du budget pour la Corée du Nord en 1993 (soit le plus gros pourcentage de consacré à la défense au monde après Israël) contre 3,5% pour la Corée du Sud. 

Depuis qu'elle s'est engagée résolument, en 1962, dans la voie du développement, l'économie de la République de Corée a connu l'une des croissances les plus accélérées du monde. En moins de trois décennies, de 1962 à 1995, son P.N.B. est passé de 2,3 à 451,7 milliards de dollars. Par habitant, en prix courant, ce PNB se haussait de 87 à 10.076 dollars (14). La clef de ce succès fut l'adoption d'une stratègie de développement tournée vers l'extèrieur, qui faisait des exportations le moteur de la croissance, en s'appuyant sur une main d'oeuvre abondante, instruite et travailleuse. En 1963 (deuxième année du premier plan quinquennal) le taux de chômage s'élevait à 8,2%, tandis que 7,7 millions de personnes disposaient d'un emploi, les ruraux comptant pour 63% de ce chiffre. Le taux de chômage en 1994 tombait à 2,4%, le pourcentage de personnes travaillant dans les mines et les usines étant de 23,9%, les services en employant 62,5%. Quant à l'agriculture, aux forêts et à la pêche, elles ne regroupaient plus que 13,6% des travailleurs, le tiers de ce qu'elles occupaient au début des années 60.

(14) P.N.B. Produit National Brut , à comparer à celui de la Chine Populaire au décès de DENG XIAOPING, évalué par la Banque Mondiale à 1.800 dollars "per capita" avec des disparités considèrables. (Selon Xavier Gange, L'EXPRESS 20.2.97)

 

La République de Corée, depuis sa fondation en 1948, a compté les présidents suivants :

SYGMAN RHEE de 1948 à 1960;
YUN PO-SON Août 1960-Mai 1961;
PARK CHUNG-HEE de 1963 à Octobre 1979;
CHOI KYU-HAH Octobre 1979 à Août 1980;
CHUN DOO-HWAN Août 1980 à Fèvrier 1988;
ROH TAE-WOO Fèvrier 1988 à Fèvrier 1993;
KIM YOUNG-SAM Février 1993 à Décembre 1997,
élu sur un programme de construction d'une "nouvelle Corée" par les réformes et le changement.

C'est en Décembre 1997 que l'actuel président, KIM DAE-JUNG a été à son tour élu, alors que le pays était frappé de plein fouet par la crise financière sans précédent qui ébranlait ses partenaires asiatiques. "Le nouveau gouvernement a aussitôt résolument relevé les défis et, pour aboutir à la situation encourageante d'aujourd'hui (début 2000), il a fondé sa politique de réforme sur le respect de sa philosophie politique, à savoir la démocratie et l'économie de marché, en adoptant les quatre principes suivants :

* dans le secteur public, la réduction des effectifs de la fonction publique rendant le gouvernement plus efficace et économe ;

* au niveau des institutions financières, la fermeture des banques défaillantes et le renforcement de ligne de crédit par le moyen de la hausse de solvabilité ;

* concernant les grandes entreprises, la restructuration des Chaebols (grands conglomérats) et l'harmonisation des relations tripartites (entre le Gouvernement, les chefs d'entreprises et les travailleurs représentés par les syndicats) afin d'amorcer un vrai dialogue social ;

* enfin l'établissement de la souplesse du marché du travail.

Après bientôt deux ans au pouvoir, le gouvernement de Kim Dae-jung peut dresser un bilan positif en restant vigilant à la restructuration des grandes entreprises (Chaebols). Certes la tâche est ambitieuse et difficile, mais c'est grâce à la poursuite rigoureuse de ces quatre principes primordiaux reflétant ses convictions personnelles, que le président Kim a réussi à rectifier les erreurs commises dans le passé, en particulier le manque de consistance de la politique vis-à-vis de la Corée du Nord et de l'économie, et à réaliser une réforme profonde et complète." (d'après S.E. KWON IN-YUK, ambassadeur de la République de Corée en France: voir "Dossier")

NOTE sur le Président KIM Dae-jung:

 

Le Président KIM Dae-jung parlant à la tribune des Nations-Unies

KIM Dae-jung est né en 1925 dans la Province du Cholla du Sud, à l'époque une des plus pauvres du pays. Son élection couronne une carrière plotique menée au service de la démocratie et des droits de l'homme ce qui lui valut beaucoup d'ennui de la part des premiers régimes militaires de la République de Corée. Il fut l'objet de deux tentatives d'assassinat de la part des services de sécurité sud-coréens en 1971 et 1973. Il a été condamné à mort à deux reprises, une première fois en 1950 lors de l'occupation de son pays par les troupes communistes venues de Pyongyang, puis de nouveau, à la suite des émeutes de Kwangju, dans sa région natale, en mai 1980. Il aura passé au total six ans en prison, a été assigné à résidence pendant sept ans et a vécu en exil aux États-Unis pendant 26 mois (jusqu'en 1985).

Champion de la démocratie et des droits de l'homme, ce chrétien fervent bénéficie dans son pays d'une grande autorité morale. Il a déclaré qu'il n'avait jamais douté de l'avènement définitif de la démocratie en Corée quoiqu'il ne pensait pas la voir vraiment triompher de son vivant:

"Ceux qui se battent pour la liberté, la justice et dans l'intérérêt de leur peuple, ceux-là n'échouent jamais. Seuls ceux qui persécutent sont balayés par le vent de l'Histoire"

Les principaux personnages, sources d'inspiration préférées de KIM Dae-jung seraient, déclare-t-il: "d'abord Jésus-Christ. Ensuite, Chun Bong-jun, un leader révolutionnaire coréen du XIXe siècle, qui mobilisa plusieurs centaines de milliers de fermiers contre le féodalisme et les occupants impérialistes japonais. Enfin, j'admire Abraham Lincoln, pour son esprit de tolérance et son sens du pardon envers ceux du Sud, au lendemain de la guerre de Sécession. Il a été beaucoup critiqué pour cette bonté d'âme par ses propres partisans. Quant à moi, c'est l'influence de Lincoln qui m'a permis de pardonner aux anciens présidents Chun Doo-hwan et Roh Tae-woo, qui ont tenté de me faire assassiner".

Dans ses écrits de prison, KIM Dae-jung a quelques fois comparé son sort à celui de Jésus-Christ et il n'hésite pas à affirmer que c'est sa foi religieuse qui lui donne, à 75 ans en 2000, l'énergie et le désir de poursuivre de poursuivre son combat politique: "J'entends favoriser une vraie démocratie participative. Le peuple devra bénéficier équitablement de l'enrichissement national. Le niveau d'éducation est élevé en Corée. À l'avenir, les technologies modernes doivent permettre à chacun de communiquer directement avec le gouvernement. En matière économique, mon programme est résolument libéral. Nous sommes décidés à poursuivre activement la mondialisation de notre économie. Nous devons participer à ce mouvement qui nous amènera à ouvrir plus largement la porte aux investisseurs étrangers."

(D'après des extraits de propos de Kim Dae-jung recueillis par Marc Epstein, l'Express, 9/4/1998)

 

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ANNEXE I

 

La Constitution

La première Constitution fut adoptée par le Parlement le 12 Juillet 1948, puis promulguée le 17 du même mois. Le nom officiel de la Nation TAEHAN MINGUK (la République de Corée), fut choisi lors de la première session de l'Assemblée, le 31 Mai 1948, qui suivit les élections générales du 10 Mai supervisées par l'O.N.U.

Une fois la Constitution adoptée et promulguée, le Président fut élu et un Gouvernement formé sur la base du principe de la démocratie libérale, et le 15 Août de la même année, la Nation fut proclamée au monde.

La République de Corée jouit d'une forme de gouvernement démocratique basée sur la séparation des pouvoirs et sur un système d'équilibre de ces pouvoirs. La souveraineté réside dans le peuple, duquel provient toute autorité étatique. Les droits fondamentaux du peuple à la liberté, à la participation aux affaires publiques ainsi qu'à la jouissance de leurs bénéfices sont garantis par la Constitution qui prévoit, par ailleurs, l'indépendance des trois pouvoirs, éxécutif, législatif et judiciare, afin de protèger au mieux les droits et les libertés.

La Constitution prescrit un régime présidentiel conçu pour asseoir un pouvoir fort et stable fondé sur le mandat du peuple. La liberté individuelle est pleinement garantie pour tous les citoyens, comme le sont les libertés d'expression, de presse, de réunion et d'association. La Constitution favorise une atmosphère d'unité et d'harmonie nationales, et se donne pour but la réunification des deux Corées.

La Constitution garantit le droit à l'égalité devant la loi sans considération du sexe, de la religion ni du statut social; à la liberté contre toute arrestation arbitraire; et à la liberté de résidence. Elle reconnaît également les droits économiques tels que le droit de proprièté, le droit ainsi que le devoir de travailler, la liberté de choisir un métier, et le droit à une convention collective de travail. Sont aussi explicitement soulignés le droit au bonheur, au meilleur salaire à une juste rémunèration et au respect de la vie privée.

 

Le Drapeau coréen

  Le drapeau coréen, le TAEGUKKI, tire son nom de Taeguk, le cercle qui se trouve en son centre.

Le Taeguk est divisé en deux parties égales parfaitement équilibrées. La partie supérieure de couleur rouge représente le YANG, et la partie inférieure de couleur bleue, le YIN. Tous deux symbolisent une conception ancienne de l'univers, constitué de forces opposées et complémentaire qui expriment à la fois la dualité du cosmos et son équilibre harmonieux: feu et eau, jour et nuit, obscurité et lumière, construction et destruction, masculin et féminin, actif et passif, froid et chaud, plus et moins, etc. Les trois barres situées au quatre coins du drapeau expriment aussi l'idée d'opposition et d'équilibre.

Les trois barres pleines représentent le ciel; à l'opposé les trois barres brisées représentent la terre. En bas à gauche, une barre brisée entre deux barres pleines symbolise le feu; et en haut à droite, diagonalement opposé, c'est le symbole de l'eau. Le fond blanc symbolise la pureté du peuple coréen et son amour de la Paix. L'ensemble exprime le développement éternel de l'idéal du peuple coréen en harmonie avec l'univers.

 

L' HYMNE NATIONAL CORÉEN 

 

Mugunghwa (hibiscus) , la fleur nationale (cliquez sur celle-ci pour la musique)

Entre Juillet et Octobre, les mugunghwa fleurissent en abondance et embellissent tout le pays. Le mot "mugung" signifie "immortalité" et "hwa" signifie "fleur", donc il s'agit d'une fleur symbolisant l'immortalité, la détermination et la persévérance du peuple Coréen.
 
1. Jusqu'à ce que s'assèche la Mer de l'Est et que le Mont Paektu s'use
Que le Ciel veille sur notre Pays à jamais. Que vive la Corée!
 
Refrain:
Des hibiscus sur trois mille li, de fleuves et de montagnes splendides
Protégée par son Peuple, que vive à jamais la Corée!
 
2. Comme le pin cuirassé du Mont Nam
Qui monte la garde imperturbable
Dans le vent et le froid, que notre volonté soit sans faille!
 
3. Que la lune d'automne rayonnante
Sur la voûte céleste, cristalline et d'un bleu sans nuage
Soit notre âme, fidèle et vraie.
 
4. Avec cette volonté et cet esprit, cette loyauté et cette force
Aimons la, dans la peine et dans la joie, elle, notre Patrie chérie!
 
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ANNEXE II

 

Jours Fèriés
1er Janvier, Jour de l'An
En général cette fête est célèbrée les deux premiers jours de l'année.
Premier jour du premier mois lunaire, Sõl, Sollal
Ce jour, connu aussi sous le nom de Jour de l'An lunaire, est célèbré en famille par des rites honorant les ancêtres, des plats spèciaux et des jeux traditionnels. À cette occasion, on observe trois jours fériés nationaux.
1er Mars, Jour du Mouvement d'Indépendance
Les Coréens célèbrent l'anniversaire de l'éclatement, dans tout le pays, du Mouvement d'Indépendance du 1er Mars 1919 contre le gouvernement colonial japonais.
5 Avril, Jour de l'Arbre
Ce jour là, des officiels du gouvernement, des professeurs, des écoliers et des milliers de Coréens à travers le pays plantent des arbres .
5 Mai, Jour des Enfants
Ce jour est fêté avec divers programmes pour les enfants qui en profitent au maximum avec leurs parents.
Huitième jour du quatrième mois lunaire: Anniversaire du Boudha
Des rites solennels ont lieu dans les temples boudhiques, et les festivités du jour culminent avec une procession de lampions.
6 Juin, Jour commémoratif des Morts au Champ d'Honneur
Ce jour là, la Nation rend hommage aux Morts des guerres. Des cérémonies ont lieu au Cimetière National.
17 Juillet, Jour de la Constitution
Ce jour commémore la promulgation de la Constitution de la République de Corée en 1948.
15 Août, Jour de la Libèration
Ce jour là, en 1945, la Corée fut libèrée du joug du Japon, au terme de 35 années de colonisation.
Ce jour marque également la fondation de la République de Corée en 1948.
Quinzième jour du huitième mois lunaire: Chusõk
Chusõk ou Fête de la Moisson. Une des plus grandes fêtes de l'année. Les familles se réunissent autour d'un grand repas et se rendent sur les tombes de leurs ancêtres. Le spectacle de la pleine lune est le point culminant de la soirée et on fait des vœux.
3 Octobre, Jour de la Fondation de la Nation
Ce jour marque l'anniversaire de la fondation de la Corée par TAN'GUN, en 2333 avant Jésus-Christ
25 Décembre, Noël
Que l'on soit Chrétien ou non, tout le monde fête Noël, comme en Occident.

 

La Sainte Famille vue par un artiste coréen

Peinture sur soie, collection Gérard JOURNET (vétéran BF/ONU). Photo G.J. (DR) Don du Père FROMENTOUX, des Missions Étrangères de Paris, novembre 1958

 

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ANNEXE III

 

Probablement à cause de leur ancienne tradition agricole et de leurs racines Confucéennes, les Coréens accordent une très grande importance aux arts de la table et à l'étiquette, et ils ont des plats spécifiques pour chaque saison ou fête.

 

Au Pays du Matin Calme, il existe de nombreux proverbes en rapport avec l'alimentation: ceci est probablement du à l'extrême variètés des préparations culinaires. Par exemple, il existe de très grandes et très subtiles déclinaisons du "Kimch'i", plat national largement popularisé en Occident grâce à des évènements au retentissement international tels que les "Les Jeux Olympiques de SÉOUL" en 1988

 

Kimch'i

Le Kimch'i est un plat d'accompagnement traditionnel à base de légumes, présent à chaque repas coréen. C'est une fermentation spéciale qui donne aux légumes employés cette saveur unique, agrémentés de poissons salés et d'épices. Le Kimch'i peut se conserver. Son goût relevé et épicé stimule l'appétit. C'est un met très nutritif, riche en vitamines, en acide lactique et en sels minéraux, élèments faisant souvent défaut dans l'alimentation hivernale.

On peut retrouver l'histoire de préparations de légumes salés et vinaigrés sur une période de mille années, et l'apparition du Kimch'i au piment rouge remonte au XVIIe siècle. L'introduction du piment rouge dans la marinade a été un événement d'importance dans la cuisine coréenne: celà a conduit a une méthode fiable de conservation de la préparation légumes-poissons et a fait que le Kimch'i est devenu au fil du temps, le plat de base des Coréens.

De nos jours, il existe un très grand nombre de kimch'i au goût très diffèrent. En fait, on a dénombré plus de cent méthodes de préparation, utilisant des marinades de compositions diverses. Voici une énumération succinte des kimch'i les plus représentatifs:

T'ong baeech'u Kimch'i : choucroute de choux juste coupés en deux, farcis d'épices entre chaque feuille.
Possam Kimch'i : fruits de mer comme pieuvre, crevettes et huîtres, enveloppés de feuilles de choux et marinés.
Paek Kimch'i : sorte de kimch'i moins aqueux, plus relevé, contenant plus de poisson mariné et de piment, consommé principalement dans le Sud.
Avec le jus, on prépare du vermicelle en hiver.
Oisobaegi : avec des concombres farcis d'épices et marinés.
Kkatugi : aux radis blancs coupés en cubes et marinés.
Ch'onggak Kimch'i : aux petits radis blancs marinés et aux anchois.
Tongch'imi : aux radis blancs roulés dans le sel, et pressés avec leurs feuilles.
Nabak Kimch'i : avec des piments verts et rouges, entiers; ce qui donne un goût plus doux. Consommer réfrigéré.
 
 

 

L'Étiquette

Dans les temps anciens, les Coréens mangeaient seuls à leur table basse, sans parler, mais, à notre époque, ils préfèrent la convivialité des tables communes où l'on peut pratiquer de plaisantes conversations.

Si vous vous trouvez à table avec des Aînés, vous devez attendre pour manger qu'ils aient eux-mêmes commencé. De même, il serait discourtois que vous quittiez la table avant qu'ils aient terminé leur repas.

Vous devez manger le riz et la soupe avec une cuillère et les plats d'accompagnement (couramment douze, servis en même temps..) avec les baguettes. Vous ne devez pas utiliser en même temps cuillère et baguettes.

Vous ne devez pas tenir bols ou assiettes à la main. Après avoir fini de manger, il convient de remettre cuillère et baguettes dans la disposition où elles ont été trouvées.

 

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ANNEXE IV

 

Les Religions 

La liberté de religion est garantie par la Constitution et les principales religions du monde sont actives en Corée. Les plus anciennes religions de Corée sont le chamanisme, le boudhisme et le confucianisme. Selon des statistiques de 1994, près de 50% des Coréens ont une foi religieuse spécifique

 

Le Chamanisme

Le culte des esprits ou de la nature est la plus ancienne croyance de Corée dont l'origine se perd dans la nuit des temps. Le chamanisme coréen englobe le culte de milliers d'esprits bons ou bien démoniaques, qui, selon la croyance, habitent chaque élèment de la nature, arbres, rochers, montagnes, cours d'eau aussi bien que corps célestes. Le chaman (mudang) , qui est presque toujours une femme, est supposé résoudre les conflits et apaiser les tensions qui existent entre les vivants et les morts. Cette croyance existe encore aujourd'hui pour quelques uns en Corée. Pour la génération moderne, le chamanisme constitue plutôt un ingrèdient artistique et pittoresque de la culture.

 

Le Boudhisme

Cette religion hautement philosophique met l'accent sur le salut personnel par le renoncement aux désirs terrestres afin de faire cesser le cycle interminable des réincarnations et de permettre ainsi à l'âme de celui qui s'est éveillé d'entrer dans le Nirvana. C'est le type de boudhisme appelé Mahayana ou Grand Véhicule, qui fut introduit en Corée au IVe siècle, par l'intermédiaire de missionnaire venus d'Inde et de Chine. Lorsque SHILLA unifia la péninsule en 668, le boudhisme devint religion d'État, bien qu'il gouverna selon des principes confucéens. Ce qui entraîna un magnifique développement des arts et de l'architecture grace aux temples. KORYO, qui succèda à SHILLA se montra encore plus enthousiste, mais de nombreux moines devinrent politiciens et courtisans. Certains étaient corrompus, ce qui contribua au déclin du royaume. Lorsque le Général YI SEONG-GYE prit de force le destin du royaume en 1392, il bannit tout influence du boudhisme sur le gouvernement et adopta les enseignements du confucianisme comme principe directeur. Au cours des cinq siècles de dynastie des YI (Choson), toute tentative pour le renouveau du boudhisme rencontra une forte opposition de la part des lettrés. Après qu'ils eurent colonisé la Corée en 1910, les Japonais tentèrent d'assimiler les sectes boudhiques coréennes à celle du Japon, mais échouèrent. On assiste actuellement à une renaissance du boudhisme qui s'efforce de s'adapter aux changements de la socièté industrielle moderne.Certains moines ont aussi renoncé, sous l'influence japonaise, à la longue tradition du vœu de célibat.

Il y aurait en Corée (1994) 10.847.000 boudhistes, soit 48,9% de la population pratiquant une religion.

 

Le Confucianisme

La pensée de Confucius ne comporte aucune réfèrence au surnaturel, sinon à un ordre divin impersonnel, le Ciel, qui n'interviendrait pas dans les affaires humaines, du moins aussi longtemps que prévaudraient sur terre un ordre relatif et un bon gouvernement. Mais avec le temps le Sage, et ses principaux disciples, furent canonisés par leurs successeurs en manque de prestige sur les gens du peuple sans instruction. Avec la dynastie des YI (ou Choson), le confucianisme connut l'âge d'or de la renaissance en Corée, et engloba tout un système (performant) d'éducation, de rituels et d'organisation civile. Aujourd'hui encore, les Coréens dans leur ensemble restent imprègnés des enseignements confucianistes dans leurs coutumes, habitudes et schémas de pensée.

Il y aurait toujours 170.000 confucianistes (1994), soit 0,8% de la population croyante.

 

Le Christianisme

C'est au XVIIe siècle que la vague d'activité missionnaire catholique atteignit la Corée, venant de Chine. Outre la doctrine religieuse, ces activités véhiculaient les sciences occidentales, attirant l'attention du mouvement SIRHAG, école du pragmatisme. Mais aucun prêtre n'entra en Corée avant 1785, avant qu'un jésuite ne s'y introduisit clandestinement, baptisant et ordonnant des prêtres coréens.. Le nombre de convertis ne cessa d'augmenter bien que la propagation d'une religion étrangère fut contraire à la loi et qu'il eût des persécutions sporadiques jusqu'en 1863, date à laquelle un prince régent xénophobe durcit considèrablement ces persécutions jusqu'en 1876. En 1925, 79 Coréens martyrisés durant la dynastie Choson furent béatifiés en la basilique SAINT PIERRE de ROME. Durant et après la guerre de Corée (1950-1953) le nombre d'organisations de secours catholiques et de missionnaires augmenta considérablement. L'église catholique romaine coréenne se développa rapidement et sa hiérarchie fut établie en 1962. Même si la croissance du catholicisme s'est ralentie, elle fit de la Corée le quatrième pays au monde par le nombre de ses saints.

Elle compte 2.623.000 pratiquants (1994) soit 11,8% de la population religieuse.

Des missionnaires protestants de toutes communautés commencèrent à affluer en Corée à l'ouverture de ses ports au XIXe siècle, porteurs de connaissances modernes dans de nombreux domaines. Les missionnaires firent en sorte que de nombreux jeunes dirigeants potentiels coréens puissent poursuivre leurs études à l'étranger et les aidèrent dans leur résistance patriotique contre les Japonais. Depuis la guerre de Corée, les Églises protestantes ont connu un tel développement que l'on comptait 159 dénominations en Corée en 1992, présbytèriens et méthodistes étant les plus nombreux.

Les écoles protestantes privées comme les institutions supérieures, dont l'actuelle Université Yonseï et l'Université Féminine d'Ewha, ont largement contribué à améliorer l'esprit national. L'Association des Jeunes Chrétiens de Séoul (YMCA) fut fondée en 1903 en même temps que d'autres organisations chrétiennes

On dénombrait 8.090.000 protestants en 1994, soit 36,5% de la population croyante.

 

Le Chondogyo

Il y a plus de 240 religions dites nouvelles en Corée, dont certaines dominantes, et d'autres confidentielles. Elles se caractèrisent par leur syncrétisme religieux, chacune vénèrant un chef ou un sauveur divin diffèrent. La plupart de ces croyances ont une éthique confucéenne, des rites de type boudhique et suivent des pratiques empruntées au taoïsme. Les leaders de ces mouvements religieux jouèrent un rôle important dans les campagnes anti japonaise pendant la période coloniale.

 

L'Islam

Les premiers Coréens a avoir été en contact avec l'islam à l'époque moderne furent ceux qui émigrèrent en Mandchourie au début du XXe siècle, fuyant l'oppression japonaise. Les convertis ne disposèrent d'aucun lieu de culte jusqu'à l'arrivée des troupes turques avec les forces des Nations Unies pendant la guerre de Corée, qui leur permirent de se joindre à leurs services religieux. Le premier imam fut élu en septembre 1955. La Société islamique coréenne fut élargie et réorganisée en Fédération musulmane de Corée en 1967, une mosquée centrale fut inaugurée à SÉOUL en 1976.

On compte environ 20.000 musulmans en Corée.

 

 

 
 

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